Cannibal Holocaust 8.5/10Le père des found footage n’a rien perdu de sa vigueur. Expurgé de son aura sulfureuse, Cannibal Holocaust reste un bon gros pavé égratignant fortement l’homme et son irascible besoin de sensationnalisme morbide. Pour parvenir à faire passer son message, Deodato ne se met donc aucune limite. Souvent décrié pour son abattage de tripailles, le film fait bien plus mal lorsqu’ il s’attarde sur le cheminement psychologique de ces 4 jeunes explorateurs portés disparus. La structure du film permet de progressivement avancer vers une horreur bien ancrée dans le réel. Le fantasme du cannibale basique reste présent dans les esprits mais va petit à petit laisser place à quelque chose de bien plus profond et nauséeux. La première partie se focalise donc sur l’expédition de sauvetage. Propre, bien cadrée, elle ressemble plus à une étude anthropologique teintée d’humour léger, de scénettes coquines et de musique guillerette. Mais une fois la vidéo retrouvée, le réalisateur fonce tête baissée et va balancer son contenu cradingue. Le ton change radicalement à l’image d’un étalage de bêtise humaine toujours plus extrême. Viol, éviscération, empalement et cannibalisme hardcore, rien ne sera épargné. Nous devenons spectateur privilégié de tranches de vie barbares. Mais Deaodato se fend simplement d’une analyse factuelle, la crudité des images nous étant balancée à la figure. Après, à nous d’en être seuls juges. Racoleur, sensationnel, réaliste, censé, les commentaires se bousculent mais on ne pourra jamais contester la vraie nature du film. Celle de montrer une fange extrême du journalisme couplée à ce besoin de sordide que nous cachons tous au fond de nous. Au-delà même des exactions bien dégueux, le film me tétanise surtout par ses personnages (la séquence du viol est vraiment charnière !) mais aussi par la musique de Riz Ortolani. Stressante au possible, elle est l’un des éléments moteur de la réussite viscérale du film.
Finalement bien plus profond que sa vulgaire réputation de vrai faux snuff movie, Cannibal Holocaust questionne, passionne et terrifie à la fois. A mon sens, Deodato a été crucifié en place publique pour de mauvaises raisons. Le poids des images ainsi que quelques débordements animaliers auront eu raison du drame horrifique qu’il a toujours voulu proposer.
Le moment ou tout bascule!