Le Territoire des loups (The Grey), Joe Carnahan, 2012
Petite déception pour ce film dont j'attendais beaucoup, mais qui, en dépit de solides qualités de mise en scène, présente trop de défauts que pour s'imposer en véritable référence du genre.
Ça démarrait pourtant bien, le début est particulièrement intense, qu'il s'agisse de la mise en place du personnage de Neeson et son trauma, ou du crash vraiment éprouvant (je ne me souviens pas avoir vu souvent des crashs aériens aussi crédibles au ciné, on s'y croirait), les 20 premières minutes sont pour moi une véritable réussite, et annoncent un survival de haute volée. Malheureusement, dès l'introduction des loups, mon enthousiasme est retombé, la faute à des CGI qui laissent trop apparaitre le caractère artificiel des vilaines bébêtes. Pour moi c'est rédhibitoire : ces loups font faux, j'ai l'impression de voir des monstres sortis d'un film fantastique (sans parler de leur comportement), du coup je ne parviens plus à garder le contact avec le caractère survival réaliste du film. Surtout que pratiquement tout est axé sur eux, certes le froid polaire et le relief du terrain (la scène du ravin) viennent également mettre des bâtons dans les roues de la petite troupe, mais à la limite on ne ressent pas tellement ces dangers tant le film fait tout pour nous souligner que les loups sont la menace N°1. C'est le sujet du film vous me direz mais j'aurais aimé que tout ne tourne pas autour de ça non plus, dans
The Descent par exemple les monstres n'interviennent qu'à la moitié du film, auparavant les personnages en chient déjà bien à cause de leur environnement.
Autre problème, si le scénario ne casse pas des briques mais reste efficace compte tenu du genre, il y a en revanche de gros soucis d'écriture au niveau des personnages. C'est bien simple, on se croirait presque dans
Prometheus tant les personnages sont développés à la truelle, bien stéréotypés et dont les réactions sont tout sauf crédibles compte tenu des circonstances. Passons sur le blaireau de service qui se fait finalement zigouiller assez rapidement, en revanche j'ai halluciné devant le personnage campé par Frank Grillo, dans le genre gros con aux réactions vaaaachement crédibles il fait fort (la scène autour du feu, j'ai halluciné tellement j'ai trouvé ça pathétique). Il n'y a guère que Liam Neeson qui tire son épingle du jeu, normal son personnage est le seul qui ait bénéficié d'un certain soin (le traitement de son trauma est particulièrement réussi, ça reste évasif -à aucun moment il n'en fait part aux autres- mais on perçoit vraiment à quel point le personnage est profondément marqué par ce drame). Les autres, ce sont des pions à sacrifier, on ne s'attache tout simplement pas à eux (ce qui est pour moi un GROS défaut dans un survival).
Alors, restent évidemment un certain nombre de qualités. Outre le début très intense et réussi, je retiens une réalisation très soignée, avec une photo vraiment magnifique (c'est l'un des premiers films que j'ai visionné sur mon nouveau Panasonic ST60, et franchement j'en ai pris plein les yeux, d'autant que le BR est magnifique
). Neeson, comme je l'ai dit, est vraiment bon dans ce film, et j'irais même jusqu'à dire qu'il le porte littéralement sur ses épaules, à la fois par son charisme et sa présence physique (c'était vraiment l'acteur parfait pour ce rôle, d'autant que vu qu'il a lui-même perdu sa femme il y a quelques années, on le sent vraiment proche de son personnage).
Bref, un film plaisant, mais décevant compte tenu du potentiel.
6.5/10