Rollerball
de Norman Jewison (1975)
Revoyure pour ce film d'anticipation de presque 40 ans d'âge, que je n'avais pas maté depuis très longtemps, et objet d'un remake à la sale réputation que je n'ai jamais vu.
Plutôt déçu dans l'ensemble. Si le film s'ouvre sur un match assez intéressant de Rollerball, l'évolution que prend le film, et la situation politique exposée ne sont pas très prenantes, et le discours qui en découle pas super pertinent.
On a donc un monde où les Etats n'existent plus, mais une domination des Corporations, sortes de grands groupes industriels qui dominent les principaux marchés: transports, énergie, alimentaire, etc... Les habitants des villes (chaque ville appartient à une de ces Corporations) sont d'après ce qui est dit plutôt choyés matériellement, mais n'ont guère de liberté. Ca ressemble vaguement à une parabole sur la communisme: tout le monde est logé à la même enseigne, mais abandonne ses libertés individuelles (culture, éducation, libre expression). Mais ici le citoyen de base n'est pas dans la misère, et c'est cette richesse matérielle qui le maintient en "esclavage". Sauf que tout ça, on en entend parler dans le film mais on ne le voit jamais. Le film se focalise uniquement sur la star du rollerball (James Caan), l'équipe et les Cadres (dirigeants des Corporations). On ne voit jamais les gens lambdas si ce n'est en supporters, on ne sait donc rien de leur vie réelle, et de la situation globale. Un peu frustrant donc, et même si le personnage de Caan est traité quasiment comme un mec ordinaire, son enquête sur le système tourne court et on en saura jamais plus.
Ensuite vient le rollerball. Le film tourne autour des trois derniers matchs de la coupe. Sport très violent de base, et qui selon le discours des Cadres sert à contrôler la populasse en leur donnant des jeux (ça fait très Romain). Mais la notoriété du joueur Jonathan E (Caan donc) ennuie les dirigeants qui y voient une menace et le poussent vers la sortie. Du jeu oui, mais pas d'idoles donc, ce qui est un peu paradoxal.
Et puis autre paradoxe, le fait que les dirigeants fassent eux-mêmes imploser le jeu en abolissant toutes règles en cours de route, transformant ainsi un sport déjà hyper-violent en une basique arêne de gladiateurs où les types s'entretuent sans jouer (la finale). On en vient à se demander qui jouera le prochain match de ces équipes si tous leurs joueurs sont morts ou à l'hôpital... Et on nous laisse entendre que les types ont signé un contrat, et étaient volontaires pour ce jeu: comment recruter de nouveaux joueurs après ça si t'es sûr de crever à ton premier match, et qu'en plus tu n'en reçois ni gloire ni richesse particulière ni liberté??
Bref ça sonne un peu faux, et pour un film d'anticipation j'ai pas trouvé la situation politique présentée ni très convaincante ni très pertinente, en tout cas pas très bien exploitée.
6/10