[Dunandan] Mes critiques en 2013

[Mark Chopper]

Tu penses à qui ? Pas à Travis Bickle, quand même ?

[Dunandan]

Non au rôle de De Niro dans Mean Streets. Mais bon ce qui est bien avec Scorsese, c'est qu'il réussit à montrer plusieurs visages à chacun de ses personnages.

[Mark Chopper]

Oui, mais dans Mean Streets, l'équilibre est trouvé avec le perso de Keitel. Là, par contre...

Je n'ai jamais trop compris son statut. Bon film, oui. Mais chef-d'oeuvre ? non.

[Dunandan]

En principe par son frère, mais "l'accident" qui a précipité sa chute, ça montre qu'il est "juste" un connard. En même temps on ne peut pas réinventer sa vie.

[Mark Chopper]

Mais si on peut : c'est du cinéma, donc une réinvention de la réalité

[Dunandan]

Le petit arpent du bon Dieu

Réalisé par Anthony Mann Avec Robert Ryan, Aldo Ray, Buddy Hackett, Buddy Hackett, Jack Lord, Fay Spain, Helen Westcott, Michael Landon Comédie dramatique, USA, 1h57 - 1958

5/10

Résumé :

Un fermier croit pouvoir trouver un vieux tas d'or enterré par son ancêtre. Avant sa recherche, il délimite un arpent de terre, sacré, pour le Bon Dieu. Dans sa course au trésor, il sera aidé par un jeune homme albinos. Autour de lui gravite une société du Sud âpre et rude. Courtisée par tous les hommes, sa belle-fille attise tous les regards.

Bizarre de passer de l'un des meilleurs films d'un réalisateur, Cote 465, à l'un de ses plus décevants (sortis l'un après l'autre la même année), la faute à une histoire qui se disperse dans tous les sens et un traitement flirtant souvent avec la caricature. Dommage car à la lumière de la conclusion, on retrouve le fond des thématiques de Mann, mais avant ça, il faut creuser longtemps comme ses personnages, car le film manque cruellement de cohésion entre ses parties. Mais il paraît que le bouquin dont ce film est l'adaptation est bien meilleur.

Le film débute comme une comédie, animée par une petite musique pleine d'entrain et les yeux délirants de folie du patriarche (Robert Ryan qui en fait des tonnes, mais au moins ses expressions exagérées m'ont tenues éveillé) qui cherche l'or de son ancêtre depuis déjà 15 ans avec l'aide de ses fils. Une vraie famille de bouseux, dont les deux femmes sont de véritables bombasses. Or une véritable petite tension sexuelle parcourt chacune de leurs présences, de manière plus ou moins suggestive (le coup de la pompe à eau ...). Jusque là ça va encore, bien qu'il soit difficile de savoir où le film nous amène. Mais ça empire avec l'arrivée du bedonnant et idiot futur shérif Pluto (quel nom ridicule) qui veut allumer l'une d'entre-elles, tandis que la seconde est l'objet de la jalousie d'un autre prétendant. Encore mieux lorsque s'installe au milieu un albinos qui possède des pouvoirs soit-disants psychiques pour trouver l'or (interprété par Michael Landon dixit La petite maison dans la niaiserie qui offre des scènes "autres", en écarquillant les yeux quand sa baguette de sourcier fonctionne), un autre qui rêve de réouvrir l'usine à laquelle il travaillait, et enfin un fils riche qui ne veut pas fréquenter sa famille car il en a honte. Bref, un joyeux bordel dont les séquences s'imbriquent mal, alternant drame social, familial, et comédie champêtre, pour finalement dévoiler ses intentions de manière balourde avec la foi pour nous dire que l'unité familiale, c'est ça le vrai trésor. A la lumière de cette conclusion, on retrouve enfin Mann vers la fin, mais que c'est long à se mettre en place pour en arriver là. Dommage car l'allusion à la croix, l'un des fils rouges de la narration (qui donne sens au titre : ne pas creuser là où elle se trouve pour ne pas être tenté de mauvaise façon), est bien pensée, il y a de jolies pépettes, et enfin il y a un bon travail sur le cadrage (normal c'est du Mann), mais c'est clairement l'un des Mann les plus faibles.

Un Mann décevant, peu maîtrisé dans la narration et bourré de ficelles grossières, qui n'éveille l'intérêt qu'au tout début et à la fin.

[Mark Chopper]

J'avais bien aimé le bouquin...

Je vais m'épargner le film.

[Logan]

Ouais je confirme le film est pas terrible et bien long.

[Dunandan]

Ouais sur les 23 films que j'ai vu, c'est le moins bon des Mann amha (c'est con car il y a du bon matériel de base, mais c'est lourdement utilisé, et les scènes s'imbriquent mal. En fait même en elles-même, peu sont réussies).

[osorojo]

Je salue ta rigueur (y compris dans la douleur) quand même Quand t'as décidé de faire le complétiste, tu le fais pas à moitié, chapeau

J'aimerais en voir plus de Mann, je pense que je prendrais ton top 10 final pour piocher dedans

[Dunandan]

D'après tout ce que j'ai vu, et voyant ce qui reste, un seul pourrait encore monter dans mon Top .

Je mate encore 3 films et j'ai fini pour le moment (Les furies, Desperate, et La chute de l'Empire romain). Avant d'atteindre l'overdose, je voudrais approfondir d'autres filmos.

Maj :
- Le petit arpent du bon Dieu : 4.75 => 5 (finalement pas si mauvais si on remet les bouts dans l'ordre à la lumière de la fin, mais bon ça reste l'un des moins bons)
- Cote 465 : 8 => 8.5 (officiellement mon Mann préféré, il vieillit bien, et la fin est plus subtile que je le pensais en y réfléchissant)

[Count Dooku]

Je crois que le principal problème du film vient du fait que son personnage principal est un connard dont on a un peu rien à foutre.

Bah non c'est justement ça qui est bien, Jake La Motta n'est pas un brave type et c'est justement ce qui le rend si humain, le fait que Scorsese s'attache autant sur ses faiblesses et ses défauts.
Tout le contraire d'un Rocky qui est davantage une figure iconique et idéalisée (enfin surtout dans les suites, dans le film original c'est un peu différent avec la dimension sociale, le fait que le perso soit un peu un loser même si lui est fondamentalement bon).

Perso Raging Bull fait partie de ma trinité Scorsese, avec Taxi Driver et Les Affranchis.

[Waylander]

Pour ma part, à la première vision je n'avais pas aimé Raging Bull à cause du personnage mais en fait, Scorsese ne l'idéalise pas et n'en fait pas un héros. Il en fait même un type méchant, antipathique, instable , peu reconnaissant, égocentrique...mais il choisit d'en faire le portait pour montrer à quel point le succès et la présomption peuvent nous aveugler jusqu'au bout..jusqu'à ce ce face à face avec lui-même , dans le miroir où il se dit à haute voix que ce n'est pas sa faute mais celle des autres. Scorsese n'accorde donc pas la rédemption à son personnage. Dans le genre, c'est à dire le schéma du mec qui grimpe qui grimpe et qui retombe puis connait la rédemption c'est certainement le moins idéaliste et le plus pessimiste aussi. Le mec ne se remet jamais en question, le noir et blanc je me demande s'il n'est pas là aussi pour donner au film cette ambiance peu esthétique, plutôt granuleuse etc...

[Mark Chopper]

Je crois que le principal problème du film vient du fait que son personnage principal est un connard dont on a un peu rien à foutre.

Bah non c'est justement ça qui est bien, Jake La Motta n'est pas un brave type et c'est justement ce qui le rend si humain, le fait que Scorsese s'attache autant sur ses faiblesses et ses défauts.
Tout le contraire d'un Rocky qui est davantage une figure iconique et idéalisée (enfin surtout dans les suites, dans le film original c'est un peu différent avec la dimension sociale, le fait que le perso soit un peu un loser même si lui est fondamentalement bon).

Un juste milieu : voilà ce qui me faudrait.

Pour Raging Bull, je ne vois pas en quoi suivre un parfait connard qui n'a ni forces, ni qualités est bien. Si c'est ça un personnage "humain", au secours quoi, merci de le tempérer pour rendre le film digeste.

[Scalp]

J'ai le même problème avec Raging Bull, le perso me gonfle, j'en ai rien à foutre de tout ce qui lui arrive.