Le grand attentat |
Réalisé par Anthony Mann |
7/10 |
Résumé :
La reconstitution historique est bluffante pour un si petit budget. Le soucis du détail saute aux yeux, avec des costumes qui respirent l'authenticité (sans savoir si c'est fidèle), mais surtout, la mise en scène du contexte est très originale, révélé à travers les discussions et ragots des usagers du train qui livrent des informations mordantes et explosives, notamment le risque de révolution que la présidence de Lincoln susciterait, et la question de l'abolition de l'esclavage soulevée de manière tendancieuse. Le rapport avec l'époque de tournage est à peine voilé, et je ne crois pas que ce soit un hasard que le héros-policier se nomme John Kennedy, en charge d'apporter un éclairage sur les faits, mais qui finira par être lui-même accusé des crimes dont il est la proie à cause de cet acharnement à découvrir la vérité.
J'ai quelques réserves sur le rythme parfois traînant (mais qui sert bien ce côté claustro) malgré les nombreux rebondissements, et surtout l'ampleur de l'histoire limitée par la courte durée. Mais en l'état il s'agit d'une belle surprise pour un film aussi inconnu. Ce thriller politique ferroviaire sur fond de complot mérite donc le détour, sans ton moralisateur (contrairement à certains de ses films noirs), et porté par un acteur principal (Dick Powell) qui change un peu des habitudes de Mann aimant beaucoup les personnages torturés (par contre les autres acteurs sont juste corrects), exceptée son obstination. Ici il est seulement malmené par la manipulation de la vérité des uns, et l'incrédulité des autres, et animé par un motif simple, qui conserve l'image mythique de Lincoln, icone quasi intouchable de l'histoire des Etats-Unis, tout en l'humanisant. Enfin j'aime bien la petite phrase qui clot le tout, tissant un lien assez sympa entre les deux dans leurs méthodes respectives, et ramène humblement le film à sa dimension policière davantage que politique (plus dans son goût que dans sa portée). Enfin, la réal' est carrée sans trop de grosses scènes (à part la bagarre finale à la Mann), au service du réalisme d'une histoire tirée de faits réels.