Only God Forgives de Nicolas Winding Refn (2013)
À Bangkok, Julian, qui a fui la justice américaine, dirige un club de boxe thaïlandaise servant de couverture à son trafic de drogue.
Sa mère, chef d’une vaste organisation criminelle, débarque des États-Unis afin de rapatrier le corps de son fils préféré, Billy : le frère de Julian vient en effet de se faire tuer pour avoir sauvagement massacré une jeune prostituée. Ivre de rage et de vengeance, elle exige de Julian la tête des meurtriers.
Julian devra alors affronter Chang, un étrange policier à la retraite, adulé par les autres flics … NWR, un réalisateur qui peut diviser une salle de ciné en deux catégories: Ceux qui aime et on prit leurs pieds devant sa nouvelle réalisation et ceux qui détestent et le prennent pour une merde qui réalise des films qui servent à rien. Je fais plutôt partie de la première moitié. Ayant essayer pour la première fois, du NWR, au cinéma avec Valhalla Rising, j'étais sorti de la salle du ciné avec une impression bizarre: comme si je venais de voir un film ou il ne se passe pas grand chose, ou tout n'est pas expliqué, mais un film qui m'intrigue, me touche, comme une expérience sensorielle et visuelle et j'ai une forte envie d'en parler, d'en débattre. Only God Forgives, contrairement à Drive, s'inscrit plus dans cette logique.
Autant dire que dès la première scène, on retrouve les ingrédients de Valhalla, tout d'abord rien que la musique de Cliff Martinez. Ambiance glauque et oppressante garantie. Puis, après quelques minutes du film on se dit, mais putain il n'y a que des magnifiques plans avec un éclairage ultra travaillé...ce sera comme ça jusqu'a la fin. NWR ne film rien à l'arrache, il veut heurter la sensibilité de son spectateur, une alliance entre la musique et l'image s'opère, on entre dedans (ou pas) comme si un junkie prenait sa dose. La couleur principale du film est le rouge (idée du sang sur les mains?), omniprésent presque à chaque plan, soit en arrière plan, soir en éclairage sur le visage des protagonistes. NWR décrit Bangkok à sa manière, une ville blindée de lumière dans tout les sens, avec des scènes filmées principalement de nuit, ou rôde toutes sortes de personnes un peu perdu.
Une des premières répliques du film annonce la couleur: "ce soir je vais faire un tour en enfer", phrase du frère de Julian, une sorte de suicide tout en prenant son pied: celui d'un psychopathe pédophile. Il terminera assassiné par le père de la fille qu'il vient de tuer...
Vient alors Chang, un inspecteur corrompu aux allures bizarres, se prenant véritablement pour Dieu (ou le diable) et donnant son châtiment à coup de sabre. Le pitch du film commence là: cet inspecteur rodant dans les rues de Bangkok va trouver la route d'une famille américaine, trafiquant de la drogue, ayant un club de boxe thaï pour alibi. Cette famille, une mère et ses deux fils. Celle ci interprétée par Kristin Scott Thomas, dirige les affaires de la famille d'une main de fer. Préférant l'un des deux fils (de manière disons presque incestueuse), ne comprend pas comment son autre fils ne venge pas son frère correctement. En effet, Julian apprenant ce que son frère a fait, ne va jusqu’au bout de sa vengeance. L'arrivée de sa mère le perturbe, il s'incline et laisse sa mère reprendre l'affaire. Lui, errant dans les bars à prostituée, se trouve une fille avec laquelle il recherche le coté affectif de sa mère. Pas de sexe classique mais plutôt une obsession envers le sexe féminin. Quelque part, l'un veut mourir, l'autre veut retourner vers sa naissance.
Ryan Gosling interprète un fils complètement dirigé par sa mère, mais meurtri par la non-affection de celle-ci. Presque muet tout le long du film, il est encore moins expressif que dans Drive...Cherchant la rédemption à tout prix, son attitude va donc aller à contre courant des affaires de la famille et donc des ordres de sa mère.
L'inspecteur est quand à lui, pas plus expressif que Gosling, mais avec une forte présence à l'écran. Une sorte d'envoyer du ciel pour donner le châtiment. Il dirige la ville, et réglera tout les problèmes peu importe ce que ça coute. Il se permet donc d'aller même vers la torture sans problème. Ses collègues le suivent sans aucune protestation. Même lorsqu'il chante au karaoké, il sont tous assis à le regarder et l'on ressent bien qu'aucun n'émettra la moindre critique.
Le duel entre les deux est assez intéressant. Julian cherche la rédemption. Chang donne les châtiments. Les deux personnages principaux se sont eux. Scène intéressante: lorsque Julian lui propose de combattre. Il est possible de l’interprété de deux manières: soit il se veux une dernière fois rebelle: il affronte l'autorité (obéissance à sa mère), soit il sait pertinemment qu'il va perdre et veux donc obtenir une punition pour les crimes de sa mère et de son frère...
C'est cela Only God forgives, une sorte long clip très visuel et sensoriel qui fait poser plein de question et tout le monde peut l’interprété comme il le souhaite. Contrairement à Valhalla ou il y avait une aventure historique en fond, ici l'idée principale est assez simple. NWR, en fait un film 1h30, purement esthetique ou chacun devellopera les thèmes abordés un peu à sa manière. Perso, j'ai accroché et demande à la revoir pour analyser un peu plus en profondeur. Petit défaut du film, un peu trop lent par moment. Un petit plus de rythme n'aurait pas été de refus. Le pire après avoir vu ce film, se dire que NWR (selon ses dires) n'a jamais pris de drogue....
Note: 8.5/10