[Dunandan] Mes critiques en 2013

Modérateur: Dunandan

Grand Attentat (1951) (Le) - 7/10

Messagepar Dunandan » Mer 20 Fév 2013, 04:55

Le grand attentat

Réalisé par Anthony Mann

Avec Dick Powell, Paula Raymond, Adolphe Menjou

Histoire/policier, USA, 1h15 - 1951

7/10

Résumé :
En 1861, un détective est convaincu qu'un attentat se trame contre le Président Lincoln qui se rend à Washington pour y prononcer son discours d'inauguration. Son enquête se double d'une lutte contre l'incrédulité générale.

Le grand attentat est un film assez déconcertant dans la filmo de Mann. Cette série B historique se déroulant au temps de Lincoln a une saveur toute hitchcockienne avec une tension froide et épurée (il n'y a même pas de musique à part l'intro et la fin) de presque tous les "tics" du film noir (à l'inverse du Livre noir), et où tout le monde soupçonne tout le monde (normal le train est rempli de sudistes), instillant ainsi une atmosphère paranoïaque et claustrophobe assez efficace (qui tourne au whodunit dans sa seconde partie). Mais en même temps, tourné après Winchester 73, on y retrouve le motif "mannien" du shérif qui, privé de son flingue, n'a aucune autorité, et doit donc agir comme un voleur pour arriver à la rescousse du Président, en quête d'une autre arme qui pointe aussi l'identité d'un coupable potentiel.

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La reconstitution historique est bluffante pour un si petit budget. Le soucis du détail saute aux yeux, avec des costumes qui respirent l'authenticité (sans savoir si c'est fidèle), mais surtout, la mise en scène du contexte est très originale, révélé à travers les discussions et ragots des usagers du train qui livrent des informations mordantes et explosives, notamment le risque de révolution que la présidence de Lincoln susciterait, et la question de l'abolition de l'esclavage soulevée de manière tendancieuse. Le rapport avec l'époque de tournage est à peine voilé, et je ne crois pas que ce soit un hasard que le héros-policier se nomme John Kennedy, en charge d'apporter un éclairage sur les faits, mais qui finira par être lui-même accusé des crimes dont il est la proie à cause de cet acharnement à découvrir la vérité.

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J'ai quelques réserves sur le rythme parfois traînant (mais qui sert bien ce côté claustro) malgré les nombreux rebondissements, et surtout l'ampleur de l'histoire limitée par la courte durée. Mais en l'état il s'agit d'une belle surprise pour un film aussi inconnu. Ce thriller politique ferroviaire sur fond de complot mérite donc le détour, sans ton moralisateur (contrairement à certains de ses films noirs), et porté par un acteur principal (Dick Powell) qui change un peu des habitudes de Mann aimant beaucoup les personnages torturés (par contre les autres acteurs sont juste corrects), exceptée son obstination. Ici il est seulement malmené par la manipulation de la vérité des uns, et l'incrédulité des autres, et animé par un motif simple, qui conserve l'image mythique de Lincoln, icone quasi intouchable de l'histoire des Etats-Unis, tout en l'humanisant. Enfin j'aime bien la petite phrase qui clot le tout, tissant un lien assez sympa entre les deux dans leurs méthodes respectives, et ramène humblement le film à sa dimension policière davantage que politique (plus dans son goût que dans sa portée). Enfin, la réal' est carrée sans trop de grosses scènes (à part la bagarre finale à la Mann), au service du réalisme d'une histoire tirée de faits réels.

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Un bon petit thriller politique et paranoïaque qui tire son originalité dans la manière dont le contexte surgit à partir de la discussion des personnages, qui sont tous des coupables en puissance.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2013

Messagepar Scalp » Mer 20 Fév 2013, 06:22

Ah tient voilà encore un film meilleur le Lincoln de papy Spielberg :eheh:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2013

Messagepar Dunandan » Mer 20 Fév 2013, 07:26

Je sais pas, pas vu, mais bon le contexte politique est plus une toile de fond qu'autre chose, ce n'est pas un film politique contrairement à Lincoln, mais plus un thriller politique (comme tu le dis toi-même dans ta critique, les esprits se sont rencontrés, moi je t'ai piqué juste le terme whodunit, ça marchait bien pour ce film et je l'ai donc repris :mrgreen: ). Bah sinon je suis content de voir qu'A. Mann parvient encore à me surprendre après une vingtaine de films 8)
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Scott Pilgrim - 8/10

Messagepar Dunandan » Ven 22 Fév 2013, 05:41

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Scott Pilgrim, Edgar Wright (2011)

Qu'est-ce que serait une vie perçue comme un jeu-vidéo ? Scott Pilgrim en est le parfait exemple. Après deux films ultra référentiels ( Shaun of dead avec une bande de potes faisant face à une invasion de zombies en se défendant avec ce qui leur tombe sous la main, et Hot Fuzz avec le super-flic projeté dans un bled paumé), le réal' Edgar Wright remet les couverts dans le registre de la comédie romantique, cette fois-ci servie par une architecture graphique hyper animée (onomatopées, vignettes de BD, bruitage de jeu-vidéo ...), fourmillant de clins d'oeil rétro-gaming ou geek tels que Zelda, Guitar Hero, Matrix, Kill Bill, SDA, et bien d'autres.

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Cet univers esthétique nous plonge dans l'univers fantasque de Scott à la vie pourtant normale, mais dont les aventures amoureuses problématiques colorent son existence. Ce degré d'irréalité va faire un bond lorsque son regard s'arrête comme dans un rêve sur une mystérieuse femme visiblement influencée par l'héroïne aux cheveux colorées de Eternal Sunshine of the Spotless Mind, représentant l'amour inconstant et fuyant. Mais pour la conquérir, Scott Pilgrim aura à affronter tous ses exs, et en fin de compte, lui-même. Ces séquences sont du pur délire, entre freak et kitsch, véritables auto-parodies des stéréotypes des petits copains qu'on veut exploser tant ils sont énervants.

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Mais là où le bât blesse, c'est la minceur des enjeux (après 30 min l'apogée du scénar' est atteinte pour laisser place aux combats), surtout qu'au fur et à mesure Scott paraît invulnérable aux attaques de ses ennemis. Heureusement, le casting qui a l'air de s'éclater dans des rôles potaches, la diversification des combats plutôt jouissifs et dynamiques, et les dialogues/situations qui offrent un regard bien décalé et rafraîchissant, compensent ces quelques défauts (bien que le scénario s'avère plus riche en seconde lecture, touchant notamment la confiance en soi, la relation amoureuse et la confusion rêve/réalité vécues par les ados ...). C'est rythmé de bout en bout (le montage est génial), et cette fois-ci la réal' tape à l'oeil a du style, une véritable patte artistique, et sert bien son sujet. Un film qui s'adresse avant tout aux (ex)gringalets nostalgiques qui ont passé leur enfance devant leur écran à jouer à des jeux tels que FF7, et qui rêvaient de rencontrer leur héroïne en vrai ...

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Un scénario tout mince, mais servi par une mise en scène hallucinante et un casting qui s'éclate parvenant à faire oublier son relatif manque d'enjeux, et qui fait la part belle aux geeks et amateurs de jeux vidéos toutes générations confondues.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2013

Messagepar Count Dooku » Ven 22 Fév 2013, 15:48

Scott Pilgrim j'ai globalement apprécié mais j'étais vraiment sur le fil du rasoir par moments, sur la fin je sentais que que je commençais à trouver ça lourd et à sortir du délire. Je dois pas être assez geek pour totalement adhérer, et pourtant j'ai une culture vidéoludique assez conséquente.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2013

Messagepar Dunandan » Ven 22 Fév 2013, 16:01

La première fois je tournais autour de 6.5/10, mais je l'ai mieux apprécié la seconde fois en sachant sur quoi j'allais tomber. Puis oui je dois être un gros geek :mrgreen:
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Re: Scott Pilgrim - 8/10

Messagepar Jack Spret » Ven 22 Fév 2013, 16:21

dunandan a écrit:Un film qui s'adresse avant tout aux (ex)gringalets nostalgiques qui ont passé des centaines d'heures devant leur écran à jouer à des jeux tels que FFVII, et qui rêvaient de rencontrer leur héroïne en vrai ...


TIFAAAAA :love:


"- Ça vous dirait un petit échange dans la ruelle, derrière le bar ?
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2013

Messagepar Dunandan » Ven 22 Fév 2013, 16:24

Je vois que je ne suis pas le seul :oops:
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Cote 465 - 8,5/10

Messagepar Dunandan » Sam 23 Fév 2013, 00:55

Cote 465

Réalisé par Anthony Mann

Avec Robert Ryan, Aldo Ray, Robert Keith, Vic Morrow, Phillip Pine

Guerre, USA, 1957 - 1h42

8.5/10

Résumé :
Le lieutenant Benson, durant la retraite sur Pusan en Corée, tente avec son équipe de rejoindre les lignes des force américaines, situées sur la cote 465. Lorsqu'ils croisent le Sergent Montana et font route avec lui, les choses se compliquent, Benson et ce dernier étant régulièrement en conflit.

Encore un A. Mann atypique puisqu'il s'agit ici de son unique film de guerre, mais qui répond pourtant parfaitement à ses thématiques. D'abord par sa tagline introductive : Racontez-moi l'histoire d'un simple soldat, je vous raconterai l'histoire de toutes les guerres. Et d'autre part par l'idée de conquête de territoire qui en est le cadre. Deux idées qui résument pratiquement tout son cinéma, animé par des personnages obstinés qui ne cessent de s'affronter dans un terrain naturel commun et hostile. Mais ce film est aussi fort dans la manière dont il anticipe par ses thèmes des oeuvres telles que Platoon (l'ennemi de l'intérieur), Predator (la jungle comme étau naturel), ou encore La ligne rouge (la nature accueillante versus la guerre).




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On retrouve ici le style documentaire et anti-spectaculaire qui a fait le succès de certains films noirs d'A. Mann, conférant un réalisme brut au récit, qui suit de près une escouade militaire littéralement coupée du monde, sans radio, montée à cran. On sent le manque de budget, mais le gros boulot sur le cadre compense énormément, resserré sur les visages pour faire ressortir la tension qui les habite, et obstruant l'idée de perspective sur les extérieurs ce qui renforce très bien cette impression d'isolement. Ce qui est au centre, ce sont donc les personnages (cf la tagline) et ce qu'ils subissent. D'ailleurs le contexte est épuré au maximum, réduit à la conquête d'une colline pouvant signifier la victoire.

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L'enjeu principal du film repose sur la réaction des hommes face à une situation globale de survie. Chacun d'entre-eux se complète bien. Il y a d'abord le chef (Robert Ryan) qui prend son temps avant d'agir, et qui suit droitement son devoir, mettant (a priori) de côté tout sentiment pour parvenir à ses fins. Puis il y a son antagoniste (Aldo Ray) avec son colonel muet (tout est dans le regard), voulant fuir cette guerre qui leur a trop coûté. Je trouve ce duo père-fils très touchant, et ce dernier détient une petite ambiguïté intéressante quant à son efficacité au combat (est-il seulement "bon" ou sur le mode-survie ?). Une scène-clé va les distinguer, malgré leur désir commun de survivre, en reconnaissant (ou pas) l'ennemi comme alter-ego. Puis il y a l'attitude pacifique d'un autre soldat dont l'issue tragique met l'accent sur la non-cohabitation entre paix et survie. Enfin il y a le soldat expérimenté plein de bile, dont la détresse menace d'envahir tout le groupe.

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La progression géographique est vraiment tendue, ces hommes ayant à faire face à toutes sortes de dangers imprévisibles : ennemi invisible les attaquant par surprise à coup de baïonnette (ayant un petit air de déjà-vu avec Les affameurs) ou de snipers, champ de mines, tir de mortiers (l'une des plus belles séquences avec l'attente chronométrée des obus ...), ambuscade. Mais la tension vient surtout du groupe (la scène de la jeep utilisée pour transporter le matos au lieu d'un homme blessé), l'action étant assez rare pour le genre. Le seul bémol que je retiens : les dialogues un peu trop bien écrits et le côté docu' nuisent un peu à l'émotion, mais cette quasi absence de pathos est aussi une force. La fin, à l'image du film, est très subtile, développant un ton anti-héroïque malgré la victoire militaire à la vue des médailles des soldats tombés, individus écrasés par la machine de guerre en dépit du professionalisme de leurs chefs. Il s'agit donc de l'une des plus belles réussites d' A. Mann, porté par un bon casting, et un traitement âpre et sans concession qui force le respect. Un classique fondateur.

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Un film de guerre bien sec et pessimiste, mettant plus l'emphase sur la psychologie que sur l'action, anti-spectaculaire/héroïque au possible. Selon moi le Mann le plus abouti dans un genre pourtant inédit pour lui.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2013

Messagepar osorojo » Sam 23 Fév 2013, 12:07

Jolie critique Dun', j'en ai pensé la même chose :super:

Et puis t'as eu le courage de mettre des screens bien sentis et vendeurs, ça compense ma flemme :mrgreen:

On est tous d'accord en tout cas, un film intelligent à découvrir sans hésiter !
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2013

Messagepar Scalp » Sam 23 Fév 2013, 12:19

Oue on est d'accord c'est pas de la merde comme Jarhead.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2013

Messagepar Dunandan » Sam 23 Fév 2013, 20:33

Thanks dudes, il est rentré direct dans mon Top 5 Mann :super: (avec Le cid, Winchester 73, Tin star, et L'homme de la plaine)

Au risque de perdre mon estime du jour, j'aime bien aussi Jarhead :mrgreen:, mais bon vu l'angle choisi des deux films, ça n'a rien à voir. Sinon c'est sûr que je préfère le Mann au Mendes.

Bah sinon ça m'a donné envie de découvrir des films de guerre d'époque quand j'aurai le temps. J'ai déjà le GI Joe, et je vais sûrement voir le Kubrick, les Fuller, et le Peckinpah au passage.
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Raging Bull - 7,5/10

Messagepar Dunandan » Dim 24 Fév 2013, 17:21

Raging Bull

Réalisé par Martin Scorsese

Avec Robert De Niro, Cathy Moriarty, Joe Pesci, Frank Vincent, Nicholas Colasanto

Biopic, USA, 2h09 - 1980

7.5/10

Résumé :
Raging Bull retrace les moments forts de la carrière flamboyante de Jack La Motta, champion de boxe poids moyen. Issu d'un milieu modeste, il fut le héros de combats mythiques, notamment contre Robinson et Cerdan. Autodestructeur, paranoïque, déchiré entre le désir du salut personnel et la damnation : quand l'ascension et le déclin d'une vie deviennent épopée.

Comme d'hab' avec Scorsese, on a droit à une reconstitution historique convaincante vibrant de l'intérieur et suintant l'authenticité. Quoi de mieux que ce N & B contrasté pour suivre ces combats, dont le cadrage fait ressortir l'intensité de l'effort et l'odeur du ring, bref toute la virilité qui en résulte. Histoire d'une ascension et d'une descente en enfer, on se retrouve en terrain connu, avec comme personnage principal un gars entier, supporté par son public au contraire des juges (TB idée d'avoir commencé le film par là), qui garde toute son énergie pour les matchs, mais du coup s'énerve pour un rien, et qui préfère rentrer dans le lard de ses concurrents (de tout le monde en fait), au lieu de prendre la tangente.

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De plus, ce film pue la maîtrise technique. Les travellings et les ralentis bien sentis pour capter l'éternité du moment, Scorsese connaît. De Niro prouve encore par ce film qu'il était l'un des meilleurs acteurs de sa génération, l'un des rares à l'époque qui n'hésitait pas à prendre du poids ou en perdre pour son rôle. Il est son personnage. C'est aussi intéressant de voir sa courbe personnelle, mettant en scène des personnages qui, à force de vouloir tout maîtriser dans sa vie privée, et à se laisser emporter par la corruption du milieu, finir par perdre toute intégrité et tout ce qu'il représente en tant qu'homme. Joe Pesci est aussi très bon, petit mec nerveux en quête de respect qui sera encore mieux exploité dans les autres films de Scorsese.

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Par contre, je suis un peu moins convaincu par la fibre de l'histoire. Je ne connais pas très bien la biographie de De La Motta, mais les enjeux se résument finalement à peu de choses, et ça finit par tourner en rond. Durant toute la première moitié du film j'étais passionné de voir ce mec vrai, mais traversé par des contradictions, qui veut juste bien s'entourer (en commençant par une fille qui le met en valeur, mais du coup paraît bien transparente), parvenir au sommet par ses propres forces (et donc en évitant le cercle de la mafia), et se préserver pour ses matchs (en ne baisant pas). Ainsi la dynamique entre vie sentimentale et matchs est bien pensée, faisant bien sentir combien sa tension entre retenue et colères dans l'une rejaillit sur les autres. A ce titre, sa relation avec son frère est intéressante, sorte de pivot qui préserve un certain équilibre, jusqu'au jour où Jack le prend en grippe pour une mauvaise raison, ce qui précipitera sa chute irrémédiable après s'être mouillé dans un match truqué. Lui qui pensait arriver par lui-même, ne voit pas combien ses proches sont importants pour sa réussite. C'est toute l'ironie du film (ainsi sa ceinture de champion ne lui apporte qu'une petite gloire en comparaison de ses ratés en tant qu'homme).

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Mais dès que l'on perd ce pivot, je trouve que le film perd en intérêt, il n'y a presque plus rien à rajouter, et on regarde sa montre. Ne demeurent que son dernier match qui tourne à l'auto-destruction physique (point culminant de sa déchéance intérieure), ces dernières images d'un type obèse, pathétique, et condamné à faire des blagues pourries, et une femme qui parvient enfin à prendre son émancipation sur ce personnage égocentrique. Images qui mettent mal à l'aise, tant elles sont le summum du type pas sexy et glorieux, tout l'inverse de son ambition de demeurer au sommet de sa forme sportive et charismatique. Mais on ne peut pas dire que ça manque de substance (comme Taxi Driver c'est bourré de petits niveaux de lecture par la mise en scène), mais ça devient juste redondant, tournant beaucoup (trop ?) autour de la jalousie et de l'égocentrisme de Jack.

Belle page d'histoire sportive d'un boxeur entier de l'ascension à la chute, porté par des personnages incarnés. Une belle reconstitution, avec un parallèle convaincant entre vie privée et matchs, mais qui finit par ennuyer par manque d'enjeux dans sa dernière partie.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2013

Messagepar Mark Chopper » Dim 24 Fév 2013, 17:23

Je crois que le principal problème du film vient du fait que son personnage principal est un connard dont on a un peu rien à foutre.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2013

Messagepar Dunandan » Dim 24 Fév 2013, 17:27

Ouais ça doit être ça, peu ou pas d'empathie pour le personnage principal. Mais en fait il y a beaucoup de connards comme personnages principaux dans cette période de Scorsese ... (je vais pas me faire des amis là :mrgreen:)
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