BLACKTHORN - Mateo Gil (2011)
Décidément, 2011 fût une année prolifique pour le retour du western, et après le magnifique
True Grit des frères Coen, c'était au tour du jeune cinéaste espagnol Mateo Gil (surtout connu pour être le scénariste attitré d'Amenabar) d'apporter sa pierre à l'édifice.
Pour cela, Gil décide de revisiter le mythe Butch Cassidy et va livrer un pur western crépusculaire sur lequel plane l'ombre du grand Sam Peckinpah et qui n'est pas sans rappeler le chef d’œuvre
Impitoyable de Clint Eastwood.
En effet, plutôt que de nous présenter les heures de gloire du jeune Cassidy, le récit se déroule des années plus tard, et alors que tout le monde le croit mort, il coule des jours paisibles en Bolivie. Mais au fil du temps, les souvenirs de cette ancienne vie et l'envie de revoir son fils vont venir le ronger, jusqu’à le pousser à sortir de sa retraite, d'autant plus qu'il va bientôt faire la rencontre d'un voleur en fuite.
Tel un fantôme du passé, ce jeune voleur lui rappelle la grande époque et son duo avec Le Kid. Bientôt, ils seront poursuivis par un ancien détective, totalement obsédé par Butch Cassidy et qui a passé sa vie à le traquer.
Bien que l'intrigue puisse paraitre classique au premier abord, elle est en fait un point de départ idéal pour permettre au réalisateur de traiter du sujet qui l'intéresse : la fin d'un mythe, qui avant d'être un personnage légendaire, est avant tout un homme.
Sur le fond, Mateo Gil livre une magnifique déclaration d'amour à tout un pan du western classique, tout en questionnant la notion même du mythe, en dépeignant des personnages complexes, parfois violents, mais foncièrement humains. Le personnage de Blackthorn incarne à lui seul une des thématiques cher à Peckinpah : la fin des grands mythes de l'Ouest, et son parcours intérieur, bien loin des clichés du genre, s'avère totalement bouleversant.
Sur la forme, c'est également exemplaire, difficile de croire que Mateo Gil n'en est qu'a son second film tant tout est maitrisé. De la direction d'acteurs impeccable (Shepard est impérial, Noriega très bon en jeune tête brulée et Rea trouve un de ses meilleurs rôles), à la mise en scène léchée, qui sublime aussi bien les passages intimistes du film que les chevauchées sauvages.
Tout dans Blackthorn transpire l'amour du western et du cinéma en général, son utilisation merveilleuse du Scope, qui magnifie les décors renversants de la Bolivie (le désert de sel notamment), son choix des cadres, et sa mise en scène de la violence, à la fois brutale et poétique, et qui ne sombre jamais dans l'effet de style gratuit. Le tout est accompagnée par une bande originale magnifique, où l'on a même droit à deux reprises de Johnny Cash par Sam Shepard himself.
Bref, vous l'aurez compris, si vous aimez le western, si vous aimez les histoires qui prennent aux tripes, ou tout simplement si vous aimez le cinéma avec un grand C, vous courrez immédiatement vous procurer cette petite merveille, honteusement passée inaperçue lors de ses sorties salles et dvd.
Vous ferez certainement une des plus belles découvertes de ces dernières années !
9/10