9/10
Windtalkers de John Woo - 2001
"Yeah... I'm a good fucking marine, that's why they gave me this detail. "
De très loin le meilleur film rican de Woo, ne serait ce déjà parce que c'est le seul où on y retrouve ses thèmes récurrents autour de l'amitié ( chose absente de tous ses autres films us ) et surtout c'est celui où il ne laisse pas ses gimmick diriger le film (
Volte Face on frôle l'autoparodie par moment ).
Il livre ici un film de soldat ( et non pas de guerre, oue y a une différence ) et le film plus qu'une version pas chiante de la Ligne Rouge est surtout un digne descendant des films de Samuel Fuller, Aldrich ou Walsh ( on pense aussi à
Platoon et
Cote 465 ), un film donc très premier degré qui ne pète jamais plus haut que son cul.
Le sujet du film est pour le moins original, si on a déjà eu plusieurs films sur la guerre dans le Pacifique, celui ci aborde un fait plutôt méconnu de ces batailles à savoir l'utilisation de Navajos comme opérateurs radio pour ainsi pouvoir parler dans leur langue indéchiffrable pour les japonais et le seul enjeu (efficace) du film sera donc de protéger ( ou éliminer ) les 2 navajos.
On assiste donc à une structure buddy movie, c'est très prévisible ( et un brin simpliste ) dans l'évolution de la relation des 2 personnages principaux mais ça a le mérite d'être bien fichu ( on y croit ) et surtout Woo n'en fait pas trop sur le tire larme ( chose qu'on lui reproche souvent, enfin moi ça me gêne pas ) et là il reste très sobre amha.
Ce qui intéresse Woo c'est pas de disserter sur la guerre ou de livrer une pamphlet antiguerre à base philosophie sur les feuilles tombant d'un arbre, non lui il fait comme Fuller ( référence qui saute aux yeux ), il livre un film à hauteur d'homme, des hommes dont le seul but et de survivre et de s'entraider dans ce merdier qu'est le champ de bataille, ici chaque geste solidaire ou sacrifice on y croit car Woo a pris le temps de faire vivre ses personnages (et pas que les 4 principaux mais vraiment tous ceux de l'unité), alors c'est souvent de très courtes scénettes mais quand on est un bon réal c'est suffisant pour nous faire adhérer aux personnages ( et en plus c'est surprenant bien dialogué et plus malin que çà en a l'air avec notamment tout ce qui tourne autour de la relecture des mythes fondateur des USA ), ce Windtalkers est d'ailleurs le seul film ricain de Woo où on accroche vraiment aux personnages, on a vraiment l'impression d'ailleurs que c'est celui où Woo s'est le plus investit.
Il y a des très belles scènes, la découverte de l'autre via la petite scène musical est très réussit ( il la réutilisera d'ailleurs dans Red Cliff ) et puis même si le film est centré sur le duo principal je garde une préférence pour Slater et son navajo, leur dernière scène commune c'est la plus belle scène ricaine de toute la carrière de Woo ( voir plus même ).
Après une intro bien barbare où une escouade se fait décimer, Woo prend son temps pour poser ses personnages ( pas son intrigue car y en a pas réellement ) et après 40 minutes la première bataille arrive et c'est du lourd et Woo a décider d'être généreux avec son spectateur car il ne livrera pas moins de 4 climax d'au moins 10 minutes chacun.
Sur les scènes d'action Woo démontre une nouvelle fois tout son talent, alors oui par contre pour le réalisme on repassera ( quoique c'est de loin son film le plus réaliste, ici les gars rechargent vraiment) mais c'est son film le plus immersif, quand il filme ses gunfight caméra à l'épaule c'est bluffant et virevoltant ( les ennemis arrivant de partout ), et puis surtout il arrive à livrer 4 séquences qui se renouvellent à chaque fois car bon c'est le genre de truc qui peut devenir soulant de voir Cage buter 4330420 japonais bein ici chaque scène est abordée de façon différente et sert parfaitement l'évolution des personnages.
La première est là pour montrer que Nic Cage il va pas faire rire, la guerre ça le rend complétement dément et il vide du chargeur à la vitesse de la lumière et puis ça permet aussi de bien montrer les aptitudes des autres hommes de l'escouade ainsi que l'évolution du perso de Adam Beach : Ben. La seconde commence par un truc qui fait pas vraiment rire avec les ricains qui bombarde leur propre troupe et il va falloir s'infiltrer derrière les lignes ennemis pour piquer une radio et ici Ben va enfin s'affirmer comme soldat à part entière.
La 3ème c'est ma préféré, ici pas de place à attaquer mais un village à défendre et la petite escouade va vite se retrouver submergée par les japonais déferlant de toute part, ça va donner lieu à la meilleure séquence du film à savoir Slater et son pote butant à 2 une cinquantaine de jap dans une sorte de petit jardin, la scène est sacrément puissante et la mort des 2 personnages est d'une intensité rare.
Sur le style ici Woo n'esthétise pas la violence ici c'est une vrai boucherie, c'est barbare et sans pitié, quand il y a un ralenti c'est pas sur une action héroïque mais sur des corps qui brulent ou qui sont criblés de balles, on pense d'ailleurs pas mal à Croix de Fer mais on peut quand même y trouver un certain coté jubilatoire car voir Cage défourailler ou voir le navajo buter du jap avec son gros couteau c'est quand même bien classe. En fait sur ce film on a un mixe entre un certain classicisme et les envolées lyriques propre à Woo, faut voir cette caméra aérienne par moment qui donne des putains de plans larges où l'ampleur des moyens du film sont clairement tous montré à l'écran ( le nombre d'explosion est impressionnant et les cascadeurs ont bien dut souffrir sur ce film ), Woo laisse libre cours à tout son talent pour donner des séquences tout simplement géniales avec une caméra qui se faufile au milieu des combats où ça explose et canarde dans tout les sens ( bon par contre une fois de plus c'est la foire au doublure avec la doublure de Cage bien visible, enfin ici c'est nettement moins gênant que dans Volte Face ).
Nic Cage sans perruque c'est toujours pas mal quand même et ici il livre une prestation à la fois touchante et badass, quand il passe en mode furie est défouraille du jap par paquet de 12 il est comme en transe et c'est le genre de truc que seul Nic Cage peut faire, il livre ici une superbe prestation tant il arrive vraiment à retranscrire les démons de son personnage, tiraillé par son devoir et son désir de rédemption, Adam Beach a un rôle pas facile de l'indien naïf et il s'en sort avec les honneurs et l'évolution de son personnage est intéressante, Christian Slater a pas énormément de scènes mais on cerne rapidement son personnage et il est très attachant, son duo avec l'indien fonctionne bien, dans le reste des seconds rôles on a Ruffalo en grec, Stormare shotgun à la main en chef d'escouade et Noah Emmerich en soldat bas du front forcément raciste ( beau perso cliché c'est vrai mais bon ça fonctionne ), tout le monde est très bien dans son rôle.
James Horner livre une BO typiquement hollywoodienne et ça accompagne toujours très bien les belles images de Woo, bon par contre des fois j'ai l'impression d'entendre des trucs un poil hors sujet.
LE meilleur film ricain du sieur, un film qui ne méritait pas un tel flop tant il se révèle supérieur en tout point à Volte Face, sa réputation peu flatteuse est incompréhensible (même si j'ai l'impression que le temps l'a un peu réhabilité), un grand film d'un grand réalisateur, fact.
"His name was Joe Enders, from south Philadelphia. He was a fierce warrior, a good marine. If you ever tell a story about him George... Say he was my friend. "