Sécurité Rapprochée - Daniel Espinosa - 2012
C'est sympa, ça divertit pendant 1h45 mais ça s'arrête là. Un produit calibré pour le box office malgré son classement R, porté par un Denzel qui transforme grâce à son charisme les scripts ineptes en films corrects. Le gros souci de Sécurité Rapprochée, en dehors de cette histoire pas vraiment enthousiasmante de champion du contre-espionnage escorté par un bleu-bite de la CIA, c'est son réalisateur, pas foutu de poser deux secondes sa caméra, branchée sur courant parkinsonien. C'est d'autant plus dommage que le film ne manque pas d'action mais à trop vouloir singer Tony Scott, ça ressemble parfois à rien. Il y a quelques idées de plan, ça bastonne et défouraille plutôt généreusement mais ça tremble tout le temps, souvent sans raison. Espinosa en profite aussi pour ressortir ses filtres dégueux déjà utilisés dans son polar suédois de triste mémoire (Easy Money).
Pourtant ça commençait bien. La première demie heure est parfaite (pour le genre), bien tendue, avec Denzel qui se la joue intouchable et tendance expéditif si on ose l'emmerder. Ancien de la CIA, il est devenu un ennemi dangereux pour son ancien employeur à force de balancer des infos compromettantes. Dans cette introduction, on le sent insaisissable et sûr de lui. Une vraie chimère qui ne va faire qu'une bouchée du newbie débauché pour le surveiller dans une résidence sécurisée tenue secrète. Evidemment, rien ne se passe comme prévu, une armée de bad guys veut faire la peau du captif et un jeu du chat et de la souris s'engage en plein coeur du Cap (ça se passe en Afrique du Sud). Le soufflet retombe inévitablement, et sans aucune surprise, Reynolds, qui fait le boulot dans un rôle un peu ingrat mais bien loin de ses prestations moisies dans Green Lantern ou Echange Standard, perd de vue son prisonnier (au cours d'une scène bien nase dans un stade de foot - non mais quelle idée d'emmener un roi de l'embrouille dans un lieu si propice à l'évasion
).
Passé ce ventre mou, Reynolds sort ses couilles, désobéit aux ordres de ses supérieurs, et veut terminer sa mission mal embarquée. Heureusement qu'il peut compter sur un Denzel bien sympa de l'avoir épargné, un peu lassé de jouer l'enculé de service et disposé à laisser le champ libre à l'inévitable happy end de rigueur. Le dernier tiers du film relève un peu la sauce avec une course poursuite sur les toits des bidonvilles bien sympa et un final en pleine cambrousse (dans une maison sécurisée de secours) qui réserve quelques bonnes scènes (un bon gros pugilat sanglant entre Reynolds et un autre débutant qui garde cette Safe House). Ah oui, pour justifier tout ce bordel, il y a évidemment une taupe au sein de la CIA et on l'identifie dès sa première apparition à l'écran, pour le suspense on repassera... Sécurité Rapprochée s'avère être un divertissement honorable, qui n'oublie pas d'envoyer la purée par moment, mais qui souffre d'un script vraiment light et d'une réalisation qui peut provoquer quelques maux de tête (quand on a vu le premier film du mec, on se demande comment il a pu être engagé sur un tel budget?)
5.5/10