Crying Freeman, de Christophe Gans (1995) L'histoire : Une femme assiste au meurtre d'un yakuza par un tueur à gages. Ce dernier a la particularité de verser une larme après avoir abattu quelqu'un et elle en tombe amoureuse...Voilà un film que je n'avais vu qu'une fois, lors de sa première diffusion à la télévision, et qui m'avait laissé froid. A l'époque, ma connaissance du cinéma de Hong Kong se limitait à quelques longs-métrages soporifiques avec Bruce Lee, je n'avais vu de John Woo que
Chasse à l'homme et
Broken Arrow et n'avais probablement jamais entendu parler de Mario Bava, Dario Argento ou Hideo Gosha. Toutes ces références, clairement assumées, nourrissent le premier long-métrage de Christophe Gans, un cinéaste rare et un homme auquel ma cinéphilie doit beaucoup, par le biais de son label HK vidéo. Quelques années plus tard, elles me parlent plus, sans oublier le
mangaka qui est à la source même de cette histoire : Kazuo Koike, auteur de la saga
Baby Cart et de
Lady Snowblood.
Je partais donc conquis pour cette redécouverte, mais celle-ci m'a pourtant laissé un sentiment mitigé. Commençons par les bons points : en dépit d'un budget ridicule et de lourdes contraintes qui l'ont poussé à tourner au Canada une histoire qui se déroule aux Etats-Unis, en Chine et dans le nord du Japon, Christophe Gans, épaulé par des techniciens solides (le réalisateur de seconde équipe de Sam Peckinpah et le monteur de John Woo : rien que ça), livre la marchandise. Non content de nous offrir une déclaration d'amour au cinéma de genre, ses séquences d'action, fusillades ou combats martiaux, nous en mettent plein les yeux. Son premier long-métrage se révèle original, élégant et explosif et détonne singulièrement, comparé au reste de la production française.
Hélas,
Crying Freeman souffre d'un faux rythme, à la limite de l'indolence, d'une interprétation fort limitée et n'évite pas toujours le ridicule, notamment lorsqu'il nous montre un dépucelage tel qu'il aurait pu être évoqué dans un roman Harlequin ou un Marc Dacascos en string perché sur une porte. Rendre hommage à des maîtres alors trop ignorés, sur le papier, se montre fort louable, mais le mariage du style de John Woo, avec un abus de ralentis, et de Hideo Gosha, notamment dans sa dernière partie, contribue à rendre le rythme de l'ensemble bancal, la folie furieuse et l'épure ne faisant pas toujours bon ménage. Malgré ces défauts, il s'agit d'un premier film épatant sur les plans esthétique et technique, un divertissement généreux hautement recommandable.
A noter que si je ne suis guère intéressé par les commentaires audio présents sur les DVD/Blu-ray en général, que je trouve le plus souvent anecdotiques au possible, celui de Christophe Gans se révèle passionnant et indispensable.
Note : 7/10