Des Hommes sans Loi - John Hillcoat - 2012
Petite déception de la part de John Hillcoat qui revient après l’excellent The Road à un projet plus modeste bien qu’excitant sur le papier. Une histoire simple au temps de la prohibition qui nous relate le quotidien de 3 frères qui se sont spécialisés dans la contrebande d’alcool. Les deux aînés sont deux fortes têtes interprétées par le toujours impressionnant Tom Hardy et sa voix sortie d’outre tombe ainsi que par le chien fou Jason Clarke. Mais c’est le cadet de la fratrie (Shia LaBeouf) qui sera le personnage principal de ce récit très linéaire et qui manque un peu de piment malgré quelques pics de tension agrémentés de violence (qui tâche).
Visuellement, il n’y a rien à redire, le réalisateur australien a déjà prouvé par le passé qu’il était un solide technicien. La reconstitution d’époque vaut le coup d’œil, les cadres et la photo sont léchés, la BO propose de belles envolées mais il manque un truc indescriptible, quelque chose qui ferait décoller ces Hommes sans Loi vers les cimes du plaisir cinéphile. Pourtant, pour les amateurs de films de gangsters, les 2 heures passent comme une lettre à la poste même si on peut regretter ce choix narratif de faire du freluquet de service le héros de cette histoire. LaBeouf s’en sort plutôt pas mal mais les meilleures scènes sont évidemment à mettre au crédit d’Hardy et Clarke. Dès qu’ils disparaissent de l’écran, on a qu’une seule hâte, qu’ils reviennent !
D’une manière générale, on est clairement face à un bon film mais un sentiment d’inachevé prégnant nous envahit lorsque le générique de fin fait son apparition. Un peu frustré par un climax pas si emballant que ça alors que la tournure des évènements laissait présager d'un règlement de comptes intense. Le "bad guy" trépasse dans une forme d'anonymat pas vraiment à la hauteur de sa démesure (d'ailleurs, il en fait un peu trop l'ami Guy Pearce). Tout ça manque un peu d'ampleur et puis faut aussi dire que je suis en train de me faire la série Boardwalk Empire en ce moment, et forcément la comparaison est inévitable et un peu douloureuse. On en vient à regretter l'évocation distanciée des figures mythiques de l'époque de la prohibition, ce qui est encore plus dommageable quand on voit les 2/3 excellentes scènes réservées à un Gary Oldman qui bouffe lui aussi l'écran pendant quelques trop courtes minutes. Hillcoat filme une histoire à hauteur d'hommes et s'y tient. Tant pis pour le spectateur, et pour la postérité, on repassera...Reste un exercice de style bien exécuté et plaisant, malheureusement trop classique et qu'on regrette de ne pas voir se hisser au niveau des sagas de Martin Scorsese, des Incorruptibles ou même du très bon film de Sam Mendes, Les Sentiers de la Perdition.
7/10