Kamikaze Club, de Kinji Fukasaku (1968) L'histoire : Dans le Japon des années 1960, quatre voyous se spécialisent dans les affaires de chantage. Mais en s'attaquant à des yakuzas et à des politiciens corrompus, ils visent peut-être trop haut...1968 se révèle être une année décisive pour Fukasaku... Outre
Bataille au-delà des étoiles (nanar de science-fiction qui lui permet de se faire connaître aux Etats-Unis) et
Le Lézard noir (adaptation d'un roman d'Edogawa Ranpo qui le voit flirter avec le style de Seijun Suzuki), il livre
Kamikaze Club. Le cinéaste semble ici vouloir dynamiter le
yakuza eiga, tout d'abord sur un plan formel : ralenti,
freeze frame, passage au noir et blanc et au sépia, il tente d'apprivoiser ce style qu'il maîtrisera à la perfection sur
Le Cimetière de la morale. Hélas, pour l'heure, ces techniques, loin de rendre compte du chaos de son époque, agacent faute de maîtrise et malmènent tant l'immersion que le rythme de l'ensemble. Dommage, car ces quatre amis qui décident de tourner le dos à une vie de frustration et de profiter du boom économique du Japon d'après-guerre en s'en prenant aux puissants, se montrent particulièrement attachants... Mais ces artifices sont le premier obstacle à franchir pour le spectateur qui peinera à s'intéresser à cette histoire sur la longueur : l'ennui guette, bien vite, la faute en outre à une écriture brouillonne. Ce long-métrage se suit avec une lassitude sans cesse accrue mais, heureusement, une conclusion glaçante nous rappelle qui est derrière la caméra et la force qu'il saura donner à ses œuvres futures.
Note : 5/10