DANSE AVEC LES LOUPS - Kevin Costner (1990)
Redécouverte totale de ce chef d’œuvre plus de dix ans après ma dernière vision, et dans sa version intégrale. Un film immense, dans lequel Costner a mis toute sa passion, toute sa force, toute son âme, et même son propre argent.
Car oui, à l'époque où il lance ce projet avec son ami Michael Blake (auteur du livre qui a inspiré le film), Kevin Costner n'est encore qu'une étoile montante du cinéma hollywoodien, dont le fait d'arme le plus marquant est sa performance d'Elliott Ness dans Les Incorruptibles.
Passionnée depuis toujours par l'histoire de son pays, et plus particulièrement par tout ce qui concerne les différents peuples indiens, il se lance à corps perdu dans une entreprise totalement folle. Une épopée de presque quatre heures, narrant l'histoire d'un lieutenant nordiste pendant la Guerre de Sécession, qui va bientôt se retrouver seul dans un avant poste de l'Ouest sauvage, et sera confronté à une tribu de Sioux, installée non loin de là. A leurs contacts, sa vision du monde sera totalement chamboulé, à tel point qu'il deviendra l'un des leurs.
Mais, non content de choisir un sujet plutôt sensible pour l'inconscient collectif américain dès son premier film, il fait également le choix de laisser les Indiens s'exprimer dans leurs langues et non en anglais. Ce qui implique des sous titres sur une grande partie du film, que l'on ajoute à une durée considérable et un budget limité (treize millions), et l'on se rend compte alors à quel point la prise de risque de Costner était quasiment suicidaire, puisqu'un échec aurait immédiatement mis un terme à sa carrière naissante de réalisateur.
Heureusement il n'en sera rien, le film sera un immense succès, aussi bien public que critique, et recevra sept oscars dont les deux plus prestigieux. Un triomphe pour Costner, et l'on comprend aisément ce qui a fait la réussite d'une telle œuvre, qui, vingt trois ans après sa sortie, n'a rien perdu de sa force et de sa maturité.
Une épopée flamboyante à hauteur d'homme, à la fois épique et bouleversante, qui traite avec intelligence d'un sujet souvent montré de manière manichéenne, et qui s'impose comme une pièce magistrale du patrimoine cinématographique US.
La rencontre de deux peuples que tout oppose, et qui vont apprendre à se découvrir, à vivre ensemble, et même à s'aimer. Le tout sans jamais tomber dans la caricature ou l’excès de bons sentiments, chaque coté ayant ses parts d'ombres, même si le film prend clairement le parti des indiens. Un vrai film humaniste, porté par un réalisateur/acteur en état de grâce, et dont la sincérité du travail et l'amour de son sujet s'avère totalement bouleversante et salutaire dans une industrie rongée par le cynisme.
Une œuvre magistrale à plus d'un titre, à tel point qu'il est difficile de croire que c'est un premier film, tant tout est maitrisé de A à Z. Une reconstitution d'une minutie incroyable, un rythme lancinant mais qui n'ennuie jamais, une réalisation de main de maitre qui magnifie chaque personnage ainsi que les sublimes décors du Dakota du Sud, un sens de l'épique démesuré (la chasse aux bisons reste encore aujourd'hui un monument) et une direction d'acteurs impeccable.
A ce titre, Costner s'avère tout aussi à l'aise devant la caméra, livrant une de ses plus belles performances dans un rôle très dense. Graham Green est parfait en chef et les autres acteurs indiens du film apportent vraiment une crédibilité indispensable à l'ensemble. Mary McDonell est un peu moins convaincante mais n'entache en rien la qualité de l'ensemble. John Barry livre quant à lui une partition d'anthologie.
Bref, je pourrais vous parler pendant des heures des nombreuses qualités du film, tant il est d'une richesse inépuisable, mais certains l'ont déjà très bien faits. Je me contenterais de conclure en disant simplement que c'est un chef d’œuvre intemporel que tout cinéphile se doit d'avoir vu !
Kevin, tu es un grand !
10/10