Les avis de vos dernières lectures

[Jeff Buckley]

512 pages chez Gallimard Jeunesse. Je la côtoie pas souvent cette jeunesse...

[Dunandan]

On doit pas y voir la même chose. Finis-le.

Déjà pour moi la religion c'est secondaire (enfin pas vraiment mais c'est pas a ucentre de l'oeuvre, elle n'en représente que les bords). C'est l’instinct de survie, les contradictions qu'il induit en nous, les règles qu'il nous emmène à violer, l’humanité qui en prend un coup, mais la Foi qui persiste malgré les évènements tragiques, malgré la bestialité de notre instinct et des actes qu'il provoque. Pour moi Pi c'est ça. En gros. C'est très profond pour moi et faut pas oublier qu'un départ c'est un livre pour enfant. Coelho lui il se vante d'écrire pour les adultes... Compares ce qui est comparable. Moi j'ai trouvé ça passionnant, Pi c'est devenu mon héros et ce que je trouve incroyable dans ce livre c'est la fin qui permet de puis de tout le reste. Je trouve pas ça plus "bête" que n'importe quel mythe biblique, mythe autre, conte etc... J'y vois un sens bien plus profond d'ailleurs. Sur la Foi "malgré " les réalités de la Vie" , classique ok mais ici, tout m'y fait adhérer à fond.

Après un long passage qui m'a saoulé, je suis rentré dans le premier tiers (partie survival), et je me remets à apprécier.

Et c'est même violent pour un livre jeunesse, pauvre zèbre .

[Waylander]

Purée t'en es que là. Tu trouves ça violent attend de voir la suite (personnellement je vois pas du tout pourquoi ce livre est considéré comme un roman jeunesse). Pauvre zèbre pas tant que ça: c'est la nature. Et c'est là tout le message du roman. Qui plus est la hyène met fin à ses souffrances (les pattes brisées un zèbre ça survit 2 jours et en plein océan là franchement...mais on en reparle quand tu l'auras terminé. ) Pour moi Pi c'est bourré de références (involontairement ou non).

J'ai relu le Vieil homme et la Mer et j'ai bien plus aimé que la première fois.

[Dunandan]

J'avais éprouvé un gros creux entre les explications sur le zoo et le périple, mais maintenant ça va. J'avance lentement car je lis des romans seulement dans le métro que je prends 3x par semaine

Sinon ouais j'avais capté le message, mais les détails pour un roman jeunesse ça m'a

[Waylander]

Comparé à du Ellroy, on est loin du talent de Ellroy, comme Ellroy c'est très dense, 900 pages ici, sauf que tout n'est pas très intéressant, ici on suit donc la vie entière d'un serial killer ( de sa naissance ( par viol de sa mère ) en passant par son internement en asile pour le meurtre de sa mère à l'age de 10 ans jusqu'à sa cavale à travers les EU où il sèmera les cadavres ).
Le soucis du livre c'est de vouloir TOUT raconter en multipliant les points de vue, alors quand on est avec le tueur, les flics enquêtant ou le journaliste c'est très bien, mais y a des digressions de dizaine de pages où ça parle politique ou on nous raconte la vie de certaines victimes et clairement ça n'apporte rien de plus à l'histoire, ça a tendance à alourdir la narration, c'est dommage car avec un truc plus concis ( y a au moins 300 pages de trop ) on tenait un truc vraiment sympa, là au final c'est lourd à lire.

Ouais je pense que le Ellroy est bien meilleur alors (et puis moins prétentieux et mégalo niveau "épaisseur" du livre). Par contre pour les victimes qu'on développe un pote m'a dit que justement ça montrait que le mec tuait pas des saints et que l'auteur voulait dire par là que certains politiques, financiers etc..par leurs métiers, les coups bas, les pots de vins, la compétition, les mensonges etc...ça devenait eux les plus grands tueurs. Non ?

[Scalp]

Non c'est de la très grosse exrtapolation ça.

[Waylander]

Je viens de terminer SILENCE de Shusaku Endo et c'est pas trop mal.

Le film de Scorsese sera certainement très proche de sa Dernière Tentation du Christ car les thèmes sont plus que similaires. Silence sera certainement renié de sa filmo par pas mal de mecs ici.

Visuellement, on devrait avoir un film très monotone, dépressif, pluie, brume, Japon médiéval, samouraïs , torture, Foi des missionnaires mise à l'épreuve, introspectif à souhait, le personnage principal s’identifie souvent au Christ, c'est une profonde remise en question de plusieurs choses : l'évangélisation, la portée universelle des religions, l'apostasie et ce qu’elle implique, la fragilité des convictions quand on les malmènent, quand on doit les respecter au sein d'un époque/période plutôt mouvementée, difficile et violent etc...

Des extraits de véritables lettres jalonnent le roman. un peu court, parfois pas aussi approfondit qu'on le voudrait notamment au niveau des controverses et au final, la place du bouddhisme est trop restreinte pour faire du livre quelque chose de plus objectif car les Japonais sont quand même très diabolisés (ou débiles au choix : l'auteur est japonais mais catholique...) mais plus on avance plus on comprend un peu pourquoi vu le final. Par contre c'est quand même très subtil sur la condescendance que peuvent avoir les prêtres et les contradictions qui les habitent. Le désir/besoin de s'identifier/se comparer au Christ comme un remède, comme une force mais aussi comme un voile qui aveugle et peut rendre vaniteux et fier, en contradiction avec le message. Le guignol de service qui répète au prêtre, après l'avoir trahit, " Je suis faible, désolé de ne pas être fort comme vous mais Dieu m'a créé faible, pardonnez-moi !" hantera lui aussi le protagoniste de l’œuvre. Silence peut aisément se voir comme une relecture de la relation entre Jésus et Judas et plus largement,du Nouveau Testament (mais très résumé). C'est aussi un livre sur l'esprit "fermé" du Japon au 15 ème siècle. La rectitude des shogunats.

Le "Silence" c'est celui de Dieu, c'est cela qui perturbe le personnage principal. Ce "Seigneur" muet le hante et le tourmente. Son propre silence le torture. Au final j'ai trouvé que le livre n'était pas aussi riche en informations que je le pensais sur les religions : les discussions sur ce thème sont d'ailleurs pas si géniales. Succinctes qui plus est. Un peu facile. Je le conseille vivement à Dunandan car tout est là pour lui plaire. Japon, Christianisme, Samouraï.

Extraits :

Si forte que soit la foi, la crainte physique peut avoir raison de nous.

Derrière le silence oppressant de la mer, le silence de Dieu,..le sentiment qu'alors que les hommes crient d'angoisse, Dieu, les bras croisés, se tait.

Le péché, songea t-il, ce n'est pas ce qu'on croit communément, ce n'est pas de voler et de mentir, c'est, pour un homme, de marcher brutalement sur la vie d'un autre, insoucieux des blessures qu'il laisse derrière lui.

- Il est des cas, mon père, où le courage n'est qu'une source de malheur pour autrui. C'est ce que nous appelons un courage aveugle. Bien des prêtres, fanatiquement, aveuglement courageux, oublient qu'ils n'attirent ainsi que des ennuis aux Japonais.

- Dieu me demande d'imiter les forts quand bien même il m'a créé faible. N'est-ce pas déraisonnable ?

N'importe qui peut être séduit par la grâce et le charme. Peut-on appeler amour cette inclinaison ?
le véritable amour , c'est d'accepter une humanité avilie, pareille aux chiffons et aux loques.

L'homme vaincu emploie n'importe quelle arme pour se leurrer et se justifier.

Il préférait que la mort vint, au plus vite, mettre un terme à une incertitude quotidienne et intolérable.

[Mark Chopper]

A l'annonce de sa retraite, en octobre dernier, j'ai ressenti l'envie de (re)lire toute l'oeuvre de Philip Roth. Rarement cité parmi ses réussites, "Un homme" demeure pour moi l'un de ses plus grands chefs-d'oeuvre.

En 150 pages à peine, l'auteur parvient à évoquer toute la vie d'un homme : son enfance et sa relation avec ses parents, ses amours et ses échecs sentimentaux, sa vie professionnelle et sa passion pour l'art, ses rapports avec ses enfants et surtout avec la mort, une mort qui se rapproche et qui l'angoisse...

Rarement un livre ne m'aura à ce point fait réfléchir sur ma propre existence, tant l'empathie pour ce personnage anonyme fonctionne. Et si le sujet affiché, la vieillesse et la mort, vous attire peu, sachez bien qu'il n'y est en fait question que de la vie.

[Dunandan]

Un sujet qui m'intéresse

[Val]

Merci pour cet avis, je voulais justement m'attaquer à Roth et ne savait pas trop par quoi commencer, et là tu me donnes envie

[Akrocine]

Pour Silence j'en suis ressortie plus que mitigé, j'en attendais peut-être un peu trop vu le culte que lui voue Scorsese

L’adaptation de Masahiro Shinoda est plus que fidèle, j'ai moyennement aimé mais je pense qu'après avoir lu le roman je l'apprécierai un peu plus.

[Mark Chopper]

Merci pour cet avis, je voulais justement m'attaquer à Roth et ne savait pas trop par quoi commencer, et là tu me donnes envie

Pour avoir lu une petite vingtaine de ses livres, je trouve qu'il s'agit effectivement d'une porte d'entrée idéale.

Et si tu apprécies, tu pourras te lancer dans le cycle Zuckerman.

[Val]

[Waylander]

Je ne me souviens plus qui me l'avait conseillé ici.
Gros de cœur.
Une nouvelle entrée dans mon top livre.
D'une rare puissance évocatrice tout en restant court et simple. Bouleversé et touché personnellement par cette relation d'amitié , je me suis littéralement immergé dans ce ranch et fantasmé sur la ferme idyllique de George et Lennie. L'espoir peut-être un moteur mais aussi un leurre. A conseiller à Heatmann direct.

Je me demande si Stephen King ne s'est pas inspiré de l'époque et de Lennie pour écrire La Ligne Verte et John Coffee. Ce qui suis spoil le livre.

En parcourant Des souris et des hommes j'ai pensé à une adaptation cinématographique (les deux existantes ont l'air wtf surtout celle de Sinise) à une filiation évidente avec les œuvres de Malick, Murnau, les romans de McCarthy, certainement Faulkner... Voici ce que j'ai imaginé :

Je n'ai pu m'empêcher de me construire mon propre film et je me dois de faire partager mes idées. Je débuterai par une citation du livre "De si jolis chevaux" de McCarthy. En anglais - mais en français ça donne : " Il pensait que dans la beauté du monde il y avait un secret qui était caché. Il pensait que pour que batte le cœur du monde il y avait un prix terrible à payer et que la souffrance du monde et sa beauté évoluaient l'une par rapport à l'autre selon des principes de justice divergents et que dans l'abyssal déficit le sang des multitudes pourrait être le prix finalement exigé pour la vision d'une seule fleur.". Ensuite, le film commencerai sur une introduction en cinemascope très léchée, pourquoi pas shooter en caméra HD. Plans successifs et statiques (surtout) de plusieurs parties d'une ferme, des plans de lapins, de poules, de bétails , de champs, coucher de soleil très contrasté,ciel infini, ombres chinoises de deux hommes chapeaux de cow-boy, côte à côte, fondu au noir.

Titre qui apparaitrait peu à peu "Of Mice and Men". La prochaine scène serait de nuit pour habituer peu à peu au changement de format: du 2.35 on passe au 1.85 et d'une mise en scène académique et classique + image HD on passe à une image pellicule et une mise en scène -jusqu'à la fin - en steadycam. Ce serait forcément influencé par Malick sauf que les plans contemplatifs n'auraient pas du tout la même tonalité. L'idéal ce serait Lubezski à la Photo, Nick cave à la musique et je vois bien le film partir vers un mélange entre Malick et Hillcoat justement (pour ça aussi que je choisis Nick Cave mais Beltrami et son morceau final de No country for old men m''inspire énormément).

Pourquoi un changement de format et de texture d'image : Faut avoir lu le livre. Faut comprendre qu'il y a en tout homme une part de rêve, des projets et des fantasmes qui ne réaliseront jamais. Des idéaux dont la conception et le ressentit s'éloignent de nos sens primaires (donc de la réalité) pour être fortement influencer par nos désirs les plus profonds. La ferme de l'introduction seraait la seule scène du film où l'on verrait à l'écran ce que se représente Lennie et George. Un paradis, lisse, magnifique, paisible, silencieux. La réalité semblerait plus terne, plus organique, plus mouvementée. C'est purement métaphorique et je laisserai le soin au public de se remémorer l'intro lorsque George, dos à Lennie avant de le tuer, décrit ce lieu.

Je rajouterai une scène absente du livre , la fuite de Lennie en un long plan séquence qui partirai de la scène du "crime" jusqu'à lui entrain des courir à des miles du ranch, plan aérien mais pas trop éloigné du sol puis toute une course solitaire perdu dans la nature, en pleurs et se parlant à lui-même. La fin je l'ai aussi en tête avec un plan de face de George debout, Lennie face à lui la tête directement vers le spectateur, focale courte, les deux acteurs très nets donc et un putain de flou arrière où l'on devine des silhouettes entrain de courir vers eux. Fin d'après-midi le soleil commence à bien décliner. Lennie est émerveillé par la vision de la ferme que lui offre pour la énième fois son meilleur ami. Des larmes d'éblouissement (soleil face à lui mais aussi l' émotion).

Plan du flingue que jette George après avoir tué Lennie : l'arme se tient près d'une souris morte (clin d’œil à celle jetée par George au début du livre). Le livre commence au même endroit qu'il termine et je veux donc faire quelques clins d’œils pour clore l'histoire de la manière que je trouve le plus symbolique donc en plus de la souris, le dernier plan du film serait un hommage à Malick et son last shot de la Ligne Rouge. Une fleur entrain d'éclore s'abreuve du sang de Lennie et là je met donc en image la citation de l'ouverture du film. Moi ça me plait. Je veux Tom Hardy pour jouer Lennie (je ne connais pas sa taille mais on peut le grandir avec des techniques à la Peter Jackson ) et pour la blonde je verrais bien Chastain mais là ça fait trop casting de Lawless. Voilà c'était donc un trip.

Extraits :

Intro de Joseph Kessel :

La prairie sauvage et le rêve le plus humble, le plus tendre, vivent dans ces vagabonds, dans ces brutes mal détachées de l’animal et de la terre. Le grand vent, la grande plaine, la grande pluie et les grandes tristesse circulent autour d'eux.

Certains auteurs de l'Amérique du Nord disposent d'un secret impénétrable.
Ils ne décrivent jamais l'attitude et la démarche intérieures de leurs personnages. Ils n'indiquent pas les ressorts qui déterminent leurs actes. Ils évitent même de les faire penser.
Voilà ce qu'a fait cet homme ou cette femme. Et voilà leurs propos. Le reste n'est pas votre affaire. Ni la mienne, semblent dire au lecteur Hemingway, Dashiell Hammett, Erskine Caldwell, James Cain.
Une approche aussi superficielle en apparence devrait, logiquement, exclure toute perception profonde des êtres et, en eux, tout cheminement spirituel. Ils ne devraient pas avoir de substance, de densité humaine, de vérité.
Or, et c'est un mystère , ils vivent tous avec une intensité et une intégrité merveilleuses. Avec leur poids de chair. Avec le mouvement du cœur et les reflets de l'âme.


Y a pas besoin d'avoir de la cervelle pour être un brave type. des fois, il me semble que c'est même le contraire. Prends un type qu'est vraiment malin, c'est bien rare qu'il soit un bon gars. George.

J'sais bien que, le plus souvent, lennie est sacrément embêtant, dit George, mais on s'habitue à rouler avec un type et on peut plus s'en passer.

(à propose de la ferme idéale) : George était assis, médusé par sa propre vision.

(Plus tard, c'est un autre mec du ranch qui reprend cette vision et la décrit à sa manière) : Il s'arrêta, débordé par son tableau.

Les livres, c'est bon à rien. ce qu'il faut à un homme, c'est quelqu'un ...quelqu'un près de lui.

Imagines un type ici, tout seul, la nuit, à lire des livres, peut-être bien, ou à penser, ou quelque chose comme ça. des fois, il se met à penser et il n' personne pour lui dire si c'est comme ça ou si c'est pas comme ça. Peut-être que qu'il voit quelque chose, il n'sait pas si c'est vrai ou non. il ne peut pas se tourner vers un autre pour lui demander s'il le voit aussi.Il n'peut pas savoir. Il a rien pour mesurer. Crooks.

Merci de m'avoir fait découvrir ce roman.

[Heatmann]

le film avec malkovitch et sinise est comme ca