Joliment mis en scène malgré un caméraman Parkinsonien, ce petit bijou méritait-il autant d'éloges ? Une photographie sublime, une immersion évidente grâce à la mise en scène souvent proche des personnages et un décor pittoresque, une toute jeune actrice , la révélation de l'année à n'en point douté avec son petit regard vengeur , un scénario plutôt épuré une narration typée "quête initiatique" avec l'enfance pour thème central : l’enfance face à la mort, à la misère, au lien paternel bancal (père alcoolique qui élève sa fille à la dur) mais qui forge comme il faut avec ce qu'il faut pour s'endurcir pour une vie pauvre et très rude et enfin, la recherche de l'amour via l’imagination, via le personnage fictif de la mère. Présence rassurante et enivrante
(ce qui est assez sympa c'est que ce que raconte le père sur la mère ressemble à la femme que l'on voit à la fin et qui danse avec la petite : est-ce que la mère et la fille ont donc partager quelques paroles et une danse sans le savoir ou est-ce encore l'imagination de la petite ?)
La narration ressemble parfois à du Malick (mais pas l'ambiance) : voix-off qui ne raconte pas du tout ce que l'on voit à l'écran mais qui paris sur d'autres horizons, pourtant cohérent avec le film, la caméra à l’épaule (pas steadycam), les mouvements souvent voluptueux et amples de la caméra etc... On a presque l’impression de voir Where the Wilds Things are mais en version bien plus profonde, plus mature et plus âpre tout en étant face à une expérience similaire. Les Bêtes du Sud Sauvage est un conte plutôt atypique et parfois ennuyant car le fil narratif semble par moment assez décousu. Les perosnnages sont peu attachants hormis la petite, moins le père et pas du tout les acteurs secondaires.
Le fond du film est sans doute traité de manière trop métaphorique pour être assez évident à comprendre : on capte aisément l'analogie faite avec le désastre en Louisiane et l'ouragan Katrina, on capte aussi la misère des gens des bidonvilles du bayou et de la mangrove, leur solitude, leur vie pourtant joyeuse, bon vivante et solidaire mais perdue et pouilleuse. Fable écologique , fable sur l'enfance, sur la vie, sur la misère et les force de la nature, de l'univers, Les Bêtes du Sud Sauvage est un mélange magistral qui fonctionne à merveille : comment ne pas s'attendrir pour cette Hushpuppy fière, téméraire, rêveuse mais avec du caractère, du tempérament et une trempe de "femme" ? Comment ne pas adorer cet enfant pour qui tout "vit", tout à un couer qui bat, cet enfant qui écoute les pulsations cardiaques de chaque être qu'elle croise ?
un "peuple" qui refuse l'aide humanitaire, qui refuse de bouger de son petit coin de "paradis", un peuple qui se refuse la vie en ville et qui fantasme sa condition pour mieux l'assumer, pour mieux l'appréhender : la plupart des dialogues père/fille illustre bien tout ça: une fuite dans l’imaginaire pour mieux affronter la réalité. Ainsi, les Aurochs gelés dans les glaces du pôle nord qui s’apprête à fondre et faire monter les eaux sont une belle métaphore des forces de la planète. L'orage en est aussi une facette. Le film devient par la suite, son dernier tiers, une petite et subtile relecture de l'arche de Noé. Encore un peu perplexe sur l'écriture du film un peu vague et un message ambigu (faut que je revois le film parce que je suis un peu choqué de ce que le film tente de faire passer quand on sait que le gouvernement Bush à l'époque de Katrina avait tardé à envoyer des secours : grosse polémique etc. et je ne capte pas trop le film à ce niveau : qu'est ce que le cinéaste veut dire ? Que les gens doivent se débrouiller seul, dans leur misère, parce qu'ils l'ont choisis ? ...). En tout cas , le film mérite ses prix : une perle, un ovni, une autre facette du cinéma américain, des casteurs inconnus, un point de vue jamais abordé outre-atlantique, un film "magique" et pourtant très réaliste, très lucide sur la Vie et la Mort. Et en prime, une soundtrack très ressemblante à Jesse James.
Bah là pour le coup, c'est plus une question de réception du trip, je dirais jamais que le film a pas de qualités, ça serait faux, mais là pour le coup ouais, pas du tout mon truc (et je pense que c'est typé indépendant sur la forme pour que ça te plaise aussi, même si je peux me tromper).
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."