Strange Days Katheryn Bigelow - 1995
I am the magic man. I am your link to the subconscious. I have what you want. I can get you what you can't have.
Four monumental au BO ( 7 millions de recette pour 42 millions de budget ) ce film reste pourtant le meilleur film de Bigelow. Et dès l'intro et ce plan séquence de malade ( forcément truqué d'ailleurs ) on entre dans le film.
Porté par un script vraiment solide avec des idées vraiment originaesl : le coup des rêves c'est une super idée et surtout quand c'est aussi bien retranscrit à l'écran ( c'est d'ailleurs le seul élément cyberpunk du film, le reste c'est ni plus ni moins que du polar et même du film noir ), si c'est Cameron est bien responsable du script et je dis bien SI ( car bon Bigelow a participé au script, ça c'est certain ), alors c'est largement son meilleur script à ce jour.
Le film est vraiment riche et les pistes narrative et sous texte sont nombreuses, au début on sait pas trop où va nous emmener cette histoire où on croise des flics ripoux, un serial killer et un agent du showbizz over the top, on se dit qu'on est en plein thriller parano, et puis le parallèle avec Rodney King est très bien exploité sans que ce soit lourdingue.
Je trouve vraiment ce film très bien écrit, c'est jamais inutilement bavard et Bigelow arrive à nous donner pleins d'infos via sa mise en scène et sans avoir recours au dialogue de trop. Et on dépasse largement les 2h de métrage. Le film prend son temps pour vraiment lancer son intrigue, sans que jamais ce soit chiant à suivre, au début c'est juste Lenny et ses combines. Et on a 2 storyline bien distinctes qui n'empiètent jamais l'une sur l'autre.
"Maybe it's time for a war
Ce Los Angeles semi apocalyptique est très crédible, on sent bien la ville au bord de l'explosion à la moindre étincelle. Et puis on a un triangle amoureux qui fonctionne vraiment, c'est d'ailleurs ça le vrai moteur du film, c'est cette obsession de Lenny pour son ex qui le pousse à agir bêtement, c'est l'obsession de Mace pour Lenny qui la pousse à toujours venir l'aider même elle désapprouve totalement son mode de vie.
Et puis surtout le truc qui fait la différence c'est qu'il y a pas de concession, ici c'est du bon gros R qui tache, alors y a pas du headshot ou du gore outrancier mais les scènes de viols sont vraiment éprouvantes et viscérales, le genre de film qui ne sortirait pas aujourd'hui, à la place on a des Blade Runner tout consensuelle.
Le film est blindé de plans classes (on sent que Bigelow prend plaisir à mettre en valeur ses personnages) et bien entendu de plan séquence de malade. Celui qui ouvre le film est réellement bluffant d'ailleurs Bigelow explique qu'une caméra spéciale a été conçu ( pour la petite touche technique c'est une pogocam qu'elle avait déjà utilisé dans Point Break qu'elle a customisé à un steadycam pour essayer de retranscrire au mieux ce que l'oeil voit vraiment ainsi quand l'oeil balaie la pièce d'un coin à l'autre très rapidement fallait que ça ait un effet particulier ), ici pas de fixation à la steady, le caméraman tient la caméra tout au long de la séquence et la scène a été un gros bordel a tourner mais le résultat à l'écran est proche du jamais vu ( enfin à l'époque)), d'ailleurs ça vaut le coup de citer que ce steadyam c'est Jim Muro ( qui bossait déjà sur Point Break ) et c'est un génie.
Ce plan séquence est le plus bluffant techniquement, les autres par contre sont clairement plus dérangean,t celui du viol est terrible, et c'est une scène qui est bien plus marquante que pleins de films où on se dit "cool on est badass avec notre viol bien méchant", ici l'idée du POV est sacrément tordu et l'immersion donne une drôle de sensation, ici on est dans une position de voyeur encore plus malsaine que chez De Palma. A coté des plans séquences on a aussi Bigelow qui filme l'action et encore une fois c'est rudement efficace, bon ici c'est pas un film d'action comme Point Break, y a pas réellement de longues séquences mais chaque petites scènes d'action est une réussite, la première avec Angela Bassett qu'on découvre en action woman est un modèle d'iconisation badass, quand à celle avec les 2 flics qui se termine avec une chouette course poursuite en voiture bein c'est techniquement irréprochable.
"You're gonna be in my next song. It's called "RoboSteckler." It's about a cop who met his worst nightmare: a nigga with enough political juice to squash your ass like a stinkbug! You gonna be famous, fucker!"
Ralph Fiennes en héros loser beau parleur qui s'en prend plein la tronche on dirait du Shane Black, Fiennes est vraiment bon et il trouve ici un de ses meilleurs rôles et franchement il est vraiment excellent c'est le genre de perso que j'adore en 2 minutes, Bassett en femme forte amoureuse c'est tout pareil, jla kiffe, d'ailleurs on sent que Bigelow aime vraiment ce personnage tant elle l'iconise dès que c'est possible ( son premier plan pue la classe et quand elle se fight pfff c'est magistral ) Bassett c'est un actrice que j'aime bien et c'est dommage qu'elle ait pas plus de rôle car putain elle dégage vraiment quelque chose, le reste du casting est tout aussi bon avec Juliett Lewis quand elle était encore actrice est plutôt convaincante bon son personnage est tête à claque mais elle le fait très bien et puis j'adore quand elle chante ( sa robe joue beaucoup sur mon appréciation ), Tom Sizemore avant j'aimais bien dire que c'est un acteur que j'aime bien mais bon vu que maintenant c'est un peu un violeur de gosse il a le droit à la jurisprudence Polanski autrement appelée jurisprudence FDP, Wincott dans un rôle un peu batard mais il a toujours une bonne tête d'enculé ( on regrette quand même son rôle soit pas plus étoffé ), et les flics ripoux D'Onofrio et Fitchner font très bien ce que demande le script à savoir faire les gros enculés qui tirent dans le tas.
Pour ne rien gâcher la Bande son déchire sa race, ça m'a fait plaisir de réécouter Skunk Anansie et tout le reste de la soundtrack est du même acabit, bon après la BO par contre je la trouve pas spécialement marquante.
Bigelow c'est qui ? bein la plus grand réalisatrice de l'histoire, qui d'autre.
"Look... everyone needs to take a walk to the dark end of the street sometimes, it's what we are."
9,5/10