LE DERNIER JOUR DE LA COLÈRE - Tonino Valerii (1968)
Jusqu’à maintenant, le nom de Tonino Valerii, ancien assistant réalisateur de Sergio Leone, n'évoquait pour moi que son film le plus connu, Mon Nom est Personne, dont je ne garde pas un grand souvenir. Et c'est peu dire que la découverte de ce film est une sacrée surprise, puisqu'il s'impose directement comme un classique du genre, un western qui alterne entre le classicisme du western américain et le spaghetti avec son lot de personnages immoraux et sa bonne dose de violence jubilatoire.
Partant d'un postulat simple, un jeune homme devenu la risée de son village qui va faire la rencontre d'un tueur et devenir son élève pour se venger, Valerii développe des personnages intéressants et prend le temps d'installer l'intrigue et ses enjeux, et de les faire évoluer considérablement dans la seconde partie en apportant une dose de noirceur bienvenue.
Pour les incarner, on retrouve l'immense Lee Van Cleef dans le rôle du tueur et on peut dire qu'il est parfait pour le rôle, tantôt bienveillant lorsqu'il s'agit d'enseigner l'art de tuer à son jeune apprenti (avec toutes les règles que cela comporte, introduite de très belle manière), mais qui peut aussi se montrer impitoyable.
Le jeune souffre douleur est interprété par Giuliano Gemma, un personnage très attachant, qui peut surprendre au départ puisqu'il est vraiment dépeint comme un idiot, et qui va prendre de l'ampleur au fur et à mesure du film, jusqu’à surpasser son maitre. Le duo fonctionne également grâce à une écriture impeccable, des situations toujours ludiques et surtout une issue poignante.
Du point de vue de la réalisation, même si Valerii lui n'atteint pas le niveau de son maitre, il livre tout de même une mise en scène soignée.
Choix des cadres judicieux, scènes de gunfights audacieuses (notamment le duel à cheval, un modèle de réalisation), et surtout un rythme parfaitement équilibré, alternance de séquences initiatiques et scènes d'actions brèves mais intenses. Les fans du genre seront comblés, le film a vraiment une belle patte et ne trahit pas un budget qu'on imagine assez mince.
Le tout est bien mis en valeur par la superbe composition de Riz Ortolani, dont le thème principal a été repris récemment dans le Django de Tarantino.
Au final, Le Dernier Jour de La Colère est un sacré bon western, et prouve qu'il faut savoir parfois s'écarter des incontournables du genre pour découvrir de belles pépites.
8/10