[elpingos] Mes critiques en 2013

[Jimmy Two Times]

Ma rétro Kitano est imminente. Je viens de commander Achille et la Tortue, Takeshi's, A scene at the sea et Dolls. Getting any, ça sera Albanie surement. Il me manquera juste kikujiro, impossible de le trouver à un prix décent...

[Mark Chopper]

J'ai des bonnes adresses, si tu veux. Etant dans la même situation que toi...

Quand ils veulent chez Canal pour rééditer les premiers Kitano.

[Jimmy Two Times]

Pour Getting Any et Kikujiro, ça m'intéresse!

[elpingos]

WRONG
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Quentin Dupieux (2012) | 7,5/10

Agréable de voir que Quentin Dupieux continue de tracer sa route toujours sinueuse dans le cinéma, proposant une fois de plus un film expressionniste et décalé, mélange iconoclaste de comédie burlesque, de film noir et d'abstraction Lynchienne.

Mais une fois de plus difficile de situer ce Wrong sur le plan rationnel tant les idées délirantes qui peuplent ce métrage dépassent allégrement du cadre et sont tout à la fois brillantes, paradoxales ou carrément grotesques. Wrong réussit néanmoins là où Steak échouait, en proposant des trames riches et intéressantes, et relativement bien amenées. On y suit un homme enquêter sur le kidnapping de son chien, son jardinier s'embourber dans une relation amoureuse, un détective remonter les souvenirs d'un étron, un gourou philosophe qui fait du mal aux gens pour ensuite leur fait du bien, et un voisin asocial qui trouve sa route dans un désert.

Ce qui peut gêner derrière ces idées foutraques et existentialistes, et qui s'avère assez perturbant, c'est l'ambition de Dupieux à distordre ainsi les repères habituels. Si ses idées sont toutes assez drôles en soi, et preuves d'un imaginaire passionnant et d'une tonalité unique, tonique, difficile de ne pas se sentir parfois désarçonné, et assez perplexe sur le but de la démarche (et de s'interroger son éventuelle absence justement). Car les ruptures de ton et de style, si elles s'avèrent à la fois surprenantes et originales, sont parfois trop dérangées pour en saisir un sens éventuel.

Néanmoins on distingue, quand même assez souvent derrière ce puzzle baroque, une somme d'idées excellentes et sa distorsion du monde est un très bel effort artistique en même temps qu'intellectuel. De plus le formalisme du film est lui aussi un pot-pourri assez riche de petites trouvailles et sa réalisation très solaire enveloppe le métrage d'une atmosphère lumineuse.

Et Wrong au final d'être un essai décomplexé et abstrait, riche par ses thématiques sous-jacentes, qui confirme que Dupieux est un auteur et un artiste singulier. Et bien aidé par ses acteurs (Jack Plotnick notamment y est excellent) et un scénario plus étoffé qu'à l'accoutumée, son style unique réussit à faire franchir au film le cap du simple OFNI et à l'emmener dans les sphères d'une vraie œuvre poétique, à la fois comique (très) et réflexive (sans doute). Et pour tout ça, pour cette farouche indépendance, bravo.

[Jack Spret]

Tiens y'a très peu de critiques sur BOM.
Si ça vous intéresse, je peux poser la mienne.
Mais est-ce qu'il n'y a que moi qui ait vu dans Wrong un échange entre animalité et humanité ?
Une de mes plus belles découvertes de 2012

[elpingos]

Ha ben ptêt.... Ma capture témoigne de mon ressenti. J'ai pas fini de me creuser sur les nombreuses thématiques du film... (ma femme vient d'ailleurs de me confirmer qu'elle avait elle eu la même idée que toi...) Il reste vraiment en tête en tout cas et s'avère bien plus pertinent que de prime abord... Une belle surprise.

Si ça vous intéresse, je peux poser la mienne.

Ben oui, très intéressé, évidemment


Sinon je suis tombé sur la BA de son prochain film : Wrong Cops (mêmes acteurs, même ambiance)

[osorojo]

Yep Jack, poste ta critique. Il le mérite ce petit film bien sympa. J'suis un fervent supporter de Dupieux, je serai présent pour son prochain film

[Dunandan]

SAYA ZAMURAÏ
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Hitoshi Matsumoto (2012) | 6/10

Aïe.... Matsumoto qui se fait seppuku, ça fait chier. Pourtant assez génial dans Symbol et Big man Japan, en tout cas hyper original, le propos du trublion Japonais dans ce Zamuraï fait un peu office de douche froide. Car les éclairs de génie se font sacrément attendre dans ce 3e métrage, les délires burlesques habituelles du réal laissant place à une dramatisation assez poussive. Ainsi les travaux de 30 jours, s'ils égrainent quelques petits sketchs sympas, n'ont pas le punch nécessaire pour donner le rythme suffisant à un ensemble répétitif. Faut dire ce qui est : on se fait chier quand même (si ce n'est plus, les apartés comiques avec les tueurs à gage sont carrément atroces). Et la fin se fait donc terriblement attendre. De plus Takaaki Nomi n'aide pas, il fait un peu peine à voir (c'est le but certes), son statut personnel marginal (et donc assez discutable en tant qu'acteur) est même limite dérangeant parfois (la pitié a ses limites)...
Alors heureusement on distingue derrière tout ça un hommage intéressant aux films de sabre et à ses héros, ainsi qu'une réflexion personnelle de l'auteur sur son statut d'amuseur public, mais ça reste un peu poussif quand même. Par contre la fin heureusement est réussie (comme le tout début d'ailleurs), car assez inattendue, et pourra en émouvoir certains (Takaaki Nomi prend alors une dimension supérieure et la petite -elle- est géniale), pour peu bien sûr de ne pas avoir décroché bien avant (ou pendant car encore ici c'est d'une lenteur un peu trop exagérée).
Car c'est le reproche essentiel du film : Matsumoto ne semble pas avoir le talent nécessaire pour exister ailleurs que dans les courtes séquences. Et si son histoire s'avère malgré tout intéressante et parfois poétique, surtout dans son propos final, je préfère largement sa verve comique et ses fulgurances décalées, à un développement d'enjeux dramatiques, en tout cas ici, beaucoup trop fastidieux. N'est pas Kitano qui veut.

[Mark Chopper]

Alors là, tu me surprends !

Pour moi, c'est l'égal de Kikujiro et l'émotion fonctionne à fond les manettes. Bon, j'avoue que la véritable histoire de l'acteur, je ne l'ai su qu'après et sans doute que, dans le cas contraire, ça aurait interféré sur ma vision/appréciation.

Redonne-lui une chance un jour !

Je reconnais que Symbol reste son chef-d'oeuvre, mais là je pense qu'avec ce film il a pu s'ouvrir un peu, rendre son avenir plus accessible et je compte sur lui pour me surprendre encore à l'avenir.

[elpingos]

Alors oui il y a des passages surprenants (et la teneur du film l'est forcément, j'en attendais pas moins de lui) mais par d'autres côtés c'est un peu cliché aussi je trouve. Mais le rythme quoi.. c'est le gros problème je trouve... En plus de l'humour qui m'a déçu (même si c'est finalement pas trop le but..) Bancal tout ça.

[francesco34]

Bon ben moi Symbol c'est clairement celui que j'aime le moins des 3, et Saya Zamurai celui que je préfère...

[Mark Chopper]

Une des meilleures comédies de ces dernières années

[elpingos]

Symbol, c'est spécial, c'est clair. Mais le comique de répétition m'a vraiment fait délirer. Et puis je le trouve très bon Matsumoto en acteur.

Là, Saya Zamuraï, y a plein de trucs qui m'ont sorti du film : les persos des tueurs à gage, après le début, ils ne servent vraiment à rien... limite ridicules. Idem pour Takaaki Nomi qui est pareil tout le temps, y a aucune évolution de son perso... Trop de musique de l'exploit aussi... Et puis un rythme trop lent aussi... Bref...

[Alegas]

LAWRENCE D'ARABIE
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David Lean (1962) | 10/10

Première vision et 3h40 de bonheur contemplatif, de dépaysement lumineux et de sensations complexes. Lawrence d'Arabie mérite clairement son statut de chef d’œuvre d'aventures épiques. Et plus qu'une simple virée désertique, grandiose au demeurant, c'est aussi et avant tout un portrait tout en nuances d'un simple mortel projeté dans le feu des guerres Arabes et l'ivresse du pouvoir. Peter O'Toole, frêle, habité, incarne ce personnage complexe, un bâtard britannique plus gênant qu'autre chose, qui par hasard puis force de persuasion et de conviction va devenir le porte-étendard de la guerre contre les Turcs. Son regard bleu ciel traduit tour à tour la volonté d'un homme, sa passion, puis la folie naissante et la résignation. Car ce Lawrence d'Arabie est un homme ordinaire dans une situation d'exception, et ses aventures personnelles et quasi bibliques seront bien plus qu'un grain de poussière dans le désert.

Cette histoire fascinante, terrible et merveilleuse à la fois, est racontée avec la plus belle des ampleurs Hollywoodiennes, étirant le propos et sublimant les images pour en rendre l'immersion encore plus totale. Ainsi les panoramas du film restent sans doute parmi les plus majestueux gravés sur pellicule et les péripéties à dos de dromadaires, rythmées par le thème musical grandiose de Maurice Jarre, est un ravissement pour les sens au même titre qu'un Delacroix.

Aussi bien politiques, historiques, épiques ou individuelles, les aventures décrites par David Lean sont autant d'occasions de dresser des tableaux somptueux, guerriers ou poétiques. L'admirable qualité du film réside aussi dans ses personnages efficaces, aussi bien touchants pour les petits rôles que charismatiques pour les grands, Omar Charif en tête notamment.

Le film n'est pas pour autant exempt de défauts. Les manœuvres politiques sont parfois obscures et l'interprétation de O'Toole est parfois hermétique. Mais les zones d'ombre qui en résultent donnent aussi au film une relative part de mystère, et nourrit ainsi l’ambiguïté d'un récit complexe et non manichéen.

Car dans tous les cas, Lawrence d'Arabie, outre son aspect immensément majestueux, est une parabole très forte sur les jeux du pouvoir politique, du risque de s'y brûler, et une incarnation très émouvante qui trouve dans son personnage humain, fragile et passionné une identification immédiate. Un énorme morceau donc, et une pépite cinématographique en or massif qui n'a pas pris une ride en plus de 50 ans.

[Jimmy Two Times]

Il n'est jamais trop tard!