SAVAGES+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++Oliver Stone (2012) |
6.5/10+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++ Péloche énervée au rythme endiablé qui se laisse dévorer sans effort par un spectateur jamais laissé sur le carreau. Avec Savages, Stone ne prend aucun risque et met en image une histoire à tiroirs on ne peut plus classique qui navigue entre utopie d'un espoir de vie centrée sur une version fantasmée de la liberté et règlements de compte sans pitié entre trafiquants de drogue. Le mix des genres peut surprendre mais il parvient sans mal à tenir la distance, même s'il est par moment effectivement un peu balbutiant. C'est d'ailleurs certainement le problème de Savages, ce côté quelque peu éparpillé d'un script qui ne sait pas trop sur quel pied danser, de l'ultra violence sans concession au conte prônant l'amour libre, Cameron ne parvient pas à faire son choix.
Mais le cinéaste parvient toutefois à trouver un bel équilibre entre toutes les trames qu'il nous propose. A défaut de nous livrer un film savamment dosé, il nous gratifie de quelques passages terriblement burnés qui font leur effet. Pour y parvenir, il s'entoure d'une galerie d'acteurs tous fortement inspirés. A l'image du ténébreux Del Toro qui campe ici un enfoiré des Cartel avec une fougue qui paraît presque naturelle. A noter également le duo Taylor Kitsch / Aaron Johnson qui fonctionne sans fausse note. On retrouve également avec plaisir la bonne vieille trogne de Travolta et le joli minois de Salma Hayek qui se sait se montrer plutôt convaincante en baronne de la drogue. Son perso est d'ailleurs l'un des plus sympas du film, ambivalent et sans pitié. Pour couronner le tout, n'en déplaise à certains, j'ai bien apprécié la présence de Blake Lively qui me semble bien choisie pour retranscrire la fébrilité de son personnage.
Pour ne rien gâcher, Stone nous enrobe le tout avec son savoir faire et une esthétique très marquée qui ne fera pas l'unanimité mais qui a le mérite d'être présente. Elle est d'ailleurs en harmonie avec l'ensemble du film, parfois soignée et presque subtile, parfois sans finesse et m'as-tu vu. Mais dans l'ensemble, c'est quand même vraiment bien gaulé, ce qui permet aux soubresauts très secs de violence de nous remuer l'estomac.
Malheureusement, si Savages sait se rendre sympathique par ses acteurs et le ton général de son histoire, il déçoit également. On regrettera par exemple ce dénouement sans conviction qui se fait un écho malvenu au côté petit malin que Stone jouait déjà dès l'intro de son film avec cette voix off joueuse. C'est à mon sens terriblement dommage de vouloir rendre Savages plus intelligent qu'il ne l'est réellement et c'est ce qui me laisse pour ma part tristement sur ma faim. Du coup, même si j'ai bien apprécié le côté limpide et peu ambitieux de l'histoire, j'ai autant été déçu par toutes ces phases de fausse manipulation. Le rewind final m'a achevé, surtout que c'est pour nous servir une nouvelle version aussi naze que celle qui vient d'être rembobinée.
Quoiqu'il en soit, j'ai passé un bon moment devant ce gros morceau de divertissement. On y sent une réelle maîtrise, les acteurs semblent tous y prendre beaucoup de plaisir et les règlements de compte entre enfoirés sont toujours agréables à regarder. Mais c'est quand même difficile de ne pas se sentir pris pour un pigeon lors de retournements de situation qu'on voit venir à des plombes ou des choix narratifs complètement débiles qui tentent de noyer un poisson rouge qui n'a même pas de bocal. A vouloir trop jouer au petit malin, Stone gâche littéralement son film, dommage tous les ingrédients étaient réunis pour un festin autrement plus savoureux.