Happiness Therapy, de David O. Russell (2012) L'histoire : Après avoir perdu sa femme, son emploi, sa maison et avoir passé plusieurs mois dans une maison de repos, un homme retourne vivre chez ses parents. Il n'a qu'une idée en tête : revoir celle qu'il aime et la reconquérir. Mais une nouvelle rencontre va bouleverser sa vie...Le traitement d'un sujet, au cinéma, importe plus que le sujet lui-même : alors que le grand public (quitte à paraître pédant, ce que j'assumerai) ne peut se rendre en salle sans savoir
de quoi parle le film, le cinéphile, lui, accordera une importance capitale
au nom du metteur en scène, bien conscient qu'il n'existe pas de meilleure boussole qualitative. Qu'attendre d'un film comme
Happiness Therapy, malgré toutes ses nominations aux Oscars, lorsqu'on se penche sur son histoire ? Sur le papier, pas grand-chose : une histoire vue et revue, jusqu'à l’écœurement, d'un homme et d'une femme qui se rencontrent, apprennent à se connaître, s'apprivoisent et, inévitablement, s'embrassent avant le générique final. Moi qui ne supporte pas le manque de surprises, je fuis ce genre de programme. Mais le fait est que David O. Russell s'est construit, ces dernières années, une filmographie intéressante : l'homme, de toute évidence, a cette capacité, finalement assez rare, de s'effacer derrière son sujet et de le servi, sans artifice. Et, surtout, il s'agit d'un immense directeur d'acteurs.
J'apprécie Bradley Cooper : beau gosse, cool, marrant. Peut-être le seul interprète valable du surestimé
Very Bad Trip. Mais est-ce que je l'imaginais capable d'une grande performance ? Non, certainement pas. Et pourtant, dans ce rôle d'homme brisé, bipolaire, qui pourrait se montrer agaçant sur la longueur, je l'ai trouvé incroyablement touchant. Jennifer Lawrence ? L'héroïne consacrée par le carton du
Battle Royale du pauvre, avec son visage étrange, qui donne l'impression d'être botoxée à 22 ans ? Je n'attendais rien d'elle. Ce n'est pas mon genre, mais difficile de ne pas tomber amoureux de son personnage. Robert De Niro ? Je l'ai adulé mais, après
Jackie Brown, il s'est perdu dans une autocaricature cachetonneuse assez embarrassante. Ici, il s'efface derrière son personnage et cette scène, vers la fin du film, où il serre son fils dans ses bras pour mieux le guider, arrachera plus d'une larme à certains.
Happiness Therapy mérite-t-il tant de louanges et de prix ? Non et je doute fort qu'il passe à la postérité.
Mais il se révèle si bien écrit et si bien interprété, ses personnages sonnent si
vrais qu'il frappe en plein cœur et a tout, à mes yeux, d'un
feel good movie en puissance. Assurément la plus belle surprise de ce début d'année 2013.
Note : 8/10