Mais ouais, les Oscars se touchent grave sur ce film. Genre c'est le meilleur Spielberg depuis 98.
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."
Dance With The Wolves (Danse avec les Loups) de Kevin Costner
(1990)
Seconde vision de ce film dont je ne gardais pratiquement aucun souvenir, si ce n'est les éléments qui marquent bien évidemment lorsque l'on regarde assez jeune cette œuvre (la séquence des bisons et bien évidemment Two-Socks). Du coup, je redécouvre ce premier film de Kevin Costner (acteur que j'apprécie beaucoup au demeurant, puisqu'il a joué dans un bon nombre de films de mon enfance, notamment ses collaborations avec Kevin Reynolds) avec un œil complètement nouveau et neutre, et forcément c'est une belle claque que je me prend dans la tronche, non seulement parce que le film mérite totalement sa réputation prestigieuse, mais en plus parce qu'il correspond fortement à un idéal de cinéma, un genre de production qu'il est presque impossible de retrouver à l'heure actuelle.
En décidant d'adapter le roman éponyme de Michael Blake en guise de premiers pas dans la réalisation, Costner prenait le pari très risqué de ruiner sa carrière alors qu'elle n'était vraiment reconnue que depuis quelques années. Racontant la rencontre entre un soldat américain et une troupe de natifs amérindiens durant la Guerre de Sécession, Dance With The Wolves avait absolument tout du récit simple (puisque reprenant les bases du schéma narratif de la légende de Pocahontas) mais dangereux à adapter à l'écran. Non seulement parce que le récit, en lui même, demandait un tournage en dehors des terres hollywoodiennes, mais aussi et surtout parce qu'il méritait un traitement sans aucune faute, puisque le film pouvait, à tout moment tomber dans le misérabilisme ou le manichéisme hors de propos. Et pourtant, force est de constater qu'on se retrouve à l'arrivée avec un film d'une écriture tout simplement brillante, Costner évitant tout les pièges que pouvait lui poser une telle histoire et arrivant à développer des thématiques assez étonnantes.
Ainsi, on se retrouve avec un personnage principal dont la cause (celle de la vie avant tout) crée rapidement une empathie certaine et qui, finalement, va se retrouver embarqué dans un fabuleux récit d'initiation et d'aventure. Mais là où le scénario devient brillant, c'est évidemment dans la remise en question constante de son personnage qui va finir par rejeter son passé pour embrasser une civilisation dans laquelle il retrouve néanmoins une violence qui le dépasse en tant qu'homme privilégiant la paix et le partage des connaissances. Film dense à la durée impressionnante (la version longue est, par ailleurs, à privilégier tant aucune scène n'est à jeter) mais jamais ennuyeux, Dance With The Wolves est une œuvre qui prend véritablement son temps pour poser non seulement ses personnages, mais aussi et surtout une ambiance bucolique qui détermine finalement une grande partie du métrage. Une ambiance grandement illustrée via deux personnages à part entière que sont Cisco et Two-Socks, l'un étant la figure de l'être opprimé (le U.S. tracé au fer rouge sur sa peau) qui retrouve la liberté des grands espaces pendant que l'autre est la représentation d'une nature vierge et accueillante. Deux figures qui trouveront un sort funeste dans deux scènes-clés qui détermineront le choix du personnage principal de se détourner de son peuple.
Ainsi, la majorité du film prend place dans le système d'initiation du personnage de Costner au peuple Sioux, des premières rencontres méfiantes aux difficultés de compréhension, en passant par des rites initiatiques en tant qu'homme de la tribu (la chasse, la défense de la tribu, la demande en mariage, etc...), le récit ne se penchant que très tardivement sur la rencontre que l'on devine forcément tragique entre le peuple blanc et le peuple natif (il est très étonnant de constater que la fameuse relève n'arrive qu'après trois heures de film, l'homme blanc étant absent pendant près de deux heures et demi). Œuvre dénonciatrice de l'obscurantisme face à l'inconnu (la scène de l'utilisation du journal en guise de papier toilette parle d'elle même), de la capacité de l'homme à détruire tout ce qu'il touche (intense séquence de la découverte des cadavres de bisons qui impose le silence) et surtout de la barbarie humaine dans le moindre peuple (le regard de Costner face aux violentes représailles du peuple Sioux), Dance With The Wolves est, de toute évidence, un film au message d'une profondeur abyssale et qui lui permet de transcender totalement le genre auquel il s'attaque.
Il est étonnant de constater aujourd'hui à quel point le projet avait toutes les chances d'être un échec financier total au même titre qu'un certain Heaven's Gate, et qu'il donne finalement un authentique chef-d’œuvre reconnu par le public et la critique. Réalisé pour un budget dérisoire de 22 millions (dont une partie vient directement de Kevin Costner pour qu'il puisse rassurer le studio face aux dépassements de budgets), le film donne pourtant l'impression d'en coûter bien plus, avec notamment sa recherche constante d'un réalisme qui se devait d'être présent (aujourd'hui, on pense évidemment à Mel Gibson qui a surpris de la même façon avec son superbe Apocalypto). A ce titre, la longue séquence de la chasse aux bisons est une prouesse visuelle inouïe, Costner allant jusqu'à s'impliquer lui-même dans la séquence au péril de sa vie, pour un résultat tout simplement bluffant. En guise de premier film, Costner livre un travail tout simplement titanesque arrivant à gérer parfaitement la casquette de réalisateur et de protagoniste principal avec une maîtrise évidente, tout en livrant ce qui est certainement sa plus belle prestation.
Et si le film n'est pas forcément une leçon de mise en scène, il n'en reste pas moins une référence évidente dans la façon d'aérer au maximum son récit, sans jamais le rendre ennuyeux et sans dénaturer l'émotion qui doit se dégager d'une telle histoire, tout en donnant au spectateur des visions sublimées des grandes plaines américaines. Outre Costner, le reste du casting est excellent et est bien mis en valeur avec des relations entre personnages qui évoluent véritablement, notamment dans le respect mutuel. On saluera bien évidemment la volonté d'utiliser le langage sioux Lakota pendant une grande partie du film, une langue que ne maîtrisaient pas tout les acteurs alors que le rendu à l'écran est tout simplement bluffant. Et enfin, comment parler de ce film sans évoquer la superbe composition de John Barry qui donne le meilleur de lui-même, notamment via le thème de Two-Socks beau à en pleurer.
Dance With The Wolves, un premier film magistral qui s'impose comme l'une des plus belles prises de risques de l'histoire du cinéma. Un chef-d’œuvre d'utilité publique dans sa façon de retranscrire les espoirs et contradictions de l'être humain dans son environnement, mais aussi une merveille d'émotion à conseiller au moindre amateur de grand cinéma.
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."
Je l'ai en cale, toujours pas vu (la durée me fait peur) donc je lis pas ta critique mais je me ferai un plaisir de revenir dessus une fois visionné
"- Ça vous dirait un petit échange dans la ruelle, derrière le bar ? - Si c’est un échange de fluides corporels, je suis pas contre. Mais alors dans ce cas, tu passes devant."
Jack Spret a écrit:Je l'ai en cale, toujours pas vu (la durée me fait peur) donc je lis pas ta critique mais je me ferai un plaisir de revenir dessus une fois visionné
C'est vrai que la version longue est...longue, je trouve que le film était plus équilibré dans sa version cinéma. C'est dommage qu'elle n'est plus dispo, le BR ne proposant que la VL.
Oui pareil, quelle drôle d'idée de ne plus nous laisser le choix entre les deux versions (ce qui voudrait dire obligatoirement une double galette pour ne pas perdre en qualité).
Déjà en l'état le film devrait tenir sur deux galettes, l'un des problèmes du BR Pathé c'est justement la compression. 4H de film, c'est trop long pour un seul disque.