Pulp Fiction de Quentin Tarantino
(1994)
"I'm Winston Wolfe. I solve problems.
That's thirty minutes away. I'll be there in ten. "
Énième vision de ce film culte à plus d'un titre qui a profondément marqué ma vie cinéphilique (à l'époque, je découvrais Reservoir Dogs, le diptyque Kill Bill et Pulp Fiction, autant dire que j'en prenais plein les yeux) et qui conservera donc quoi qu'il arrive une place toute particulière dans mon cœur. Car certes, Pulp Fiction peut aujourd'hui souffrir de la comparaison avec le reste de la filmographie de Quentin Tarantino, qui a depuis bien évolué sur le plan technique et scénaristique, mais force est de constater que cet opus possède une réelle saveur presque indescriptible, un petit plus qui fait que le film, malgré ses rares défauts, reste une pièce filmique surprenante et captivante à l'heure d'aujourd'hui. Œuvre marquante qui aura bouleversée son époque, que ce soit par son succès immédiat et surtout le rejet total qu'il a subit par les représentants d'un cinéma dont on ne souhaite pas voir les codes bouleverser (on se souviendra bien évidemment du fameux fuck de Tarantino adressé à une vieille dame qui hurlait à quel point le film était une daube), Pulp Fiction est typiquement le genre de film dont sa qualité doit beaucoup au rapport qu'entretient le spectateur avec le métrage. Car si certains n'y verront qu'une succession d'histoires extravagantes sans aucune suite logique, d'autres y trouveront un véritable sens dans la façon de faire de Tarantino, voire carrément un message multiple qui ne fait pas forcément l'apologie de ce qu'il montre.
"- Did you notice a sign out in front of my house that said "Dead Nigger Storage" ?
- No. I didn't.
- You know WHY you didn't see that sign ?
- Why?
-' Cause it ain't there, 'cause storing dead niggers ain't my fucking business, that's why ! "
Difficile donc de résumer Pulp Fiction, tant ses séquences dépendent beaucoup de ce que le spectateur souhaitera y trouver, de la même manière que les récits pulp dont le film reprend le concept. A la fois film choral troublant, comédie noire ultra-jouissive et film glauque dans sa façon de représenter la violence et la drogue, entre cool-attitude et réalisme noir. Si le film n'est pas forcément une démonstration de mise en scène comme le seront certains films futurs de Tarantino, Pulp Fiction marque tout de même un pas en avant par rapport à Reservoir Dogs, et notamment dans l'affirmation d'un style particulier qui deviendra une marque de fabrique, entre plans-séquences fixes et dialogues qui détournent l'attention du spectateur vis à vis du but réel de la scène. Mais le gros point fort du film est évidemment son scénario dont on ne pourra jamais réellement définir la paternité majeure (Tarantino et Roger Avary ayant arrêtés de travailler ensemble suite au succès du film), et qui, malgré ses faux-airs de petit film malin, cache une réelle densité qui annonçait déjà certains films de Tarantino, notamment dans les questionnements des personnages de savoir si l'on fait le bien ou le mal (à ce titre, le personnage de Samuel L. Jackson est certainement le personnage le plus intéressant du film).
"What now ? Let me tell you what now. I'ma call a coupla hard, pipe-hittin' niggers, who'll go to work on the homes here with a pair of pliers and a blow torch.
You hear me talkin', hillbilly boy ? I ain't through with you by a damn sight. I'ma get medieval on your ass. "
Avec des répliques tout simplement géniales et des situations qui offrent de sacrées ruptures de ton, Pulp Fitction propose des scènes toutes plus cultes les unes que les autres (le final dans le restaurant, le monologue de Christopher Walken, la séquence du sous-sol de la boutique d'arme, la découverte de Wolf, la soirée de Vincent Vega et Mia, etc...) qui font véritablement toute la richesse du film, soutenu par un casting cinq étoiles (Travolta, Thurman, Jackson, Rhames, Willis, Roth, Walken, Tarantino, presque tous dans un rôle à contre-emploi) et une bande-originale qui compte parmi les plus classes de l'histoire du cinéma. Pulp Fiction, un film qui conserve encore aujourd'hui tout ce qui caractérisait son succès à sa sortie. Si l'on devait choisir un film emblématique de la décennie 90's, nul doute qu'il partirait favori.
"The way your dad looked at it, this watch was your birthright. He'd be damned if any slopes gonna put their greasy yellow hands on his boy's birthright, so he hid it, in the one place he knew he could hide something : his ass. Five long years, he wore this watch up his ass. Then when he died of dysentery, he gave me the watch. I hid this uncomfortable piece of metal up my ass for two years. Then, after seven years, I was sent home to my family.
And now, little man, I give the watch to you."
NOTE : 10/10