Contrairement à mes habitudes je ne vais pas écrire une tartine sur ce film, même s'il le mériterait, car tout a été dit sur le sujet, et j'insisterai surtout ce qui pour moi constitue ses forces motrices. Une des rares oeuvres fantastiques de l'époque à avoir bien vieilli avec par exemple
Robocop et
Terminator.
Predator ne perd pas de temps, et en quelques scènes, le décor est déjà planté. Le contexte est suffisamment vague pour subir la loi du temps, et suffisamment clair pour avoir tous les d'éléments dont le spectateur a besoin pour la crédibilité du scénario. On le sait, ce sera un film d'hommes, et pour la petite histoire, il y aurait eu une petite compétition entre les acteurs dans la salle de musculation pour savoir qui était le plus costaud. En une séquence, leur amitié (virile) est aussi exprimée, et c'est une belle brochette de personnages que l'on nous présente à la manière des
12 salopards, avec le marrant (pas drôle) accro aux blagues de cul, le texan mâchouilleur de tabac, le black aux yeux de tueur, l'indien mystérieux (voire mystique) à qui rien ne semble échapper, et bien d'autres.
Le film est divisé en deux parties. La mission que le groupe d'hommes pense devoir faire, puis la découverte progressive des tenants et aboutissants de cette dernière. Le but implicite du premier assaut contre les pauvres petits guérillos qui ne savent même pas ce qui leur arrive, est de montrer que l'on a affaire à des durs à cuire, qui ont une force de frappe impressionnante (et ils suppriment une partie de la végétation lors d'une fusillade). Ainsi leur impuissance face au Predator sera d'autant plus prégnante. En outre, l'ambiance est énorme dans la jungle, très immersive, le score à base de rythmiques
roots y étant pour beaucoup. Et ça fait plaisir de voir quelques touches assez violentes voire gores (surtout durant l'incontournable
bodycount du genre), juste ce qu'il faut.
Enfin, le dévoilement du Predator que l'on attend dès l'introduction, applique la règle d'or de Tourneur (comme l'a fait
Alien avant lui) : moins on en voit, meilleur sera l'effet final. Et effectivement, intelligemment, on nous montre peu à peu ses attributs (vue infrarouge, furtivité, …), sa personnalité (un chasseur qui adore se mesurer aux créatures étrangères les plus dangereuses), son aspect physique. Le film est vraiment sous le signe du mystère, car on nous distille à travers l'une des autochtones une légende locale, et ainsi la créature est l'objet de toutes les croyances possibles, et il faudra attendre le combat final pour enfin l'apercevoir entièrement et comprendre pourquoi il est là. Jusque là il fait quasiment partie de la jungle, et on pourrait croire que c'est l'esprit de cette dernière qui agit contre ceux qui la souillent. Pour terminer, j'ai mis du temps à réaliser qu'il n'y avait qu'un ou deux dialogues durant les vingt dernières minutes, qui ne s'expriment que par l'image et l'ambiance sonore. Véritablement impressionnant de maîtrise dans la construction de l'action. Et le Predator n'a pas vieilli, il est toujours aussi flippant, imprévisible, dangereux. Après une dizaine de visions, je ne m'en lasse toujours pas.