Star Wars : Episode I - The Phantom Menace (Star Wars : Épisode I - La Menace Fantôme) de George Lucas
(1999)
Seize ans après Return Of The Jedi, George Lucas sortait enfin sa fameuse première trilogie qu'il avait prémédité à partir de 1980. Une attente qui a forcément créé des attentes démesurées, d'autant que Lucas attendait patiemment l'arrivée d'une technologie nécessaire pour ses ambitions visuelles, technologie qu'il trouvera via le numérique. Via les éditions spéciales de sa trilogie originale en 1997, le réalisateur s'est finalement assuré la participation d'un public d'une nouvelle génération, ainsi que la certitude que, quoi qu'il fasse, le public suivrait assez pour rentabiliser ses lubies les plus folles. C'est donc avec grand fracas qu'arriva dans les salles le fameux Episode I : The Phantom Menace, premier opus d'une trilogie qui devait conter la fameuse arrivée de l'Empire Impérial, la Guerre des Clones et surtout le basculement du côté obscur d'Anakin Skywalker et sa transformation en Dark Vador.
L'idée en soi avait un certain potentiel, notamment dramatique, mais apportait surtout la promesse d'une nouvelle entrée de l'univers de Lucas, avec des personnages inédits, des nouveaux environnements et surtout des capacités technologiques quasi-illimitées. Et pourtant, si Lucas avait la capacité d'offrir des grands films, c'était notamment parce qu'il était bien entouré et conseillé, ses proches collaborateurs de la même génération que lui n'hésitant pas à le corriger dans ses ambitions trop grandes. Malheureusement, la volonté de trop en faire qui pouvait déjà être aperçue dans Return Of The Jedi est ici multipliée, Lucas s'étant entouré de tout nouveaux collaborateurs qui le suivent les yeux fermés dans ses envies. Ainsi, après des années d'attente et l'un des buzz les plus impressionnants de l'histoire du cinéma, The Phantom Menace s'avérait être un immense pétard mouillé.
Via un script sans véritables enjeux, où les personnages sont réduits à de simples archétypes à peine approfondis, Lucas tente tant bien que mal d'embarquer le spectateur dans une nouvelle épopée qui, à peine commencée, agace déjà au plus haut point dans sa capacité à trahir tout ce que l'univers de Star Wars représentait. La Force mystique et religieuse est ici réduite à un mouvement naturel que l'on peut mesurer par des appareils scientifiques, Anakin Skywalker s'avère être un enfant absolument insupportable dont l'évolution, véritable centre d'intérêt de cette trilogie, est inexistante, et pire encore : le marchandising déjà présent dans Return Of The Jedi via les Ewoks prend ici des proportions tout simplement abominables. Le traitement, totalement le cul entre deux chaises, tente vainement de faire cohabiter à la fois un humour destiné aux moins de six ans et des intrigues politiques qui ne font que ralentir un récit déjà pas bien palpitant. Certes, il faut une introduction à tout, mais c'est bien là le problème du métrage, à savoir être une gigantesque introduction aux longueurs totalement inutiles.
Dans The Phantom Menace, on tente de vendre une image au lieu de raconter une histoire, et c'est véritablement là où le film se perd constamment puisque la sincérité et l'authenticité de la trilogie originale sont ici totalement absents. En plus d'être raté, le film est en plus totalement indigeste dans sa façon d'enchaîner les séquences sans jamais les travailler, de placer des personnages comme Jar-Jar Binks hors de propos, de multiplier les fautes de goûts douteuses (entre des Gungans presque intégralement doublés par des afro-américains et un Watoo qui a tout du stéréotype juif, on a de quoi se poser quelques questions) ou tout simplement de ne pas tenir les promesses qui ont conduits les fans devant le film. Gigantesque film pour enfant à 120 millions à la mise en scène jamais inspirée et qui ne transcende jamais l'omniprésence des décors numériques et autres effets spéciaux, The Phantom Menace a vraiment tout du gros nanar friqué.
Certes, on sauvera quelques courtes séquences, notamment une course de pod ou encore la dernière partie d'un duel final (la seule partie mettant en valeur les chorégraphies), on retiendra même quelques bonnes idées, et notamment le design du bad guy Dark Maul qui, hélas, est totalement sous-exploité (à tel point que Lucas le ressuscitera honteusement dans sa seconde série Clone Wars), mais ce sont bien là les rares choses à retenir du film. C'est d'autant plus dommage que le casting avait de quoi espérer, mais il est étonnant de se rendre compte à quel point le moindre acteur ne croit jamais en ce qu'il joue, même un brillant acteur comme Liam Neeson, de loin le moins largué de la bande, est à son plus bas niveau. Même John Williams est peu inspirée par l'entreprise, car hormis un thème final Duel of the Fates particulièrement épique, on ne retiendra absolument rien. The Phantom Menace, de très loin ce que George Lucas a pu faire de pire au cinéma, entraînant avec ce désastre des espoirs entiers et la confiance de millions de fans. Certes, il se rattrapera quelque peu par la suite, mais force est de constater que Star Wars n'est plus réellement la même chose depuis 1999.
"Missa George Lucas aime plomber voussa film avec Gungan" NOTE : 3,5/10