Wandering Ginza Butterfly, de Kazuhiko Yamaguchi (1972) L'histoire : Après avoir purgé une peine de trois ans de prison pour avoir tué un yakuza, une femme trouve un emploi d'hôtesse dans un bar. Mais d'autres yakuzas font leur apparition, bien décidés à prendre possession de cet endroit par tous les moyens nécessaires...Wandering Ginza Butterfly ou la première rencontre entre une jeune actrice appelée à devenir culte, Meiko Kaji, et la Toei, studio soucieux de trouver une remplaçante à sa superstar Junko Fuji, héroïne de la saga
Lady Yakuza, qui a mis fin à sa carrière suite à son mariage. Convaincue des talents de Meiko après avoir vu
Blind Woman's Curse, la Toei lui propose un film de yakuza plus traditionnel (
ninkyo eiga), mais l'actrice les pousse à modifier l'histoire pour l'inscrire dans un cadre contemporain, inspiré de
L'Arnaqueur avec Paul Newman. Il est d'ailleurs intéressant de constater à quel point ce film l'iconise : lorsqu'une scène évoque son passé, on la voit vêtue comme dans la série des
Stray Cat Rock, elle porte le même prénom que l'héroïne de
La Femme Scorpion, film qui sera tourné l'année suivante, et son allure dans la conclusion préfigure son rôle à venir dans le diptyque
Lady Snowblood. Le film se révèle bien trop classique pour convaincre durant sa première moitié et ne doit son intérêt qu'à elle et elle seule : bien plus expressive que dans les deux rôles pour lesquels elle est connue en Occident, elle se révèle fort touchante avec ce personnage de criminelle au grand cœur et l'on ne peut qu'éprouver de la sympathie pour elle lorsqu'elle évolue dans Ginza, avec ses proxénètes, ses petits gangsters, ses hôtesses de bar et ses yakuzas camés jusqu'aux yeux... Mais là où le film s'impose comme une belle réussite, c'est en enchaînant deux morceaux de bravoure : une partie de billard qui met en jeu le titre de propriété d'un bar, riche en tension grâce à la maîtrise de la mise en scène, du montage et de la musique, et une conclusion sanglante, dans la tradition la plus pure du
ninkyo eiga, une vengeance où les coups de feu résonnent et où les sabres font gicler des litres de sang.
Note : 7,5/10