Violent Cop, de Takeshi Kitano (1989) L'histoire : Un policier violent s'oppose à un gang de yakuzas suite au meurtre de son meilleur ami, quitte à s'attirer les foudres d'une hiérarchie corrompue et à mettre sa soeur en danger... C'est par le biais d'un concours de circonstances que Takeshi Kitano a débuté sa carrière de cinéaste. Simplement prévu à l'origine pour tenir le rôle principal de
Violent Cop, il ne parvient pas à accorder son emploi du temps, surchargé du fait d'obligations télévisuelles, avec celui de Kinji Fukasaku, premier réalisateur engagé. Ce qui pousse ce dernier à abandonner le projet... Kitano, qui a déjà tâté de la mise en scène sur ses émissions, se propose pour le remplacer au pied levé. Il remanie le script, le dégraisse de son aspect policier classique et nous propose, de manière encore brouillonne, les prémices de son univers. A savoir un antihéros en marge du système, en proie à certaines pulsions de violence mais qui a su garder quelque chose d'enfantin (notamment une passion pour le jeu, que l'on retrouvera dans ses
yakuza eigas suivants). Sans oublier de longues plages silencieuses et un intérêt porté à l'univers criminel, même si, ici, il n'apparaît qu'à la marge...
Violent Cop intrigue avec son personnage, proche de Dirty Harry, qui n'hésite pas à frapper ceux qui se dressent sur son chemin, qu'il s'agisse d'adolescents qui viennent de torturer un clochard ou un proxénète trop véhément à son goût. L'humour noir, à froid, si caractéristique de son univers, est déjà présent, tout comme cette maîtrise de l'utilisation de la musique, notamment lors de scènes de violence. Mais il faut bien reconnaître qu'il s'agit d'une oeuvre de débutant et que Kitano peine à maîtriser son rythme dans la seconde moitié de son film. La composition de ses plans, en outre, est loin d'annoncer l'excellence à venir... Il n'en reste pas moins un film essentiel, radical jusque dans sa conclusion qui puise son inspiration dans le cinéma des années 1970. Alors que la pire décennie de l'histoire du Septième Art japonais s'achève, Takeshi Kitano, à l'instar de Shinya Tsukamoto la même année avec son
Tetsuo, annonce qu'une nouvelle génération de metteurs en scène va prendre le pouvoir.
Un film qui accumule les défauts, certes, mais que je ne me vois pas noter plus sèchement après un quatrième visionnage en treize ans... Et il est épatant de réaliser à quel point l'oeuvre de Kitano, de
Violent Cop à
Outrage Beyond, se montre cohérente.
Note : 7,5/10