TAKE SHELTERJeff Nichols - 2011
8,5/10 Après le déjà fort prometteur
Shotgun stories,
Jeff Nichols nous livre ici son second film et je dois avouer que plus je le vois, plus je le trouve bon (déjà ma quatrième vision). Alliant le drame psychologique et le thriller paranoïaque avec brio, le réalisateur nous tient en haleine pendant 2h. Le film suit donc l’histoire d’un père de famille qui fait des rêves étranges annonçant l’arrivée d’une tempête dévastatrice. Pensant que ces rêves sont prémonitoires, il va plonger progressivement dans la paranoïa au dépend de sa femme et de sa fille. Grâce à la mise en scène minutieuse de
Nichols et la musique envoutante de
David Wingo, le film nous emporte totalement dans cette ambiance qui flirte avec le fantastique. D’ailleurs, le contexte et l’ambiance rappellent beaucoup le
Signs de
M. Night Shyamalan. Le réalisateur arrive à trouver le parfait équilibre entre les scènes de la vie quotidienne et les scènes de rêve qui sont de plus en plus intenses au point qu’on souffre avec le héros. Dans le rôle principal,
Michael Shannon est toujours aussi génial ! Après ses prestations dans
Bug et
Les noces rebelles, il confirme qu’il a une prédilection pour les personnages à maladie mentale. A ses côtés,
Jessica Chastain confirme également tout son talent dans un rôle tout en justesse de femme en apparence fragile mais qui va soutenir son mari dans cette épreuve. Ce qui fait le charme du film, c’est aussi ce souci du détail : l’histoire est plongée dans un contexte économique difficile qui rend les dépenses du mari encore plus déterminantes pour l’avenir de la famille et la surdité de leur fille n’est pas un élément anodin et apporte une approche plus sensorielle de cette catastrophe annoncée. Enfin, la fin ouverte à différentes interprétations pourra en déstabiliser plus d'un mais personnellement, j’aime beaucoup ce principe de laisser chacun y voir ce qu’il veut. Est-ce encore un rêve ? est-ce une hallucination collective ? est-ce une vraie tempête qui arrive ? La première hypothèse semble la plus plausible mais la réflexion est ouverte … Au final,
Jeff Nichols nous livre un second film parfaitement maîtrisé et nous hante par son traitement complexe de la schizophrénie. Il est assurément un réalisateur à suivre et son prochain film
Mud s’annonce sous les meilleurs hospices !