The Brutal Hopelessness of Love, de Takashi Ishii (2007) L'histoire : Une actrice célèbre se fait interviewer par un journaliste au sujet de son dernier film, dans lequel elle joue une femme trompée par son mari. Mais la réalité et la fiction finissent par se confondre...Après avoir livré quelques
yakuza eigas plus (
Gonin) ou moins (les
Black Angel) bons, Takashi Ishii est revenu à ses premiers amours, à savoir le
pinku eiga. Si son
Flower and Snake présentait un intérêt limité, enchaînant d'interminables séquences BDSM sans apporter de grande profondeur,
The Brutal Hopelessness of Love lui permet de franchir un nouveau cap en terme d'ambition narrative, très loin de la médiocrité générale de ces productions depuis quelques années : certes, on retrouve sans surprise son univers habituel, cette ville sombre et pluvieuse, éclairée seulement par quelques néons qui lui permettent de livrer de sublimes compositions (c'est bien simple, je n'avais pas vu un film érotique aussi beau depuis
A Snake of June de Shinya Tsukamoto). Mais on découvre surtout un récit complexe, tout en perte de repères, qui mélange les niveaux de réalité pour les personnages comme des poupées gigognes, au point d'effacer les frontières entre rêve et fiction.
L'histoire, centrée sur une actrice, nous apprend que son époux, également acteur, lui a été infidèle. Elle se retrouve engagée dans un film où elle joue une actrice dont l'époux (joué par son propre mari), également acteur, lui a été infidèle (la maîtresse étant interprétée par celle qui est sa maîtresse dans la vraie vie). Et dans ce film (ne faites pas comme moi et évitez de le regarder en étant trop fatigué), l'actrice joue dans un film où elle interprète une femme dont l'époux a été infidèle, ce qui la conduit au meurtre. Vous suivez ? Non ? Ce n'est pas grave : restant fidèle à son obsession pour les femmes blessées par les hommes et qui tentent, en vain, de se sauver en se perdant dans le sexe et la violence, Takashi Ishii, qui flirte ici souvent avec le cinéma de David Lynch, livre un long-métrage aussi bandant qu'intrigant. Et bandant, le film l'est grâce à son actrice principale, Mai Kitajima, qui, comme celles qui l'ont précédée devant la caméra du cinéaste, se livre corps et âme.
The Brutal Hopelessness of Love ou comment élever de nouveau un genre cinématographique devenu médiocre, grâce à une influence du film noir et une incroyable beauté plastique, entre stylisation du fantasme et enfer urbain.
Note : 7,5/10