Sans surprise après de très bons échos, McQuarrie signe ici une partition vraiment excellente avec un polar âpre, fun, humble et élégant, guidé par une efficacité et un aspect ludique de chaque instant.
Il y a à peu près 1 an sortait le phénomène
Drive avec son justicier mystérieux. Et là où le film de Refn versait dans le contemplatif avec un talent certain mais un peu trop tape à l’œil, le film de McQuarrie préfère lui s'asseoir sur le pseudo côté arty et faire de son personnage un être avant tout attachant, profondément humain et surtout hyper ludique. Justicier, Jack Reacher en est assurément un, avec un grand cœur, un grand cerveau mais aussi des grosses couilles. C'est surtout un enquêteur de tout premier ordre, secret et indépendant, embarqué un peu par défi dans cette histoire opaque et passionnante de fusillade et de son faux coupable que tout accuse. Et les gros poissons qu'il va s'atteler à débusquer ne sont comme lui clairement pas des enfants de cœur.
Plus que l'intrigue, pourtant hyper bien amenée, entre zones d'ombres, déductions, chausse-trappes et fausses pistes, ce qui marque avant tout ici est l'extrême précision de la réal de McQuarrie qui nous fait passer de purs moments d'intensité (une intro et un climax formidables, une superbe course poursuite méchants/Reacher/flics) à des moments plus funs et plus légers, mais tout aussi marquants (les scènes de baston ludiques et lisibles, la relation platonique avec l'avocate Rosamund Pike, très bonne dans tous les sens, les punchlines de Reacher bien efficaces avec une supériorité affichée sur ses adversaires : le coup de la salle de bain, du 5 contre 1, du téléphone, des caisses qu'il arrête pas de voler... ).
McQuarrie mène son intrigue en distillant donc des scènes assez géniales et en semant ses belles notes d'intention où se côtoient donc humour, efficacité et humilité. Pas de fausse love-story donc, aucune complaisance pour les schémas classiques et over the top des actioners, et aucune fausse note douteuse qui aurait pu décrédibiliser l'ensemble (seul le coup de la ligne d'autobus est absolument impensable dans un pays comme les states, mais c'est une fois de plus bien fun donc largement pardonné). Et le déroulement de l'enquête est parfaitement fluide, parfaitement amené, jamais tiré par les cheveux. Tout est parfaitement logique, limpide et tout nous est amené avec le bon timing, les bons effets... Seules petites ombres au tableau, un léger manque de flamboiement peut-être, aussi bien dans les tenants de l'enquête que dans les scènes d'action. Mais ce que le film préfère laisser en pyrotechnie, il le gagne en classicisme, en authenticité et en fluidité. Et puis ce genre de retenue a en outre le bénéfice d'éviter la fin à rallonge larmoyante et pompeuse (genre fin du monde et tralala) préférant ici nous laisser dans un doute relatif et sur un épilogue qui brille par son côté anti-spectaculaire.
Jack Reacher est donc une réussite à tous les niveaux, qui lorgne autant vers les brillants actioners des 90 (Die Hard), les polars des 70s (Dirty Harry) que les intrigues Hitchcockiennes. Un savant et très élégant mélange dont l'un des atouts supplémentaires est son interprète assagi, appliqué et impliqué pour faire le job. Un résultat brillant, en tous points exemplaire.