Star Wars (La Guerre des Étoiles) de George Lucas
(1977)
"Han Shot First" Tout d'abord, avant d'écrire les futures critiques de ce qui est l'une des sagas fondatrices de mon amour pour le cinéma, je tiens tout d'abord à remercier du fond du cœur le fameux fan Harmy, qui a permis a toute la communauté Star Wars de bénéficier désormais des versions originales de la trilogie dans les meilleures conditions possibles, à savoir en haute-définition tout en conservant intacts les trucages et plans d'origine. Un travail de titan, dont
le résultat est à peine croyable, et qui permet non seulement à des fans comme moi-même de découvrir enfin les véritables films (comme beaucoup d'autres, je n'avais jamais vu autre chose que les versions de 1997) mais en plus de contrer enfin la volonté de George Lucas, réalisateur sincère mais dévorés par ses ambitions depuis plusieurs années, au point de renier totalement l'homme qu'il était auparavant, ainsi que l'héritage visuel de sa trilogie qui, pourtant, le caractérisait au yeux du monde. Un grand merci donc à ce fan qui m'a permis enfin de redécouvrir la trilogie tel que je le souhaitais, et j'invite donc les lecteurs à se procurer d'urgence ces versions disponibles aisément sur le net.
Star Wars fait bien évidemment partie de ces films qui, dans mon enfance, m'ont particulièrement marqués au point de ne plus penser qu'à cet univers. Comme des millions d'autres fans avant moi, j'ai clairement fait partie d'un véritable culte de la saga, au point d'acheter le moindre produit dérivée et de devenir, à ma façon, une véritable encyclopédie vivante de Star Wars. Néanmoins, avec l'âge et surtout avec l'arrivée de la prélogie, force est de constater que la saga a finalement perdue de sa valeur dans mon inconscient, allant même jusqu'à rejeter de nouvelles visions par les nouvelles versions proposées par George Lucas. Je m'attendais donc, ne les ayant pas revus depuis des années, de ne plus retrouver la magie d'antan et revoir forcément les films à la baisse. Et pourtant, quelle surprise que de constater que Star Wars fait partie de ces films qui s'attachent tellement à l'affectif qu'il ne vous lâche plus jamais. Certes, revoir ce première épisode à l'heure du tout numérique a presque de quoi faire sourire, mais c'est véritablement de par ce charme évident que Star Wars est toujours autant un plaisir à le regarder et ce, même si l'on connaît la moindre péripétie ou le moindre dialogue par cœur.
Il est tout de même important de replacer le film dans son contexte quelque peu particulier. Troisième film d'un réalisateur ayant grandi dans l'ombre de Coppola, idéaliste d'un cinéma d'auteur qui finira par vouloir créer un empire cinématographique via sa boîte de production Lucasfilm après avoir connu un douloureux échec avec la mauvaise réception de son THX 1138 ; Space opera d'aventure à l'heure où le genre se limitait soit à la série B fauchée ou à 2001, A Space Odyssey, le tout réalisé pour 11 millions de dollars, soit presque rien vu les intentions visuelles du métrage. Bref, Star Wars avait tout pour être un énième projet foireux, et c'est véritablement la foi de Lucas en son récit qui va finalement rendre le tout aussi culte qu'on le connaît aujourd'hui. Revendication évidente d'un cinéma d'aventure aux thématiques fondatrices, Star Wars est aussi une brillante introduction dans un univers que l'on ne nous présente jamais. Le spectateur est ainsi transporté de force, dès les premières secondes, en plein milieu d'un conflit galactique, et est confronté à des noms aussi obscurs que Tatooine, l'Empire Galactique, les Jedis, l'Alliance Rebelle ou encore la Force. Une volonté risquée, mais qui finalement porte ses fruits puisque c'est cette absence de présentation qui rend l'univers aussi authentique. On se plaît donc à suivre les aventures de Luke Skywalker, jeune fermier qui va quitter sa planète pour découvrir un univers en guerre, et même si les bases du récit sont évidemment inspirées par d'autres (un film d'Akira Kurosawa ou encore un certain ouvrage nommé Le Seigneur des Anneaux), on reste tout de même dans une aventure inédite malgré quelques péripéties inévitables.
La grande force du script tient évidemment dans quelques brillantes idées qui feront la force de la saga, notamment tout le mythe autour des Jedis (géniale invention que celle du sabre-laser) et de la Force, de personnages attachants comme Han Solo, ou encore de menaces réelles comme l’Étoile Noire et surtout Dark Vador, véritable image du mal qui sera véritablement exploité dans le second opus. Le film a néanmoins quelques menus défauts, notamment celui de proposer un simple récit d'aventure là où il y avait possibilité d'offrir quelques chose de plus profond, une tragédie spatiale qui commencera réellement à se créer dans le deuxième film. Ainsi, on pourra regretter que cette approche fasse de Star Wars une sorte de gigantesque introduction à un récit de plus grande ampleur, même si l'on peut aisément imaginer que le risque du flop financier du film faisait sûrement craindre à Lucas que son film avait de grandes chances d'être un one-shot.
Il est d'ailleurs intéressant de constater à quel point Lucas misait absolument tout sur son univers, au point d'y consacrer la presque totalité de son budget (notamment dans les décors, costumes et effets-spéciaux, ce qui sert plutôt bien des séquences cultes comme celles de la cantina ou l'attaque finale) et donc de renoncer non seulement à l'intégration de stars dans le casting (seul Peter Cushing et Alec Guinness avaient à peu près de quoi prétendre à ce titre) mais aussi à une mise en scène léchée (le film a même des faux-airs de série B avec ses transitions coulissantes entre chaque séquence). Car il suffit d'avoir vu THX 1138 ou American Graffiti pour se douter que la mise en scène très fixe de Star Wars est forcément dû à un manque de budget, mais heureusement le montage arrive à rattraper ce défaut, et notamment dans le climax final qui joue beaucoup sur la tension (les tourelles qui s'arrêtent de tirer dès que des chasseurs ennemis entrent en jeu) et la survie des personnages. Hélas, comme on pourra le constater plus tard, cette mise en scène fixe sera considérée par Lucas comme une marque de fabrique de la saga, au point d'handicaper nombre de scènes des films à venir.
Enfin, comment parler d'un film qui doit énormément à sa composition musicale qui compte parmi les plus cultes de l'histoire du cinéma ? John Williams signait là le début d'une collaboration mythique, avec des thèmes devenus aussi connus que le film lui-même, mention spéciale au thème de la Force qui est certainement l'un des plus beaux jamais composés et qui rend magnifique chaque scène où il est placé (le coucher de soleil sur Tatooine ou encore les apparitions vocales d'Obi-Wan). En bref, un film sur lequel tout a déjà été dit et qui risque de fasciner encore et encore des générations par la suite. Un film d'aventure spatiale épique qui a définitivement changé l'histoire du cinéma, ainsi que la majorité des spectateurs qui ont eu la chance de découvrir une telle œuvre lors de leur enfance.
"The Force will be with you, always." NOTE : 8,5/10