LA FEMME SCORPION - Shunya Ito (1972)
Sacrée découverte de ce film culte d'exploitation japonais 70's, un revenge movie poétique et hardcore à la fois, où se mélange le film de prisons, le polar, et même le fantastique lors de quelques séquences dantesques (notamment une scène de douche particulièrement éprouvante ou encore une scène de rébellion à la tonalité quasi mystique). C'est aussi un film profondément féministe, qui dépeint un univers carcéral sadique et mysogine, où les pires sévices sont infligés aux femmes avec délectation par des bourreaux complétement tarés. L'une d'entre elle, trahie par un flic véreux dont elle était tombé éperdument amoureuse et lui avait offert sa virginité (ce qui donne lieu à une scène sublime, où la métaphore visuelle est bien plus puissante que tous les dialogues du monde) ne rêve que de se venger pour avoir été trahi par l'homme qu'elle aimait.
Partant de ce postulat somme toute classique, Shunya Ito transcende son histoire par une réalisation d’orfèvre, beaucoup de travellings et de mouvements de caméras très travaillés, des cadrages sublimes, une photographie de toute beauté et qui évolue tout le long du film (on passe de la grisaille des cachots à des passages totalement oniriques du plus bel effet). Même les scènes érotiques s’avèrent réussies, outre la magnifique scène citée plus haut, il y a une scène d'amour lesbien assez ambiguë qui fait son petit effet. Le tout est sublimé par une musique envoutante interprétée par l'actrice principale, la sublime Meiko Kaji, tout aussi douée pour l'acting que pour le chant. Une chanson qui sera d'ailleurs reprise par l'ami QT dans Kill Bill.
Malgré un scénario qui peut paraitre linéaire mais qui s'avère prenant notamment grâce au montage, il y a quand même un point sur lequel je suis plus réservé, c'est l'écriture des personnages secondaires. Alors oui Meiko Kaji illumine le film de sa présence, elle est ultra charismatique et n'a pas besoin de dire un mot pour qu'on croit à son personnage et à sa force, mais le reste est légèrement trop caricatural pour un film qui se veut sérieux, entre les gardiens de prisons tous plus débiles et sadiques les uns que les autres, la tueuse à gages pas exploitée et les autres prisonnières qui, à une exception prés, sont des clichés ambulants.
Cela dit, ça ne plombe pas le film, et la maitrise visuelle et narrative de l'ensemble, ainsi que l'hallucinante Meiko Kaji font tout de même de La Femme Scorpion un indispensable pour tous les amoureux du genre !
8/10