Dredd de Pete Travis
(2012)
Une très bonne surprise de la part d'un film que l'on pouvait autant attendre avec curiosité que craindre comme la peste. Car oui, une nouvelle adaptation de Judge Dredd est loin d'être une mauvaise idée surtout lorsque l'on a en tête le très mauvais film de Danny Cannon qui reste l'un des pires de la filmographie de Sylvester Stallone. Non seulement cette adaptation n'avait absolument rien compris à l'intérêt de la bande-dessinée d'origine (et notamment sa violence omniprésente) mais en plus elle tombait de façon constante dans la ringardise la plus totale, que ce soit au niveau de son casting, de son scénario ou de son approche visuelle. Du coup, de par le caractère indépendant de cette nouvelle adaptation, on pouvait espérer quelque chose de plus osé et fidèle, et ce malgré les nombreux déboires de production qu'a connu le métrage, notamment le départ de Pete Travis en post-production, laissant le champ libre au scénariste Alex Garland. Pourtant, force est de constater que l'on est bien en face d'un film réussi, souvent jouissif et bénéficiant d'une excellente ambiance. Contrairement au film de Cannon, Travis et Garland ne cherchent pas à écrire le scénario du siècle, et on se retrouve donc devant un script quelque peu simpliste mais dont il tire de cet aspect toute sa force.
Mega City One est donc présentée en l'espace de quelques lignes, idem pour le système des Juges, et l'intrigue est définitivement lancé après quinze minutes de film, pour finalement prendre place dans un building dont on ne ressortira que dans les dernières secondes. Certes, l'approche pourra paraître ultra-minimaliste (les objectifs restent simples, tuer les hommes de main pour parvenir au big boss), mais en l'état c'est précisément ce qui rend Dredd particulièrement réussi puisqu'il arrive à compenser son manque de budget en proposant une ambiance en huit-clos. Visuellement, et malgré quelques effets numériques mal incrustés, le film fonctionne parfaitement malgré des idées franchement casse-gueule (le slow-mo, effet qui doit sûrement gagner en impact avec la 3D, ou encore la séquence d'interrogatoire psyché). Là encore, on est loin d'être devant quelque chose de raffiné, n'est pas John McTiernan qui veut, mais la réalisation de Travis, qui a abandonné ses tics de sous-Greengrass depuis Vantage Point, se révèle assez correct pour enrober de façon convaincante le film. Enfin, Karl Urban endosse parfaitement le costume de Dredd et Olivia Thirlby est, avec surprise, un excellent personnage secondaire qui permet au métrage de faire évoluer ses personnages sans jamais les dénaturer. Bref, un film qui ne mérite clairement pas son échec au box-office ainsi que sa sortie DTV en France. C'est d'autant plus dommage qu'avec un tel univers et traitement, une suite aurait été grandement appréciée.
NOTE : 7/10