NWR, de Laurent Duroche (2012)
L'histoire : Ce documentaire se penche sur la vie et la carrière du cinéaste Nicolas Winding Refn, de son enfance au tournage de son prochain film, Only God Forgives...
Second documentaire consacré au cinéaste après l'excellent Gambler qui se penchait sur sa situation difficile après les échecs de Bleeder et Inside Job, entre volonté de conserver son ambition artistique et nécessité de se compromettre pour éviter la banqueroute avec les tournages de Pusher 2 et 3, NWR ne convainc pas autant... Nicolas Winding Refn, que l'on apprécie ou pas son travail, demeure quelqu'un de fascinant, l'un des rares auteurs cultes a avoir émergé ces dernières années. Une fascination qui peut s'expliquer par plusieurs points : le fait qu'il gomme la notion de frontière (né au Danemark, élevé aux Etats-Unis, capable de tourner aussi bien en Angleterre qu'en Thaïlande), qu'il se réinvente à chaque film pour ne jamais se répéter (quitte à donner l'impression de bouffer à tous les râteliers et/ou à connaître quelques ratés...) et qu'il présente un mélange de timidité et d'ego surdimensionné mis en avant (qui produit un humour particulier dont je suis friand). Sans compter le fait que le cinéma, sa famille mise à part, semble bien être la seule et unique chose qui l'anime et le fasse avancer...
Là sur l'affiche, c'est Scalp.
Bien des pistes auraient pu être explorées, mais beaucoup se révèlent seulement esquissées : s'il n'était pas utile de revenir sur la période noire évoquée dans Gambler, il aurait été intéressant de pousser le cinéaste dans ses derniers retranchements, de tenter de faire tomber son masque, notamment lorsqu'il évoque ses difficultés au Danemark et ses relations que l'on devine tendues (ou inexistantes ?) avec l'ensemble de la profession dans son pays d'origine (ce qui peut expliquer, en plus de son ambition, l'orientation internationale de son cinéma). Les intervenants (Jodorowsky, Noé, Mikkelsen, Gosling, les membres de sa famille...) sont tous acquis à sa cause et il aurait été judicieux de tempérer la nature laudative de l'ensemble (Laurent Duroche est fan et ceci se ressent) avec des contradicteurs (son cinéma, après tout, a tendance à opposer les spectateurs)... Et, surtout, il aurait été judicieux de se pencher plus longuement sur ses méthodes de travail (assez surprenantes, notamment cette volonté de toujours tourner par ordre chronologique), ce qui est à peine dévoilé avec la préparation de Only God Forgives...
Note : 5,5/10