Ridley Scott marche ici sur les plates-bandes du petit frère Tony en sillonnant le terrain du thriller d’espionnage high-tech (enfin pas tant que ça finalement, à part les satellites qui tournent en boucle au dessus des têtes des personnages) pour un résultat à la fois proche de ce à quoi nous a habitué son cadet mais moins orienté sur l’action et donc un peu plus psychologique. Sur le papier, on se dit que ça n’est pas vraiment une gageure pour le réalisateur d’Alien et Blade Runner de nous proposer un divertissement solide. Mais dans les faits, même si le spectacle se suit sans déplaisir, il n’y a vraiment pas de quoi crier au génie tant ce Mensonges d’Etat peine à nous captiver sur la longueur (2h10). Un peu radin dans l'action (même si le peu qu'on nous offre est réussi), trop verbeux alors qu'il n'y a pas toujours lieu, donc forcément décevant de la part d'un réalisateur comme Ridley.
Il faut dire que les films d’espionnage en territoire ennemi (encore le moyen-orient) s’enchaînent depuis quelques années et ce nouvel essai souffre par exemple de la comparaison avec des films comme le Royaume côté action ou l’excellent Syriana, bien plus passionnant sur le fond malgré une moins grande accessibilité. Pourtant armé d’un très bon casting, Leonardo DiCaprio en tête, Scott nous propose un film pantouflard, sans vraie prise de position et délivre un message très conformiste et beaucoup trop hollywoodien pour convaincre. Le personnage de Leo traque un terroriste en Jordanie, secondé au téléphone par un Russel Crowe qui grossit à chaque film et bien loin de ses meilleurs performances (Révélations, Gladiator, Master and Commander...). Dans certaines scènes, il ne marche pas, il roule
. Sans compter la très dispensable bluette sentimentale avec une infirmière locale...
Leonardo DiCaprio et Gérard Depardieu
Heureusement, on a le pompier de service Mark Strong, impeccable dans son rôle de chef des renseignements jordaniens. Tiré à quatre épingles, espiègle et courtois, il ravive la flamme du spectateur à chacune de ses apparitions. Il a vraiment une classe et un charisme naturel, dommage qu'il n'arrive pas à décrocher autre chose que des seconds rôles (souvent dans des productions moyennes qui ne marquent pas ou peu les esprits). Pour papy Ridley, on a l'impression que ça commence à sentir le sapin. Son dernier grand film remonte à 2005 (Kingdom of Heaven, et à la limite American Gangster qu'était bien mais pas autant qu'il aurait pu l'être), et il est un peu en roue libre depuis. Un technicien toujours assidu mais ses derniers projets, pourtant excitants sur le papier, n'ont apporté que des films moyens, sans plus. Ce Mensonges d'Etat n'est pas détestable, loin de là, mais terriblement anecdotique. Carré sur la forme, bien interprété mais jamais passionnant. La triste routine hollywoodienne... A voir pour les acteurs, Leo et Strong sont irréprochables.