Les Sentiers de la perdition |
Réalisé par Sam Mendes Avec Tom Hanks, Paul Newman, Jude Law Drame, thriller -usa- 2h05 -2002 |
8.75/10 |
SynopsisEn 1930, deux pères : Michael Sullivan, un tueur professionnel au service de la mafia irlandaise dans le Chicago de la Dépression, et Mr. John Rooney, son patron et mentor, qui l'a élevé comme son fils. Deux fils : Michael Sullivan junior et Connor Rooney, qui font chacun des efforts désespérés pour s'attirer l'estime et l'amour de leurs géniteurs.
La jalousie et l'esprit de compétition les plongent dans une spirale de violence aveugle dont les premières victimes sont la femme de Sullivan et son fils cadet Peter.
Un long voyage commence alors pour Michael Sullivan et son fils survivant. Au bout de cette route, la promesse d'une vengeance et l'espoir de conjurer l'enfer. Et peut-être l'aube d'un sentiment nouveau entre un père et son fils.
CritiqueMagnifique film de S. Mendes au service de cette histoire classique de gansgters les pétarades en moins, le suspense en plus. Ce n'est pas une histoire de rivalité entre clans de la mafia mais au sein d'une même famille, ce qui permet d'aborder le thème de la filiation, de l'héritage, du respect plutôt que des règlements de compte purement relié à l'appart du gain, ce qui donne une dimension supérieure au récit avec une intensité dramatique supérieure qui se résume à une histoire d'hommes dont la vie bascule.
L'originalité du métrage vient du regard enfantin du gamin de 12 ans qui malgré lui va entrer dans la cour des grands sans retour possible. Mendes utilise de plans magnifiques subjectifs plaçant le spectateur à la place du gamin avec un coté furtif et voyeur efficace, et un effet de surprise terriblement efficace.
Ainsi, le cinéaste ne souhaite pas mettre en avant le violence brute qui ne se résume qu'à 3 ou 4 scènes , mais il joue plutôt sur le danger potentiel qui guette le père et son fils et le couperet peut tomber à chaque instant.
Les scènes sanglantes sont de toute façon un peu détournées pour ne pas nous la montrer de façon crue mais Mendes use d'artifices pour nous atténuer une vision frontale (superposition d'image, jeu de reflets dans un miroir, jeux lumineux, ou coupure de sons).
Une réalisation très minutieuse qui joue sur les perspectives, l'esthétisme,jeu de zoom millimétré, des décors plutôt minimalistes, mais bien reconstitués en clair obscur et il installe de beaux plans neigeux, boueux ou sous la pluie d'une rare intensité globalement la mise en scène sert l'histoire restant relativement sobre.
Le film nous montre des personnages qui se livrent peu restant pudiques, en harmonie avec "le milieu" et les relations entre les personnages n'est capté que par leurs gestes, leurs regards ou quelques moments d’intimité, pas besoin de longs discours. Ainsi, le père et le fils Sullivan entretiennent un respect mutuel, le fils éprouve une forte admiration sur son père prêt à le suivre au bout du monde sur la route de la vengeance. Cette relation forte non exprimée non offre quelques scènes touchantes de complicité naturelle et évidente.
Tom Hanks qui n'a pas a priori la tête ni la carrure d'un mafieux se révèle tout à fait crédible et touchante grâce à sa relation filiale particulièrement touchante, son coté protecteur, avec une prestation qui nous fait oublier ses dernières errances cinématographiques. Pari audacieux mais réussi.
Daniel Craig est lui aussi impressionnant avec un personnage en osmose avec son attitude froide, dommage que ses apparitions soient assez limitées mais marquantes.
Paul Newman est un régal, impose son charisme pour le rôle du patrarche et rend ses scènes avec Hanks elles aussi très fortes qui sont à l'origine de la jalousie du vrai fils du personnage de Newman.
Jude Law est aussi un des points forts du film avec ce personnage le plus décalé, avec une démarche gauche et un physique étrange qui dissimule un appétit morbide et voyeurisme pour des séquences jouissives en campant le parfait assassin.
Un coté dramatique bien maîtrisé servi par des images sublimes aux dialogues précis qui choque par ses carnages silencieux.