Ruby Sparks (Elle s'appelle Ruby) de Jonathan Dayton & Valerie Faris
(2012)
Une excellente surprise hélas passée inaperçue que ce soit sur le territoire français ou tout simplement de l'autre côté de l'Atlantique. Malgré ses faux-airs d'énième comédie romantique façon indépendant américain, Ruby Sparks est pourtant le second film de Jonathan Dayton et Valerie Faris, duo qui avait livré il y a quelques années Little Miss Sunshine, certainement l'un des succès indépendants les plus marquants de la décennie passée. On aurait pu craindre un film surfant sur le succès du précédent en reprenant les mêmes formules, ou tout simplement penser que Little Miss Sunshine n'était qu'un coup de chance, et pourtant Ruby Sparks ne fait que confirmer à quel point le duo a le chic de livrer des scénarios qui frappent là où on ne les attendais pas. Ainsi, là où Little Miss Sunshine dressait un portait au vitriol d'une famille de bras cassés à travers un voyage initiatique, Ruby Sparks se veut clairement être une œuvre transcendant les thématiques du genre dans lequel il s'inscrit. Ainsi, passée une introduction efficace mais clichée dans l'ensemble présentant un jeune écrivain insociable qui tente désespérément de renouer avec son succès d'antan, on se retrouve finalement, après un happening fantastique inattendue, devant une profonde réflexion à la fois sur les rapports homme/femme dans une relation mais aussi et surtout sur l'écriture même de la Manic Pixie Dream Girl, et de sa manipulation faite sur les films du genre ces dernières années (Garden State, 500 Days of Summer, etc...).
De par une idée scénaristique ludique qui devient au fur et à mesure véritablement glauque, Ruby Sparks se distingue réellement de la production habituelle, transformant le héros attachant en véritable bourreau que l'on en vient à détester, comprenant petit à petit et de façon très subtile sa psychologie auto-destructrice, en grande partie grâce à une relation avec un frère qui compte parmi les plus belles et authentiques jamais écrites. Un crescendo qui trouvera son apothéose dans une séquence étonnante de cruauté qui marquera très certainement les esprits. Un film atypique, et qui trouvera donc difficilement son public de par l'incapacité des producteurs à le vendre correctement, et pourtant, il serait dommage de passer à côté d'un film pareil tant il s'inscrit dans la liste des rares films qui sont capables de réfléchir sur le genre qu'ils abordent. Sans aucun doute la meilleure comédie romantique de ces dernières années, portée par l'excellent couple Paul Dano et Zoe Kazan qui méritent à eux seuls la vision du film.
NOTE : 8,5/10