KILL LIST-------------------------------------------------------------------------
Ben Weathley (1964) |
4.5/10 Ouh le joli petit film de gros rebelle qui veut se faire plus gros que les vilains blockbusters tout pourris qui servent leurs scripts tout cuits sans surprises à ces spectateurs trop idiots pour réfléchir (NB : volontairement pompeux, l'auteur est encore sous le choc de cette morphine de bas étage). C'est le sentiment qu'on éprouve en regardant Kill List. Je l'ai vraiment vécu comme un pied de nez fait au spectateur moyen, qui est forcément un blaireau qui ne veut plus prendre la peine de réfléchir. Weathley le dit en interview, son film se mérite, il faut cogiter sec pour se l'approprier, et si t'es trop stupide pour appréhender le chemin de croix des deux protagonistes, bah tu peux passer prendre la prochaine rame (j'ai sorti les miennes en tout cas).
Pourquoi pas, je suis pile poil dans le public cible. Non pas que je sois un monstre aux synapses percutantes, mais en général, si c'est bien fait, j'aime beaucoup les films qui ne machent pas le travail (et même si je capte pas, je fais semblant en société et après j'me rencarde). Mais je les aime encore plus quand il y a quelque chose à appréhender. Je les trouve par contre tout de suite moins sympathique quand on me fait croire qu'il y a une trame logique qui se cache derrière l'apparente brume dans laquelle on s'engouffre. Et pour moi, Kill List fait partie de cette seconde catégorie, se casant dans cette case présomptueuse des oeuvres dites sans concessions qui n'ont pas grand chose à dire mais en font des caisses. Ainsi, Weathley nage en plein brouillard et pour faire bonne figure, mixe les genres de façon à brouiller les pistes. Prenez une once de trame sociale des plus fadasses où les clichés dansent sur la table, rajoutez un peu de violence sèche mais finalement jamais très inspirée, complétez par une ambiance d'occulte et vous obtenez un pot pourri de quelques scènes réussies mais terriblement vaines.
C'est bien dommage parce que Kill List possède une pate graphique qui fait diablement mouche. Sa photographie est superbe et génératrice d'ambiances oppressantes terriblement réussies. Les différentes atmosphères qui étayent l'histoire sont très précises dans leur mise en scène, et même si on peut reprocher au cinéaste d'être un sérial killer de séquences qui abuse des montages coupés à l'extrême, force est de constater que le film est bien gaulé. De là à dire que cette propreté et cette justesse de l'image sert le propos de Kill List, il y a un gouffre que je ne franchirai pas, je pense en effet que tout est beaucoup trop propre rendant cet esthétisme clinique raccord avec cette volonté de trop en faire, cet acharnement à tout rendre inabordable ou presque.
En bref, Kill list est un film qui trouvera certainement un certain public mais laissera beaucoup de monde sur le bas côté. J'ai pour ma part laissé filer le bus quand j'ai vu débarquer les ouailles sectaires mi sapées de paille, mi à poil. C'est quand même dommage de se regarder filmer à ce point et surtout de vouloir faire un film à tout prix non compréhensible sans mode d'emploi alors que le pitch de départ est plutôt chouette. "Aujourd'hui la mode est au tueur à gage cool dans les films, alors que leur métier n'a rien de sympa, c'est mal de tuer" dixit le réalisateur (en mieux hein, je résume) en interview, je pense pour ma part que de compliquer volontairement les choses pour sectariser son film est également pas terrible. Et même si je peux comprendre qu'on soit fasciné par ce genre de film (kassdédi à LoLo notre dictateur), j'ai du mal à imaginer Kill List passer le cap des 10 ans sans perdre de sa superbe aux yeux de ses premiers fans.