Matrix 9/10Victime de nombreuses critiques souvent injustifiées, Matrix premier du nom est bel et bien une date dans l’histoire de la science fiction.
Les frangins Wachowski étalent toute leur culture dans un maelstrom référenciel étonnamment cohérent. Les arts martiaux, Akira, John Woo, ce premier épisode célèbre une bonne partie du cinéma énervé de Hong Kong. C’est d’ailleurs ce qui fait le charme indéniable de ce premier volet. Hormis les geek boutonneux qui n’en touchaient pas une, le public occidental n’avait que très peu été sensibilisé à la furie de HK. Au mieux, Tigre et dragon avait entrouvert une minuscule et poétique brèche. Au pire, le cinéma asiatique se résumait à de piètres jeux d’acteurs et à un humour bien particulier. Ainsi, les réalisateurs bousculent les clichés créant un univers séduisant alternant séquences d’actions novatrices et de ronflants monologues. On a souvent cloué au pilori le film (et surtout ses suites) pour ses tunnels de dialogues interminables expliquant par mille chemins de traverses le pourquoi du combat binaire entre les hommes et les machines. Il y a un peu de vérité dans tout ça. Mais je ne pourrais jamais reprocher la générosité des deux réalisateurs qui, à l’instar d’un Zack Snyder, prennent des risques financiers et artistiques majeurs pour proposer un univers atypique et volontairement outrancier. Généralement, cet excès de burnes passe ou se viande copieusement (cf. Speed racer et le futur Cloud Atlas). Le pari Matrix est relevé haut la main avec un spectacle époustouflant imposant de nouveaux codes majeurs repris jusqu’à l’écœurement (les filtres verts, le bullet time, les combats câblés…). Qu’on le veuille ou non, il y aura bien un avant et un après Matrix tant le paysage cinématographique de 1998 s’en trouva modifié. Les personnages sont globalement passés à la postérité. La BO est toujours aussi bien choisie (RATM sur le générique final !). Et surtout, le film vieillit extraordinairement bien. On ne voit pas le temps passer. La fusillade dans le hall n’a pas pris une ride malgré quelques ralentis hasardeux et les SFX passent beaucoup mieux que ceux d’un certain Reloaded, shooté 4 ans plus tard.
J’applaudis encore vivement des deux mains pour un divertissement malin, maitrisé et passé à la postérité avec un culot monstre, la marque des grands « faiseurs » !