CANDYMAN - Bernard Rose (1992)
De tous les boogeyman qui ont émergés dans les années 80 et 90, Candyman est certainement le moins populaire, alors que paradoxalement il est surement le plus intéressant. Né de l'imagination du génial Clive Barker, bien connu des amateurs d'horreur pour avoir donner vie à Pinhead et à la saga Hellraiser, Candyman est un cauchemar poétique et extrême, qui exploite parfaitement la notion de légende urbaine, en donnant un vie à un tueur impitoyable qui apparait après que l'on ait prononcé son nom cinq fois devant un miroir.
Alors qu'une jeune étudiante prépare une thèse sur les croyances populaires, elle se penche rapidement sur la légende de Candyman et ne va pas tarder à le faire apparaitre.
Sur ce postulat audacieux, Bernard Rose livre un film d'horreur aux antipodes du genre, bien loin des Freddy ou Jason qui misent avant tout sur des mises à morts délirantes. Candyman est un film mélancolique à la mise en scène léchée, qui prend le temps d'installer ses personnages et la relation ambigüe qui va naitre entre la jeune fille et la créature, et joue habilement avec son spectateur en délivrant avec parcimonie ses images chocs, sans pour autant oublier les passages de pure terreur (les scènes gores sont vraiment marquantes).
Le film se démarque également des autres slashers par une profondeur inattendue, aussi bien dans sa portée sociale (le tueur noir, dont l'origine remonte à l'époque colonialiste, et qui évolue dans un ghetto morbide), que dans sa noirceur psychologique, dans laquelle s'enfonce l’héroïne au fur et à mesure du récit et qui apporte un double niveau de lecture plutôt bien amené.
Coté casting, Tony Todd trouve le rôle de sa vie (qu'il tentera d'ailleurs d'imiter péniblement tout au long de sa carrière) et incarne un tueur aussi terrifiant que bouleversant, Virginia Madsen est parfaite dans le rôle de l’héroïne qui va se laisser envouter par la légende, et donner naissance à une relation étrange et contre nature, jusqu'au point de non retour (a ce titre, la fin du film est bien loin des clichés du genre). A noter également la sublime partition de Phlipp Glass, qui ajoute encore à l'ambiance très particulière et onirique du film.
Au final, Candyman s'impose au fil des années comme un véritable classique du genre, qui passe nettement mieux le cap des années que ses concurrents, et dont le boogeyman reste encore aujourd'hui le plus charismatique et intéressant d'entre tous. Après Pinhead, encore une création signée Barker qui restera dans la tête de tous les cinéphiles grâce à sa puissance évocatrice hors du commun.
Be my victim !
8,5/10