Conan
de Marcus Nispel (2011)
Remake inutile du chef d'oeuvre de Milius (ou encore une fois les producteurs petits malins diront plutôt nouvelle adaptation du chef d'oeuvre de Howard), ce Conan a pourtant quelques atouts dans sa manche. Des possibilités numériques qui offrent plus d'ampleur aux décors notamment, élément très utile pour rendre à l'écran un univers de Fantasy. On a ainsi quelques jolis plan de cités mystérieuses, mais finalement on se dit qu'il y en a presque autant dans la série Le trône de fer. Possibilité aussi de faire plus violent, plus sexuel, plus libre. Et y'a un petit côté barbare pas déplaisant qui émane du film de Nispel, avec pas mal de combats saignants.
Succéder au film de Milius est une gageure à bien des niveaux. La première et non des moindres était de trouver un successeur à Schwarzy dans le rôle titre. Jason Momoa n'est pas mal du tout, athlétique, habile à l'épée, agile, et moins mono-expressif que l'Autrichien. Mais il n'a pas l'aura qu'avait son prédécesseur, le même charisme qui l'imposait d'entrée. Le gamin qui joue Conan enfant pendant la première partie du film (Leo Howard) était lui vraiment bien. Le reste du cast a des bons côtés (Ron Perlman c'est toujours un plaisir).
Le film a fait illusion pendant une heure pour moi, avec des petits défauts, mais ça passait pas trop mal, puis ça se dégrade grandement par la suite. Le scénario est mal écrit, beaucoup de facilités et d'ellipses narratives, voire des inepties. La réalisation de Nispel accroche au niveau du montage qui n'est pas toujours cohérent, et enchaine mal les scènes (ça saute souvent du coq à l'âne). Et puis dans le rôle féminin une drôle de prêtresse qui baise, combat et tue des hommes sans sourciller alors qu'elle vient d'un temple pacifiste.
L'histoire diffère de celle du film de Milius, mais les grandes lignes sont les mêmes, avec un petit pompage d'Indiana Jones lors de la séquence du sacrifice final (mais sans l'impact qu'avait celui-ci).
Une deuxième chose primordiale est absente du film: une musique digne de ce nom. La B.O. du premier Conan signée Poledouris était un chef d'oeuvre baroque, une des meilleures B.O. des années 80. Celle de ce nouveau Conan est insipide au possible, sans personnalité. Or dans ce genre de film, la musique revêt un caractère primordiale pour le côté épique de l'aventure. Tous les grands films du genre ont une B.O. magistrale, qui n'hésite pas à en faire beaucoup parfois, mais qui est essentielle. Confier la B.O. du film a un second couteau comme Tyler Bates, c'était évident que les producteurs n'ambitionnaient pas avoir une musique marquante, grosse erreur selon moi.
4/10