L'esprit de Cain 6/10Finalement, l’esprit de Cain se revoit plutôt bien. Considéré comme un vilain petit canard, le film est un sympathique exercice de style atypique. On peut y voir toute l’insolence d’un réalisateur qui a souvent tout fait pour se faire détester. Ainsi, il n’hésite pas une seconde à grossir le trait et à se parodier lui-même. Outre l’hommage à Psychose (tout le final avec la psy lors de la capture de Carter), les allusions au passif du réalisateur sont nombreuses à l’image d’un plan furtif faisant directement écho à Pulsions. Réalisé comme un téléfilm du lundi (à l’instar de Body double), le film prête souvent à sourire. Involontaire ou pas d’ailleurs. De palma instille une sorte de second degré un peu comme si ce dernier avait décidé de faire le bilan sur sa période suspense. Souvent conspué pour des partis pris très marqués, on l’imagine volontiers vomir son mépris avec ce film, sorte de pot pourris de ses plus grands excès porté par un John Lightgow en roue libre, bien décidé à aller toujours plus loin dans le cabotinage. Les apparitions de Caïn et des autres personnalités frôlent le Tex Avery. Ca pourrait faire désordre avec le cahier des charges d’un bon suspense de samedi soir. Mais la pilule passe car le réalisateur sait jongler avec les débordements. Avec l’esprit de Caïn, il ne se cache donc plus en nous assénant un spectacle aussi intéressant que foutraque. 80 minutes au compteur, l’esprit de Caïn vendange son suspense mais nous cueille par sa tonalité comico-dramatique. Coté réalisation, il s’agit d’une récréation. Hormis le magnifique final dans le motel (Psycho meet Pulsions), De Palma reste plutôt sage. A croire qu’il préparait déjà dans sa tête son futur chef d’œuvre avec un certain Carlito. En tout cas, même lorsqu’il en garde sous la pédale, le grand Brian ne laisse pas insensible.