PERMANENT VACATION-------------------------------------------------------------------------
Jim Jarmush (1980) |
7/10 Film de fin d'étude et premier long métrage de Jim jarmush, Permanent Vacation résonne comme l'appel à la liberté d'un amoureux du cinéma bravant, par conviction ou provocation, les poncifs enseignés par ses professeurs en leur proposant une oeuvre entière et sans concession. Si l'on y sent les premiers pas d'un cinéaste en devenir, la réalisation est parfois hésitante, il est indéniable que ce joli film porte en lui les prémices de l'oeuvre d'un homme aux multiples facettes.
Entre la bande son hypnotique aux belles sonorités jazzy qui envahit nos oreilles et les clins d'oeil à tous les modes d'expression qui semblent inspirer le cinéaste, que ce soit le cinéma lui même, mais également les arts urbains, les rencontres humaines et la littérature, tout est prétexte à l'échange. C'est vraiment ce qui ressort de ce petit road movie sans thune, ce sentiment qu'il n'appartient à aucun standard, qu'il est simplement la résultante de multiples sources d'inspiration, toute mêlées à l'occasion d'une errance urbaine sans but aucun, dans un New York presque apocalyptique. A travers les rencontres que fera le jeune personnage joué par le très habité Chris Parker, Jarmush dresse le portrait d'une Amérique en souffrance, dominée par une misère qui n'empêche pas les gens de sourire. Le réalisateur ne tombe jamais dans la démonstration dramatique et préfère laisser s'exprimer la marginalité de son personnage, sorte d'anti-héro à la recherche de son propre rythme.
Jolie séance, vraiment rafraîchissante pour peu qu'on se laisse porter par l'ambiance contemplative du film. Tout est fait avec douceur, pour un voyage sans horaire, uniquement rythmé par le calme inébranlable d'un jeune homme en quête d'inspiration dans une grosse pomme quelque peu défraîchie. Permanent Vacation respire l'envie de filmer, l'envie de s'exprimer tout en s'affranchissant de certains standards peut etre un peu encombrants. Mais il n'évoque également aucune envie de se démarquer pour se faire remarquer, la démarche de Jarmush semble en effet des plus sincère et jamais intéressée. Pour preuve, il va jusqu'à financer son film avec la bourse destinée à payer ses études, disant par la même occasion au revoir à son diplôme. C'est certainement cette sincérité qui fera que le film sera remarqué et que Jarmush commencera à se faire une petite place dans le monde du cinéma, aux côtés de réalisateurs influents qui l'inspireront par la suite, à l'image de l'excellent Wim Wenders par exemple, qui financera d'ailleurs en partie, quelques années plus tard, le second film de Jarmush, Stranger than paradise, qui vaudra à ce dernier la caméra d'or au festival de Cannes en 1984.