[Jimmy Two Times] Mes critiques en 2012

[elpingos]

Bien dit !

[osorojo]

Chouette critique Jimmy, avec laquelle je suis sur la même longueur d'onde

J'pensais en avoir fait une critique, mais non. Mon poil dans la main certainement

[Pathfinder]

Toujours pas vu, mais ça file diablement envie! J'aime beaucoup Smith et ses 3 films d'horreur aux approches très différentes!

[Jimmy Two Times]

Présumé Coupable - Vincent Garenq - 2011

En 2011, le cinéma français a décidé d’en mettre plein la gueule à notre justice nationale. Après la belle réussite qu’était Omar m’a tuer, Présumé Coupable remue le couteau dans la plaie encore béante en abordant le cas des acquittés d’Outreau, scandale historique qui a fait des ravages au début des années 2000. Contrairement au film de Roschdy Zem, qui était plutôt neutre dans sa prise de position malgré une irrésistible envie de croire en l’innocence de son personnage principal, le film de Vincent Garenq n’a pas besoin de faire la lumière sur la vérité puisque le verdict est connu de tous.

Concentré sur le seul point de vue d’Alain Marécaux, une des nombreuses victimes de l’erreur judiciaire, le film paraît un peu lourd dans sa première demie heure, avec son personnage principal malmené comme un moins que rien par des flics à qui on a oublié d’apprendre la politesse et qui ne connaissent pas le sens du terme présomption d’innocence. Heureusement, ces quelques seconds rôles grossiers sont rapidement mis sous l’éteignoir par la performance habitée d’un Philippe Torreton qui revient d'entre les morts après s'être contenté de quelques fictions TV ces dernières années. A la manière de l’actor’s studio, il apparaît amaigri pour les besoins du film et porte l’ensemble à bout de bras.

Difficile de ne pas s’indigner devant le sort de cet homme qui voit sa vie s’écrouler comme un château de cartes du jour au lendemain. Le jeune juge d’instruction en charge de l’affaire ne l’aide pas dans sa tâche, complètement aveuglé par sa croisade personnelle et sa quête de reconnaissance auprès de ses pairs. Malgré des prétendues preuves qui rivalisent de ridicule, le procès est uniquement conduit à charge, brisant des familles entières sur son passage.

Le calvaire de Marécaux tient du chemin de croix : garde à vue, mise en détention, internement psychiatrique, tentatives de suicides. Ou comment la machine judiciaire complètement immuable aspire un homme, le broie et le recrache au bord du gouffre, presque sans vie… La réalisation est plutôt fonctionnelle mais le choc des faits suffit à révolter et écoeurer les spectateurs. On peut trouver le film un peu démago mais d’un autre côté comment peut-on imaginer une seule seconde que de telles aberrations puissent s’inviter de nos jours dans les tribunaux ? Il n’est pas interdit de penser qu’un réalisateur un peu plus couillu et formaliste s’attaquera un jour à une grosse chronique exhaustive sur l’affaire, qui épousera tous les points de vue et résonnera comme un plaidoyer à charge sur notre justice qui, comme dirait l’autre, est une vieille fille qui n’aime pas qu’on la prenne en levrette. En attendant, Présumé Coupable donne suffisamment envie de vomir pour patienter quelques années…

7/10

[Jimmy Two Times]

Mission: Impossible - Protocole Fantôme - Brad Bird - 2012

Pour son premier film live, le spécialiste de l’animation Brad Bird (Le Géant de Fer et Les Indestructibles) reprend la franchise Mission Impossible et le résultat est plutôt satisfaisant. Ce Protocole Fantôme est un des meilleurs blockbusters de l’année 2011 mais entaché de quelques carences qui ternissent le ressenti final. Le talon d’achille de ce nouvel opus de la saga vient clairement de son scénario, fonctionnel au possible malgré la menace planétaire, un peu à la manière d'un mauvais James Bond. Les auteurs sont d'illustres inconnus, habitués aux séries TV et ça se ressent fortement, hélas pas pour le meilleur tant la trame est convenue.

Simple prétexte à envoyer Ethan Hunt (Tom Cruise, qui se porte bien dans l’action malgré ses 50 piges, merci pour lui) et sa bande aux quatre coins du monde, l’histoire peine à décoller en raison du manque d’épaisseur de son bad guy, qui veut déclencher une guerre nucléaire sans leitmotiv apparent. On se raccroche donc comme on peut aux branches faméliques du script et on se contente de ce qu’on nous offre. A savoir un film plutôt généreux côté action, très divertissant pendant une bonne heure jusqu'à son point culminant à mi-parcours (passée l'intro pépère en prison, il y a deux excellentes séquences, l'une au Kremlin, l'autre à Dubaï). Mais même s’il envoie partiellement du bois, Protocole Fantôme souffre d’un autre problème, une gestion du rythme foireuse. Tout ce qui suivra après cet excellent climax sera moins bon et un sentiment d’inachevé tenace s’empare du spectateur lors du générique de fin.

Il y a bien quelques bonnes idées à sauver comme l’esprit d’équipe de la série quelque peu retrouvé après trois épisodes qui faisait la part belle à un Tom Cruise un peu trop mis sur un piedestal. Simon Pegg assure la touche humoristique, Paula Patton est l’atout charme et enfin Jeremy Renner joue l’homme mystère (pas vraiment gâté avec son trauma bidon d’espion qui ressasse ses échecs). Côté gadget, c’est l’éclate et on se délecte de quelques scènes bien inspirées (le coup de la toile de projection dans les couloirs du Kremlin, c’est même carrément original).

Techniquement, Brad Bird assure et rend une copie très propre hormis quelques inévitables CGI foireux... Toutefois, découvrir le film en 2012 après un certain Skyfall ne joue pas non plus en sa faveur. Il y a carrément deux mondes d'écart. Pendant que Mission Impossible fait dans le plaisir immédiat, en se débarrassant de toute contrainte narrative, le dernier Bond fait vibrer les sens des cinéphiles avertis, délaissant quelque peu l'outrance graphique pour un réalisme et un plaisir accru. On retiendra au final les très bonnes dispositions du réalisateur pour livrer la marchandise (on sent le mec qui vient de l'animation et qui ne s'impose que peu de limites) et on espère que pour son prochain essai il bénéficiera d'un script autrement plus ambitieux que ce fourre-tout démodé qui contraste avec ce bel écrin et ses sympathiques trouvailles.

6.5/10

[Alegas]

A Dangerous Method - David Cronenberg - 2011

Après avoir torturé le corps de ses personnages pendant une grande partie de sa carrière, David Cronenberg s'occupent à présent de leur esprit. En signant ce drame sur les fondements de la psychanalyse, l'exercice est partiellement réussi, pédagogique sans être rébarbatif et s'autorisant en filigrane quelques saillies vaguement déviantes, histoire de ne pas renier totalement ce qui fait l'essence de son cinéma.

Aucune image surréaliste ou entêtante d'A Dangerous Method ne résistera au temps, mais il tient là un sujet idéal pour mettre en valeur ses talents de directeur d'acteurs (pas vraiment ce pour quoi il est reconnu, en même temps vu le caractère bis de certains de ses films, ça n'est guère surprenant). Le trio Michael Fassbender, Viggo Mortensen, Keira Knightley semble se régaler de cette masturbation cérébrale et représente le principal attrait pour le spectateur. En patiente du docteur Carl Jung (Fassbender, très bon comme souvent), Sabina Spielrein (Knightley, complètement en roue libre au début, après ça va mieux) est l'élément perturbateur et stimulateur des recherches conjointes de son illustre médecin et de l'éminent Sigmund Freud (Mortensen, très classe).

Dommage que le film se résume un peu trop souvent à des joutes verbales, certes bien écrites, mais qui ne font que trop peu avancer le débat. On aurait aimé voir quelques scènes supplémentaires consacrées à l'application des méthodes thérapeutiques. Le scénario tue dans l'oeuf l'excellent personnage interprété par Vincent Cassel (de plus en plus crédible dans la langue de Shakespeare, après quelques rôles laborieux). Techniquement, c'est plutôt réussi avec une utilisation de focales courtes qui fait des merveilles lors des longues sessions de discussions passionnées auxquelles s'adonnent Jung et Freud. Le score d'Howard Shore est à l'avenant, très agréable à écouter. On regrettera finalement que le film reste très sage, c'est d'autant plus étonnant venant du trublion canadien, habituellement peu avare lorsqu'il s'agit d'aborder la question du sexe. De jolis préliminaires mais un résultat final qui bande mou.

6/10

[Jimmy Two Times]

BILAN NOVEMBRE 2012

FILM CINE DU MOIS

DECOUVERTE DU MOIS

COUPS DE COEUR DU MOIS

PURGE DU MOIS

15 FILMS VUS - MOYENNE 6.63/10

[Jimmy Two Times]

Blow Out - Brian De Palma - 1981

A peine un an après l'excellent Pulsions, Brian De Palma continue de revisiter l'oeuvre de ses pairs (ici Blow Up d'Antonioni ou encore Conversation Secrète de Coppola) et affirme encore un peu plus son statut de maestro de l'image. Peut être plus encore que dans son précédent film, il nous propose une mise en abîme vertigineuse qui fonctionne sur de multiples niveaux. La redécouverte de ce chef d'oeuvre des 80's dans l'impeccable Blu-ray édité par Carlotta est une claque phénoménale. Hormis quelques scènes un peu moins bien loties, les conditions de visionnage sont optimales et achèvent de rendre euphorique n'importe quel maniaque du cadre.

Outre l’inspiration évidente des films précités, De Palma apporte une nouvelle pierre à l’édifice de sa thématique obsessionnelle. Lors d’une scène d’introduction aussi drôle que virtuose faisant le lien avec son précédent long, il place le spectateur au cœur de l’action, sale petit voyeur qu’il est. Ce début sous forme de faux slasher n’est évidemment qu’une mauvaise blague et l’audience ne peut qu’éclater de rire lorsqu’elle découvre la supercherie.

Retour à la réalité et présentation du personnage principal (Jack Terry), preneur de son pour des séries Z fauchées, qui sera le témoin d’un accident de la route tout sauf anodin. Alors qu’il effectue des prises de son depuis un pont, une voiture folle fait un plongeon dans une rivière. N’écoutant que son courage, il sauve un des passagers, une jeune femme très naïve (Nancy Allen). Un second passager, un gouverneur favori pour les présidentielles, y laissera en revanche sa peau. Jack se lance alors dans une quête de vérité grâce aux quelques éléments dont il dispose (l’enregistrement sonore de l’accident). Ou comment De Palma relate à sa façon l'assassinat de Kennedy ou le scandale du Watergate.

Sous couvert d’une conspiration somme toute assez classique (l’assistant du gouverneur veut étouffer cette affaire d’adultère), le réalisateur propose un puzzle ludique haut de gamme, véritable jeu de pistes transcendé par une mise en scène éblouissante, totalement au service du récit. Les adeptes d’images chiadées sont aux anges. Entre la scène du pont, celles dans le studio de montage de Jack, des plans des rues de Philly d’une beauté à se damner ou encore le final étourdissant, rien n’est à jeter. Techniquement, Brian nous fait la totale. Il nous assène des enchaînements de crochets, droites et uppercuts sous forme de travellings tantôt vertigineux (la scène de la gare, l’ubuesque poursuite en voiture), tantôt étourdissants (le travelling circulaire dans le studio à en perdre la tête). On a également le droit à du split screen bien senti et à une utilisation admirable de la double focale. Même lorsque le Blu-ray trahit des inserts qui ne peuvent renier leur âge (30 ans), la science de l'image emporte tout sur son passage.

Beaucoup reprochent à l’histoire d’être moins captivante que Pulsions (ce qui n’est pas faux) mais on gagne en revanche un aspect autobiographique et un discours sur le pouvoir de fascination des images qui transcendent le scénario. De Palma se projette à l’écran. Jack Terry, c’est un peu lui en quelque sorte. Un bidouilleur de génie mésestimé qui a du se battre comme un lion pour obtenir la reconnaissance. Travolta trouve évidemment un de ses meilleurs rôles (de toute façon, il n’y en a pas beaucoup à part celui-ci et celui dans Pulp Fiction…), Nancy Allen joue la nunuche candide et ça lui va bien et John Lithgow est parfait en serial killer sadique. La musique de Pino Donaggio est au diapason de l’image, à la fois mystérieuse et mélancolique. Blow Out est un vrai tourbillon formel, qui embrasse sa matière narrative classique pour en faire un joyau hypnotique. Un de plus dans la filmographie du maître.

9/10

[Jimmy Two Times]

Y a des courants d'air sur mon topic...

[Alegas]

Roh le râleur.
Du coup tu pourras peut-être répondre à la question que je posais sur le topic de Val : il est bien le BR niveau son ? Genre sur la scène de l'accident ?

[Jimmy Two Times]

C'est du DTS Master Audio 2.0 donc à part choisir de dupliquer artificiellement sur les surrounds ce qu'il se passe sur les enceintes avant...En poussant les watts, on distingue les sons de façon très nuancée. On les entends à peine et puis progressivement, ça devient de plus en plus audible à mesure que Jack oriente son micro. Sinon, pas d'esbrouffe particulière vu le format adopté. Par contre, niveau image, la claque!!! À part 2 ou 3 scènes, c'est un régal! Merci de ta compassion Alegas

[osorojo]

Bel avis, que partageront tous les amoureux (ou presque) de la belle image et du son. J'ai adoré cette projection personnelle qu'effectue De palma dans le film à travers son personnage de Jack Terry. Le rachat en BR est plus que prévu pour ma part, surtout vu ce que tu en dis

[Jimmy Two Times]

Je vais m'acheter Pulsions rapidement. Carlotta assure sur le coup!

[Dunandan]

Sauf pour le zonage (je sais je radote), je vais devoir me replier sur le criterion qui va me coûter un bras

Y a des courants d'air sur mon topic...

T'as qu'à écrire un film inconnu au bataillon, tu verras même le vent hésitera à s'inviter ...

[Scalp]

Oue Blow Out c'est dur de rebondir après chaque critique ( enfin sauf celle de Zack où y dit des bêtises )