[Count Dooku] Mes Critiques en 2012

[osorojo]

Tu fais de jolies critiques de films que je ne connais pas du tout. Je n'ai vu, pour ainsi dire, aucun film de ce genre, aventure un peu old school. Tu me donnerais envie de tenter le voyage dans tous les cas avec ce capitaine sans peur Et puis, tu m'as également titillé avec Duel au soleil ! ^^

[Count Dooku]

Merci. ^^
Dans le même genre j'ai posté ici il y a quelques semaines des critiques du Cygne Noir et du Corsaire Rouge, je t'invite à aller les lire si tu t'intéresses au genre (elles se trouvent aux pages 5 et 8 de ce topic).

[Dunandan]

D'ailleurs un petit récap' en début de topic ce serait sympa, sûrement que j'irai puiser ici quelques pépites dans un futur assez proche

[Dunandan]

Far West Story, Sergio Corbucci, 1972

Sergio Corbucci est sans nul doute le plus important représentant du western spaghetti après Sergio Leone (suit juste après le troisième Sergio, Sergio Sollima), et des films comme Django et surtout Le Grand Silence sont pour moi des chefs d’œuvres du genre. En revanche, je suis moins fan de ses westerns plus légers, comme Il Mercenario et Compañeros, que je trouve sympas mais un peu lourdingues. Far West Story se situe entre les deux, on y retrouve la veine picaresque et légère des deux westerns zapata, mais le scénario est moins foutraque et les personnages plus attachants, de sorte que je suis davantage entré dans le film.

Far West Story, c'est un peu une love-story entre deux Bonnie & Clyde du Far-West. Enfin, une love-story pour le moins atypique, puisque pendant une bonne partie du film le gars (Tomas Milian) traite la fille (Susan George) comme une merde : il essaie de la violer, l’envoie balader alors qu'elle veut être sa complice, et n'arrête pas de l'insulter. Jusqu'à ce qu'elle lui avoue ses sentiments à son égard, ce qui le fera changer d'attitude (jusqu'à l'épouser la scène d'après), et ce bien que Corbucci se garde bien d'amener un quelconque romantisme à tout cela, ça reste pour le moins décalé et totalement dans le ton du film (y a juste une scène où le réalisateur fait preuve de tendresse à l'égard de ses personnages, quand on les voit s'embrasser et se mordiller le visage en gros plan... c'est sans doute la seule scène vraiment "romantique" du film).
Quant à l'histoire en elle-même, elle est des plus simples : Jed Trigado (Milian) est un bandit de grands chemins traqué par un shérif (Telly Savalas, qui campe un méchant assez marquant avec son manteau de fourrure et son crâne chauve, mais malheureusement il passe au second plan dans la deuxième partie du film) et il rencontre Sonny, une jeune fille qui l'admire et veut devenir comme lui. Et tout le reste bah ce ne sont que des péripéties dont le principal intérêt réside dans la relation qui se construit entre les deux protagonistes principaux. Tout est centré là-dessus, et dans le genre romance dégénérée entre deux marginaux c'est plutôt bien fichu, d'autant que les deux acteurs sont excellents (surtout Milian, qui livre un jeu plus nuancé et sobre que dans les deux westerns zapatas de Corbucci).

Côté réal' bah comme toujours chez Corbucci, c'est du solide, idem pour le score de Morricone, même si comme bien souvent y a un vraiment un thème qu'on retient et qui revient très souvent. Bref, si on n'est pas au niveau de ses deux westerns noirs (je préfère vraiment Corbucci dans une veine plus tragique et nihiliste), ça reste un divertissement très plaisant. Un bon western spaghetti.

7/10

[Scalp]

Bein alors plus de critiques de western ?

[Count Dooku]

Faut dire que j'en matte plus trop en ce moment.
Enfin je me rends compte que ça fait un moment que j'ai plus posté de critiques, ces derniers temps j'ai été très occupé, je trouvais à peine le temps de regarder des films, alors les critiquer...
Mais je vais tâcher de m'y remettre au plus vite!

[osorojo]

Clair qu'elles manquent tes critiques vintage (les moins vintages aussi hein ) !

[Alegas]

Dracula, Tod Browning, 1931

Profitant de la sortie du coffret Blu-Ray, j'ai décidé de me faire un petit cycle Universal Monsters, en commençant par le plus ancien du coffret, à savoir le Dracula de Tod Browning. Immense classique du film de vampire, cette version est essentiellement célèbre pour l'interprète du rôle-titre, Bela Lugosi, que beaucoup connaissent grâce au Ed Wood de Tim Burton (où l'acteur hongrois est superbement incarné par Martin Landau). De fait, son interprétation habitée est clairement l'intérêt principal du film de Browning, et même s'il a tendance à surjouer et à en faire des tonnes, son accent et son allure aristocratique en font un Dracula mémorable.
A côté de cela, le film est assez inégal, alternant le superbe (toute la première partie en Transylvanie, avec de magnifiques plans du château et une ambiance très réussie) et le plan-plan (les scènes de salon, désespérément statiques et trop verbeuses). Le film est en cela assez caractéristique des débuts du parlant, où les contraintes techniques de capture de son avaient pour conséquence une mise en scène statique et théâtrale, ce qui constituait une régression par rapport au muet (il suffit de comparer avec Nosferatu sorti près de 10 ans auparavant : le film de Murnau apparait bien plus dynamique et ambitieux esthétiquement). L'absence de musique, pour le moins handicapante dans certaines scènes, est également à mettre sur le compte de cette période des early-talkies, même si le BR propose une version avec un score de Philip Glass, mais je l'ai remarqué après avoir visionné le film...

En dépit de ses défauts, le film demeure un jalon dans l'histoire du film de vampires, et nombre de répliques cultes ("ils sont les enfants de la nuit", "je ne bois jamais... de vin") sont à mettre au crédit de cette version, de même que l'accent particulier du comte, que Coppola reprendra dans sa version de Dracula.

6.5/10

[Mark Chopper]

Bonne idée ce cycle. Tes avis sur ces classiques m'intéressent

[Alegas]

frankenstein, James Whale, 1931

Après Bela Lugosi et Dracula, Frankenstein consacre celui qui deviendra l'autre grande star d'épouvante de la Universal, Boris Karloff. Il faut dire que son interprétation de la créature est restée dans les mémoires, à tel point qu'aujourd'hui, quand on entend le nom de Frankenstein, on pense immédiatement à la face carrée de Karloff, avec ses deux boulons de chaque côté du crâne. C'est la vraie star du film, bien davantage que le professeur Frankenstein lui-même, certes très bien incarné par un Colin Clive en savant faustien obsédé par ses expériences, même si son changement d'attitude en milieu de film est quelque peu brutal.
Visuellement, le film emprunte beaucoup à l'expressionnisme allemand, particulièrement lors des plans montrant le laboratoire de Frankenstein ou l'intérieur de celui-ci, avec ses perspectives tordues. Les décors du village, manifestement allemand ou autrichien, renvoient également à cette influence germanique.

Si le Dracula de Browning apparaissait statique, le film de Whale est en revanche beaucoup plus rythmé, avec une mise en scène plus enlevée et un scénario plus mouvementé. On peut regretter que les scènes sensées se passer en extérieur trahissent à ce point des décors de studio (le BR est assez impitoyable sur ce point), mais c'est nettement plus appréciable que les salons de Dracula. Côté histoire, le film ne suit que dans les grandes lignes le roman de Mary Shelley, trahissant même une idée fondamentale en faisant de la créature un être mauvais, car possédant le cerveau déviant d'un criminel (sans doute était-ce pour coller au cahier de charge des Universal Monsters). Le monstre n'apparait donc pas comme une victime mais comme un criminel, comme l'atteste la scène (choquante pour l'époque) avec la petite fille. Il est amusant de noter qu'Universal fera marche arrière pour La Fiancée de Frankenstein en revenant vers la vision de Shelley, mais j'y reviendrai dans ma critique de cette suite.

Un grand classique du film de monstre, une source d'inspiration majeure pour tout un pan du cinéma fantastique, et à mes yeux l'un des Universal Monsters les plus réussis.

7.5/10

[Count Dooku]

Bonne idée ce cycle. Tes avis sur ces classiques m'intéressent

Pour le moment j'en ai vu 5 sur les 8 du coffret (je les avais déjà tous vus en DVD il y a quelques années, excepté Le Fantôme de l'Opéra). Je vais rédiger les 3 autres maintenant, là je me sens chaud.

[Alegas]

La Fiancée de Frankenstein (The Bride of Frankenstein), James Whale, 1935

Suite directe du premier film (il reprend directement là où le premier s'arrêtait, c'est à dire à l'incendie du moulin), cette suite est pourtant d'une tonalité assez différente, à commencer par le traitement du monstre. Comme je le disais dans ma critique du premier opus, la créature y était présentée comme un monstre malfaisant car mauvais par nature, contrairement au roman de Mary Shelley où c'est l'hostilité et le rejet des hommes qui l'amènent à faire le mal. Pour cette suite, on revient à cette idée originale en présentant le monstre sous un jour plus positif, afin que le spectateur éprouve de l'empathie à son égard. Ce n'est donc plus seulement une silhouette grognante et agressive, mais aussi et surtout un être sensible qui n'aspire qu'à être accepté malgré ce qu'il est, et qui ne recevra en retour que crainte et haine de la part des villageois. Les scènes avec le vieil aveugle témoignent bien de cette volonté d'humaniser la créature, et de montrer que, derrière son apparence, c'est bien d'un homme et non d'un monstre qu'il s'agit. Exit donc l'histoire du cerveau corrompu (on n'y fait même plus allusion) pour un traitement plus subtil et plus en phase avec le message original de l'auteur (du reste, le film commence par une discussion entre Mary Shelley, son mari le poète Percy Shelley et Lord Byron, comme pour illustrer cette volonté de revenir à la source).

Outre ce traitement nettement plus intéressant du monstre, je dois dire que le film m'a paru un peu moins bon que dans mes souvenirs, pour quelques détails un peu gênants. Primo, certains acteurs ne sont pas les mêmes entre le premier film et celui-ci, tels que la femme de Frankenstein (qui passe de blonde à brune...) ou le bourgmestre, certains personnages disparaissent complètement comme l'ami de Frankenstein ou le père, tandis que d'autres surgissent de nulle part (le personnage pour le moins irritant campé par Una O'Connor). Ça ne m'avait pas dérangé la première fois que je l'ai vu car je l'avais visionné au moins un an après le premier, mais là en les regardant à un jour d'intervalle, ça choque... Ensuite, le métrage s'accorde quelques moments de légèreté (les petits personnages, les crises d'hystérie d'Una O'Connor), là où le premier restait tout-au-long très sérieux et sombre. Enfin, alors que le titre La Fiancée de Frankenstein, il est dommage que celle-ci n’apparaisse qu'à la toute fin du film...
Mais peu importe, cette suite reste une belle réussite, grâce au personnage incarné par Karloff, qui trouve ici une envergure supplémentaire (la parole l'aide beaucoup) et parvenant à insuffler de l'émotion à son personnage malgré son allure rigide et la tonne de maquillage. Le nouveau méchant, le Dr. Pretorius, sorte de Frankenstein qui aurait irrémédiablement mal tourné, est assez caricatural mais fait bien le job, et il est contrebalancé par un Colin Clive toujours impeccable dans le rôle titre. Enfin, la puissance visuelle du film demeure identique, certains décors revenant (le laboratoire) tandis que d'autres s'avèrent tout aussi réussis (la crypte).

7/10

[Count Dooku]

L’Homme invisible (The Invisible Man), James Whale, 1933

Tiré d'un roman d'H.G. Wells, cet Universal Monsters est avant tout une remarquable performance technique : pour rendre crédible cet homme invisible, l'équipe du film a eu recours à un grand nombre d'effets spéciaux très impressionnants pour l'époque, et qui demeurent relativement efficaces aujourd'hui. Ainsi, le film nous donne à voir une chemise s'animant toute seule ou des objets flottant dans le vide, ce qui a du nécessiter un grand effort d'imagination et beaucoup de travail de la part des techniciens de l'époque. Outre la qualité de ses effets spéciaux, L'Homme invisible est également une belle réussite du genre, enchainant les péripéties à un rythme effréné et exploitant à merveille le concept de l'invisibilité (le personnage principal va ainsi faire tourner en bourrique les policiers et les villageois, instaurer une panique générale). Le ton s'éloigne par moments de l'horreur pour lorgner vers la comédie, les situations étant parfois à la limite du burlesque. Claude Rains livre une interprétation carrément impressionnante d'autant qu'on ne voit jamais (ou juste brièvement) son visage. On pourra reprocher son personnage d'être largement caricatural (il veut profiter de son pouvoir pour dominer le monde...), toujours est-il qu'il impose par sa voix une présence et un charisme à son personnage.
Un très bon Universal Monsters, plus léger et davantage tourné sur l'action que sur l'horreur et l'ambiance.

7/10

[Count Dooku]

La Momie (The Mummy), Karl Freund, 1932

Une belle redécouverte que cette Momie version 1932, puisque c'était un Universal Monsters qui m'avaient le moins convaincu la première fois, et dans ces récents revisionnages c'est l'un de ceux que je trouve le plus réussis! Toute la dimension romance à travers les âges, avec le flashback dans l'eau du bassin, la personnalité d'Ank-Souh-Namun qui ressurgit malgré les générations, a quelque chose de poétique qu'on ne retrouve pas dans les autres Universal Monsters, ou alors dans quelques scènes de La Fiancée de Frankenstein. Ce n'est pas "juste" une histoire de Momie qui revient à la vie pour tuer tout ce qui croise son chemin, c'est beaucoup plus profond que cela et c'est ce qui rend le film si intéressant.
Comme souvent dans ces films, Boris Karloff tire la couverture à lui et monopolise l'attention de par son aspect et son attitude étrange, tandis que le jeune premier face à lui est assez fade et transparent. Le personnage féminin est plus intéressant avec ce double-rôle central dans l'intrigue. Visuellement, le film est assez inégal, utilisant des stocks-shots ou des maquettes pour faire croire qu'on est en Egypte, mais les scènes de flashbacks dégagent une atmosphère envoutante (dommage qu'elles ne durent pas plus longtemps) et les apparitions de Boris Karloff sont toujours remarquablement soignée, avec un travail particulier apporté à l'éclairage de son visage.
On est évidemment loin, très loin de la vision 100% action et grand spectacle du film de Sommers sorti en 1999 (et que je n'apprécie que très très moyennement), cette version originale s'avère beaucoup plus intimiste et centrée sur la relation entre Imhotep et Ank-Souh-Namun.

7.5/10

[zack_]

Merci pour ce retour de critique, j'ai déjà hâte de me dévorer le coffret