La Rue Rouge Fritz Lang - 1945
Tout aussi bon que Le Femme au Portrait mais j'ai pas trouvé les films si jumeaux que ça, alors oui on retrouve le même trio d'acteur, un vieil homme qui aimerait bien se faire une petite jeune et un meurtre mais là où la Femme au Portrait avait un déroulement assez classique et prévisible ( à part le twist bien entendu ) ici j'ai trouvé le film surprenant, me suis bien fait balader, ne prévoyant aucun rebondissement à l'avance ( sauf bien entendu le rapport à la culpabilité mais ça arrive très tard dans le récit ). Alors ici c'est clairement moins ludique dans son déroulement, mais la mécanique du scénario n'en reste pas moins implacable et c'est véritablement bien écrit ( à noter que comme pour Désirs Humains c'est un remake d'un film de Renoir ), la montée dramatique du film étant une belle petite réussite, car on sait forcément qu'il va y avoir une couille à un moment mais on n'arrive pas à prévoir laquelle ( les possibilités étant multiple et Lang joue vraiment avec nous ) du coup quand LE drame arrive, on est vraiment emmerdé pour ce personnage qu'on immédiatement apprécié.
J'ai bien aimé aussi les scènes de dialogues ainsi la première rencontre entre Robinson et Bennett est vraiment bien dialogué avec les 2 personnages qui comprennent ce qu'ils ont envie de comprendre, j'ai trouvé ça très réussit, d'ailleurs dans tout le film le mensonge est roi et c'est lui qui gagne à la fin.
Sur la forme par contre c'est du petit Lang, en même temps il a pas vraiment de séquence où il peut faire éclater sa maitrise technique, à part l'intro pluvieuse ( scène ultra stylisé pour le coup ) c'est même finalement très classique mais bon c'est pas spécialement gênant vu que le script est en béton on ne s'attarde finalement pas trop sur la forme ( enfin c'est quand même carré hein, ça reste Fritz Lang derrière la caméra et pas un Ray ou un Dmytryk donc y a des idées de mise en scène notamment la scène de l'exécution ), enfin faut noter que le plan final plein de noirceur et d'une cruauté saisissante est très beau visuellement.
Edward G. Robinson est encore plus convaincant que dans la Femme au Portrait, il campe avec justesse un homme d'un niveau social moyen bourré de qualité ( besogneux, serviable, humble ) qui grâce à sa distinction et sa culture arrivera à se faire passer ( sans que ce soit volontaire ) pour un homme de la haute société et il réussit vraiment à retranscrire tout les sentiments de son personnage touchant de naïveté, c'est même assez drôle de le voir faire tout son possible pour séduire Joan Bennett et vaincre sa timidité ( les scènes avec sa femme sont excellente d'ailleurs au final sans qu'il s'en rende compte il est aussi impuissant face à sa méchante épouse que face à la jeune Bennett ), une Bennett qui colle ici très bien au personnage, c'est pas une femme fatale à proprement parler, c'est juste une pute ( le mot n'étant jamais cité, censure de l'époque oblige ) et elle n'a pas la classe ou le coté vénéneux de la femme fatale type et quand elle sort THE réplique du film
"Paint me, Chris!... They'll be masterpieces. " c'est fait avec vulgarité mais c'est suffisant pour séduire un vieil homme, elle est vraiment convaincante dans son rôle de pute un peu cheap amouraché de son mac, un mac joué par l'inévitable Dureya, qui ici là joue moins salaud que d'habitude ( bon il colle des beignes à Bennett quand même ), ici il est juste un crétin qui veut se faire un peu de fric et il est même pas spécialement détestable.
Très bon film noir désespéré où on suit les rêves ( tout simple : peindre et être aimer ) et la déchéance d'un brave type, je vais continuer à découvrir les Lang de cette période, m'en reste 6 ou 7 à voir ( hâte de choper le coffret Wild Side de Décembre du coup ), Lang définitivement un meilleur réal que Hitchcock.
8/10