[oso] Mes critiques en 2012

[osorojo]

Ça fait plaisir cet avis sur Leon Morin, je me demandais justement ce qu'il valait ^^

Bon sinon, vu ce que tout le monde dit de Godard, ça me donne envie de continuer à me faire ma propre idée

[Dunandan]

Oui il est pas mal, très éloigné de ses polars, avec une relation prêtre-communiste plutôt originale ... Loin d'être l'un de mes préférés mais si tu aimes bien les dialogues intelligents, je te le conseille.

[Count Dooku]

Léon Morin Prêtre c'est un bombe. Vraiment. Belmondo sans fioriture, des dialogues passionnants, la sobriété de Melville.

L'un des meilleurs rôles de Belmondo, je le préfère nettement là-dedans que dans ses personnages gouailleurs de sa période Bébel.

[Dionycos]

Ah Godard, j'avais tenté de m'y mettre il y a quelques années, avec A Bout de Souffle justement. Je me suis arrêté là
Dans le genre cinéma prétentieux pour bobo, on fait pas mieux. Détestable.

[francesco34]

Sauf que les "bobos" sont apparus dans les années 80, et que Godard a fait son film 20 ans avant...
C'est chiant ces arguments à la noix. Dites juste que vous n'aimez pas son cinéma ou le courant de la nouvelle vague. Mais c'était pas un cinéma élitiste, bcp de films de la nouvelle vague ont eu de bons succès public.
Et puis "prétentieux" c'est à côté de la plaque... hum, quand on lit Godard parler de son film, c'est tout sauf prétentieux. Il aurait fallu qu'il s'auto-masturbe en se disant sur le moment qu'il était un génie et inventait un nouveau cinéma, or c'est tout le contraire...

[osorojo]

Toucherait-on à l'un de tes chouchous ? Faut pas s'énerver comme ça

Je suis tout sauf du genre à avoir des idées reçues et j'ai regardé le film sans aucun à priori. Si j'ai trouvé que l'image était quelque peu prétentieuse dans le sens où elle est sans cesse dans une recherche de faire différent, je pense que c'est légitime et un vrai ressenti. T'as le droit de ne pas être d'accord, quant à me dire que je suis à côté de la plaque, on va mettre ça sur le coup de la rigueur hivernale qui s'installe

De toute façon, on le sait, le cinoche de Godard divise violemment, pour ma part je peux comprendre qu'il fascine, ce serait bien que les fascinés comprennent aussi qu'il puisse simplement laisser dubitatif

Pour le terme bobo de Dio, c'est mal utilisé ouais, mais bon, faut pas se sentir concerné comme ça quand même

[francesco34]

Pas du tout, je suis pas fan de A bout de souffle (vu qu'une fois, pas un grand souvenir), ni de Godard (à part 1 ou 2 trucs son cinéma m'ennuie profondément), ni de la nouvelle vague en général.
Je réagissais pas du tout sur ta critique mais uniquement sur la phrase de Dio:

Dans le genre cinéma prétentieux pour bobo, on fait pas mieux. Détestable.

Y'a une forme de mépris là-dedans, ou d'aversion exagérée, puisée dans des néo-clichés globalement faux. Et c'est surtout ça qui m'agace.

[pabelbaba]

Tu crois vraiment qu'on fait du ciné pour Bobo, kid?

[osorojo]

Je réagissais pas du tout sur ta critique mais uniquement sur la phrase de Dio:

Dans le genre cinéma prétentieux pour bobo, on fait pas mieux. Détestable.

Y'a une forme de mépris là-dedans, ou d'aversion exagérée, puisée dans des néo-clichés globalement faux. Et c'est surtout ça qui m'agace.

Ok, je te rejoins alors, même si je peux comprendre qu'on catalogue de façon aussi extrème les films de Godard. Je me suis senti concerné parce que j'utilise le terme prétentieux dans ma critique

@pabel : haha, pas mal ce montage ^^

[francesco34]

Il est possible qu'il le soit devenu depuis (prétentieux), mais comme il ne fait plus que du ciné expérimental j'ai abandonné toute idée de mater son oeuvre, vraiment pas ma came.
Mais à l'époque de A bout de souffle, la nouvelle vague c'était juste des gens qui voulaient faire du cinéma autrement et sortir de ce qu'imposait la critique et les producteurs. Alors qu'à notre époque on médit sur le forum toutes les semaines sur la profusion de trucs formatés, suites, remakes et autres, ça m'étonne qu'on crache systématiquement sur des gens qui ont été en rebellion contre un système et voulu offrir un cinéma autre. Moi j'adhère à l'idée d'essayer autre chose.
Ca c'est pour le principe.
Sinon dans les faits comme je disais, je suis moi-même pas spécialement adepte ou admiratif des films de la nouvelle vague (en gros j'aime bien l'idée, pas forcément ce qui en a résulté). J'aime bien 2-3 Truffaut, et y'a quelques héritiers que j'apprécie bcp, comme Doillon.

[Alegas]

LEON MORIN PRETRE
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Jean Pierre Melville (1961) | 8/10

Généralement peu friand des oeuvres qui ont pour thème central la religion, je dois dire que j'ai abordé le film avec un petit soupçon de scepticisme quand j'ai compris où il voulait aller. Toute sa première partie est en effet une joute verbale entre deux camps opposés aux verbes affûtés dès lors qu'il s'agit de débattre autour de ce sujet sensible qu'est le christianisme et ce qu'il signifie pour ses pratiquants. Mais si la crainte de se voir servir une énième réflexion caricaturée pouvait être légitime, elle fut balayée assez rapidement par toute la justesse dont fait preuve Melville dans son film, que ce soit à travers la sobre beauté de sa mise en scène ou l'incroyable retenue dont fait preuve un sujet pourtant propice à la polémique.

C'est à ce niveau que Léon Morin prêtre est impressionnant. A aucun moment le cinéaste ne prend vraiment parti pour l'un des camps, pour ou contre le christianisme. Il se contente de mettre en scène des débats passionnés où chaque interlocuteur a le temps de proposer son point de vue. On est forcément touché par ce déluge d'idées auxquelles on a tous des réponses personnelles. Mais limiter ce film à une approche intelligente de la religion serait réducteur. Car cette thématique est en fait le simple prétexte à la mise en place d'une histoire d'amour ambiguë dont on ne parviendra jamais à saisir tous les enjeux. On est en effet totalement pris de court lorsque le générique grave sur l'écran le mot fin, achevant par la même un quelconque espoir de se voir offrir des explications plus concrètes.

Si cette envie d'y voir plus clair nous ronge, c'est parce que Melville instaure des atmosphères si palpables qu'on y croit vraiment. Cette relation improbable entre une communiste un peu rebelle farouchement opposée à la religion et un prêtre à l'esprit sans frontières finit par nous sembler naturelle, presque banale. Ce sentiment est renforcé par l'interprétation magistrale des deux protagonistes. Belmondo est d'un naturel enthousiasmant et parvient à retranscrire à la perfection le déterminisme de son personnage tout en lui insufflant le soupçon nécessaire d'ambivalence pour qu'on se pose des questions. Emmanuele Riva est quand à elle sans cesse sur le fil du rasoir, on ressent jusque dans nos tripes les sentiments qui la tiraillent, on vit les évènements en même temps que Melville nous les fait partager par cette voix off dont elle se fait l'écho.

Enfin, si l'impact de Leon Morin Prêtre est si important, c'est aussi parce que le réalisateur sait contenir sa mise en scène pour la faire accompagner à la perfection le sujet si sensible qu'elle illustre. Hormis une photographie magnifique, avec laquelle Melville use des clairs obscurs à la perfection pour donner naissance à des atmosphères aussi bien oppressantes que porteuses de joie, le film est d'une sobriété qui force le respect sans toutefois jamais manquer de soin. La caméra se contente d'accompagner avec maîtrise les personnages, son rôle est simplement de nous donner l'accès à une tranche de vie forte en symboliques.

Difficile de sortir du film une fois celui-ci terminé. On a toujours en tête les deux voix omniprésentes qui le bercent, les visages de deux acteurs terriblement touchants chacun à leur manière. Léon Morin Prêtre impressionne par sa richesse de fond et l'histoire d'amour qu'il dépeint entre quelques illustrations jamais caricaturales de la vie d'une petite ville de province pendant l'occupation, est aussi émouvante que passionnante. Le dernier plan de Léon Morin prêtre résume à lui seul la beauté du film. Peu de lumière, des pas trébuchants, deux visages fermés dont l'apparente tristesse n'est que le reflet d'une fin salvatrice à une relation sans issue.

[Dunandan]

Belle critique puis ces captures encore une fois . Encore un film que j'avais du mal à jauger (je parle de l'esthétique) sur mon petit écran de merde

[pabelbaba]

Superbe critique!

[osorojo]

Merci à vous deux

@Dun, sur que sur un 15" tu devais te sentir un peu oppressé par tous ces noirs très denses

[Scalp]

Y m'attire pas du tout ce film pourtant Belmondo + Melville c'est mon truc.