[Dunandan] Mes critiques en 2012

Modérateur: Dunandan

Spy Game - 7/10

Messagepar Dunandan » Mer 21 Nov 2012, 18:39

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Spy Game, Tony Scott (2001)

Un bon petit film d'espionnage old-school que nous concocte Scott, centré sur la relation entre mentor (Robert Redford) et disciple (Brad Pitt), l'un des plus grands atouts du film. Quel régal de voir la vielle école tourner en ridicule cette machine administrative (qui préfère lâcher ses troupes lorsque l'intérêt général, à savoir les lois du marché, est en danger). Dans le jeu du pur interrogatoire sans soutien technologique, ça se voit que c'est lui qui mène la danse à partir de techniques simples mais efficaces, et de son réservoir de relations. Ce défi de l'autorité est un grand thème du réalisateur, mais qui est ici magnifié par le bagou et la ruse de Redford, souvent imprévisible (mais combien a-t-il de femmes ?), alimenté par le touchant rapport père-fils qui s'y joue. De l'autre côté, on retrouve Brad Pitt, qui aura à choisir entre suivre la voie "grise" de son instructeur ou bien la sienne, laissant entrevoir une petite touche d'humanisme dans ses motivations.

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Par contre le film est assez inégal dans le traitement. Pas de problème avec la première partie. D'abord par la forme de présentation, alternant l'urgence de la situation présente et flash-backs, qui se concentrent sur la formation du boy-scout et leur amitié. Il s'y joue une tension permanente entre professionnalisme et fougue, réalisme cynique du métier d'espion et remords. La narration choisie ici est brillante : c'est par l'apprentissage que l'on apprend un peu de chacun, mais aussi que l'on comprend mieux dans quel pétrin s'est mis son ancien coéquipier alors que c'était flou au début. Malheureusement la seconde partie casse le mystère et ne laisse plus beaucoup de surprises, glissant vers une histoire d'amour qui prend trop de place. Si on connaît le romantisme de Scott, on peut comprendre qu'il a voulu créer un peu de chaleur au sein d'un métier qui en manque, au risque pour le personnage de Pitt de foutre en l'air la mission mise en place dans le passé. Mais si dans ses autres films cela pouvait avoir un impact émotionnel important et nécessaire pour la qualité de l'histoire ( True Romance et Revenge pour ne citer que ceux-là) ici on s'en fout un peu car les motifs et l'alchimie sont presque inexistants. Ainsi comment ne pas trouver soûlant le fait d'écouter pour une quatrième fois la "chanson" de la femme ? En outre, il y a des petits problèmes de crédibilité pourtant si importante dans ce genre de film : par exemple la scène de transition sur le toit offert à tous les regards, ou traverser un champ de bataille pour aller au restaurant (à la limite ça peut trouver sa place dans le petit jeu de défis rigolos entre les deux personnages).

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Pour terminer la réalisation est assez posée, ce qui permet de suivre l'histoire sans interférences, qui plus est se déroule essentiellement durant les années 60-70, apportant ainsi un petit plus de réalisme. D'ailleurs, la photographie est très sympa, sobre mais travaillée, surtout au niveau de la colorimétrie faisant ressentir l'ambiance de chaque lieu rencontré. Ce qui n'empêche pas le tout d'être bien rythmé, élément assez rare dans le genre qui mérite d'être signalé, pourtant parsemé de scènes de dialogue. D'autre part ce rythme relativement posé rentre en tension avec le fameux jump-cut, un style qui sera plus présent par la suite, qui marque ici l'inhumaine machine de la CIA, comme l'était la NSA dans le film précédent. Enfin l'ensemble de la BO est pas mal du tout, alternant tension et ambiances diverses aux 4 coins du monde.

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Tout juste dans la "bonne moyenne" des films de Scott, qui se suit agréablement avant tout par le petit jeu d'embrouille entrepris par Redford, et la relation père-fils des deux agents, malgré une romance bancale et un peu trop envahissante dans la seconde partie.
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Candyman - 8,5/10

Messagepar Dunandan » Ven 23 Nov 2012, 13:09

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Candyman, Bernard Rose (1992)

Ne l'ayant pas revu depuis mon adolescence, quelle redécouverte ! Un personnage et une histoire mythiques à ranger d'urgence à côté des meilleurs Halloween ou Freddy. Mais par l'atmosphère créée et les thématiques abordées, je pense davantage aux romans de Stephen King, et particulièrement à ça, ce monstre tout droit sorti de nos peurs enfantines et nos sombres placards. Le casting et le réalisateur sont vraiment peu connus et trouvent ici certainement leur meilleur prestation à jamais. Seul le compositeur est plus fameux, ayant notamment participé à la bande musicale Koyaanisqatsi, et contribue largement à l'aura mystique qui entoure ce film, qui dépasse selon moi le cadre du simple exercice du genre.

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L'une des grandes forces du film est d'abord son économie des moyens, qui à l'instar d' Alien ménage ses effets pour mieux nous surprendre. L'introduction lance le ton, avec ce fameux plan aérien couvrant la ville, soutenu par cette magnifique bande-sonore à la résonance gothique, investissant le réel d'une fort part de fantastique. Mais après un bref aperçu des horreurs commises par Candyman, introduit notamment par sa voix hypnotisante d'outre-tombe, ne persiste que le mystère de son existence laissée à l'état de rumeur, laissant pour le moment la place au quotidien banal et à la présentation des personnages. Un début digne d'un Carpenter.

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Ensuite le film fournit un tissu symbolique extrêmement riche. En effet, sur le postulat de mettre à nu cette légende urbaine masquant peut-être un véritable tueur, le film dévoile progressivement plusieurs couches successives subtilement entrelacées : le spectre d'une croyance quasi religieuse de son existence (doute, peur, désir), le cycle de la superstition qui lui est liée, ou encore les préjugés portant sur la population noire et sa géthorisation. Le personnage de Candyman fait miroiter des choses différentes selon les différentes personnes qui l'évoquent. Paravent des horreurs perpétrées dans ces bas-quartiers dont les habitants rêvent d'être débarrassé, représentant d'un peuple méprisé pour les autres pour avoir osé se mélanger à ses "maîtres blancs", et enfin mauvaise conscience pour ces bien nantis que sont par exemple ces deux universitaires à la recherche de la vérité. Dès le début, une forte allusion biblique vient se greffer à lui, celle du sang et du rachat, qui recouvre tant la question de foi que celle d'une lutte de classes.

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Enfin la mise en scène. Elle met bien en valeur le côté coupe-gorge et délabré de cette Cité, personnage à part entière du film. Et chacune des apparitions du Boogeyman est saisissante, soignée, toujours à la limite du réel et de l'imaginaire, entre onirisme et cauchemar baroque. Les graffitis qui peuplent son repaire rajoutent fortement au mystère, sans lesquels le film aurait été complètement différent. L'incrustation du fantastique est à la fois simple et efficace, investi chez la femme à coups de flashs rendant la limite entre réel et fantasme bien difficile à distinguer. Comme Freddy il se nourrit de l'horreur qu'il suscite et interfère ainsi dans les rêves des gens pour les attirer dans ses filets, sauf que ce qui le distingue est son charisme irrésistible. Il ne se contente pas de tuer ses victimes, mais les horreurs qu'il commet proviennent uniquement de la force de crédulité de sa victime. Ce qui confère au film une forme magnétique, agissant au plus profond de notre subconscient, et faisant surgir contre toute-attente une romance torturée et impossible à la manière de la Belle et la Bête, belle, terrible, et attirante comme la mort. Enfin, en une grandiose scène finale, est focalisée toute la haine et la peur que suscite leur existence pour cette population défavorisée qui emploie les grands moyens pour y mettre fin.

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Tant dans son fond que dans sa forme il a tout d'un classique, surtout grâce à la qualité baroque de son atmosphère et à la densité symbolique de son personnage absolument inoubliable.
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Messagepar Scalp » Ven 23 Nov 2012, 13:17

Le meilleur film d'horreur des 90's.
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Messagepar Mark Chopper » Ven 23 Nov 2012, 13:22

Après L'antre de la folie.
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Messagepar Dunandan » Ven 23 Nov 2012, 13:25

Et puis voilà la réput' moyenne qu'il se tape (notamment sur deux sites que je ne nommerai pas).

Moi j'étais à fond avec mon casque sur les oreilles pour l'ambiance :mrgreen:.

Et Darkman c'est du même niveau ? Je pense l'avoir vu mais j'ai complètement oublié.

@ Mark : Ah ouais l'antre de la folie c'est très bon, faudrait que je le revois aussi.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Scalp » Ven 23 Nov 2012, 13:26

Me semblait que j'oubliais un film en affirmant ça, bon alors top 3 des 90's et là je suis sur que personne ne pourra contredire :mrgreen:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Logan » Ven 23 Nov 2012, 13:35

Moi mon top 3 90's ce serait:

Vorace, Scream et Candyman.


(toi je sais t'aimes bien Dellamorte dellamore et je pense que tu mets vorace devant Candyman non? Pas sur que ce soit top 3 donc candyman :eheh: )
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Mark Chopper » Ven 23 Nov 2012, 13:36

Darkman c'est top 3 Sam Raimi.

Mais je ne le vois pas comme un film d'horreur.
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Messagepar Dunandan » Ven 23 Nov 2012, 13:39

Plus comme fantastique alors ? Je cherche en fait d'autres bons films d'horreur des années 90 mais je crains avoir vu les meilleurs (il n'y en a pas tant que ça en fait) :mrgreen:
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Messagepar Scalp » Ven 23 Nov 2012, 13:43

Logan a écrit:Moi mon top 3 90's ce serait:

Vorace, Scream et Candyman.


(toi je sais t'aimes bien Dellamorte dellamore et je pense que tu mets vorace devant Candyman non? Pas sur que ce soit top 3 donc candyman :eheh: )


Vorace c'est hybride, du coup hop ça rentre pas dans la classification.

Et oui Darkman c'est top 3 Raimi.
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Messagepar Mark Chopper » Ven 23 Nov 2012, 14:45

dunandan a écrit:Plus comme fantastique alors ? Je cherche en fait d'autres bons films d'horreur des années 90 mais je crains avoir vu les meilleurs (il n'y en a pas tant que ça en fait) :mrgreen:


Plus comme film de super-héros.

Mais bon film de super-héros, sans rapport avec tout ce qui se fait depuis les Spider-man et autres X-Men.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar angel.heart » Ven 23 Nov 2012, 15:54

Clair que c'est le haut du panier du film d'horreur des 90's.

Dans mon top 5 :mrgreen: ( aux cotés de L'antre de la folie, Body snatchers, Dellamorte dellamore et Braindead ).
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Ven 23 Nov 2012, 17:49

Bon voilà me reste à voir le Ferrara, le seul que je n'ai pas vu.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Count Dooku » Ven 23 Nov 2012, 18:27

Dans les films d'horreur '90 il y a L’Échelle de Jacob qui est très bien aussi.
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Fan (Le) - 7/10

Messagepar Dunandan » Ven 23 Nov 2012, 19:19

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Le fan, Tony Scott (1996)

Encore une bonne surprise de la part de Scott, qui montre qu'il est aussi à l'aise dans le genre sportif. Mais nul besoin d'être fan de ce sport pour l'apprécier tant son message touche au sens large. Le vrai sujet sont le perfectionnisme et l'idolâtrie aveugles, empruntant le sport comme plate-forme universelle. On revient vers certaines thématiques déjà traitées dans Top Gun et surtout Jours de tonnerre, en proposant un divertissement encore plus efficace et jouissif. Nul besoin de connaître les règles pour admirer l'esthétique générale du jeu, son intensité, et aussi son hystérie. Un poème visuel, mais aussi narratif au début avec un superbe texte rythmé en images d'archive, qui met en bouche l'amour du réalisateur pour ce sport. Impossible non plus de s'ennuyer tellement le rythme est bien géré, où l'on reconnaît la gestion des actions simultanées de Scott, donnant un travail similaire à celui de Any given sunday. Bref, les vrais fans comme les néophytes seront comblés.

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Mais ce qui rend ce film si particulier, c'est le montage alterné de deux existences, une super-star de base-ball arrogant à la réputation mitigée, et un super-fan marchand de couteaux plaçant sa famille et son job derrière sa passion du jeu. Un bon petit duel de personnages comme dans USS Alabama. Deux vies bouffées non seulement par une éthique du perfectionnisme qui ruine tout ce qui importe véritablement, mais aussi par une pressurisation sociale bien présente, jusqu'à un climax où cette valeur persiste ou s'inverse. Le fan hardcore en prend plein la gueule : Le problème avec eux, c'est qu'ils adorent le joueur quand il tape la balle, et lui crachent dessus lorsqu'il perd, mais pourtant il s'agit de la même personne. Le désenchantement d'un sport qui est rendu à sa condition initiale, un jeu comme un autre, inacceptable pour le fan qui n'a rien d'autre dans sa vie. Pour ceux qui douteraient de Wesley Snipes, son visage est enfin capable d'expression, se montrant cabotin quand il doit faire la star, ou sensible aux moments-clé. Robert de Niro est égal à lui-même, ayant la classe même en vendant des crans d'arrêt, et fait bien le taré à la manière des Nerfs à vif derrière les tribunes ou avec ses proches. En revanche le deuxième joueur du club qui vole la vedette (Benicio Del Toro) n'existe presque pas, réduit à un simple déclencheur des tournures à suivre. Mais on ne peut reprocher au film de perdre le fil qui se focalise surtout sur ces deux personnages.

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Malgré toutes ces qualités, il est regrettable qu'on mette trop l'emphase sur l'aspect caractériel du personnage de De Niro (même si on a droit à quelques scènes rigolotes comme le fameux lancer de couteau qui rate un juif de peu), jusqu'à un point de non-retour qui oppose trop facilement les deux personnages, ne laissant plus aucune surprise au spectateur. Sans cette fin manquant de subtilité, j'aurais mis un peu plus. Néanmoins jamais on a l'impression que Scott se positionne complètement par rapport au fan : il en critique les excès, et tout particulièrement l'inadéquation vie-perfection, mais aussi sait très bien exprimer à quel point le joueur et le fan sont liés de manière essentielle. Après Revenge et Déjà vu, encore un film à réhabiliter d'urgence, autant un divertissement pur qu'une vision d'auteur !

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Un bon film sur le sport, le base-ball, le fan et le joueur mais plus largement sur l'inadéquation perfection-vie. Ce qui nous prouve encore que Scott était un pro dans le divertissement tout en imprimant un message fort derrière sans jamais plomber l'action.
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