[Alegas] Mes Critiques en 2012

[Alegas]

Eva de Kike Maillo

(2011)

Bien mais vraiment sans plus. Il faut dire qu'une production espagnole avec un tel sujet avait forcément de quoi susciter la curiosité et une certaine attente. A l'arrivée, on se retrouve finalement avec un joli petit film dont la force et la faiblesse est de ne jamais chercher à en faire trop dans son traitement et sa forme. Se déroulant dans un futur proche où l'entité robotique accompagne l'être humain dans sa vie de tout les jours, le script d'Eva se rapproche sur de nombreux points à celui du A.I. De Steven Spielberg, et notamment dans cette approche particulière où l'on cherche à analyser ce qui différencie l'homme du robot. Néanmoins, on prend ici un point de vue humain, via un jeune expert en robotique qui retourne dans sa contrée natale et qui se voit confier la suite d'un de ses anciens travaux, celui de construire le premier enfant robot authentique. Pour cela, il a besoin d'un modèle, qu'il trouve en la personne d'Eva, et c'est véritablement la relation entre ses deux personnages qui va permettre au film de lancer ses thématiques les plus brillantes. Pourtant, et malgré cette note d'intention pour le moins ambitieuse, le script peine tout de même à tenir ses promesses, et notamment à cause de la courte durée du film qui fait que chaque thématique abordée est expédiée assez rapidement (ce qui rend donc le tout un peu vain quand on a en tête le film de Spielberg qui allait au bout de ce qu'il racontait).

Alors oui, cela permet au métrage d'être concis et de ne pas avoir de séquences inutiles, mais il est franchement dommage de voir que la relation entre les deux frères se limite à trois courtes scènes, que les souvenirs du passé sont vite oubliés et surtout que l'émotion, à cause de ces défauts, ne fonctionne pas autant qu'elle aurait pu. Enfin, force est de constater que cette absence de densité permet au spectateur d'avoir toujours une longueur d'avance sur l'histoire, et les trois gros retournements de situation du film (dont un est directement montré dès le début du film sans raison) sont donc franchement bien prévisibles. Heureusement, le film se rattrape sur de nombreux autres points, notamment ses personnages attachants malgré des psychologies sommaires (le robot de maison est assez représentatif de ça, on est heureux de le voir apparaître lors de ses scènes, mais il n'apporte jamais grand chose au récit), son émotion qui gagne en intensité lors d'un final assez troublant et son casting solide (Daniel Brühl, Marta Etura AKA la girl next door de Mientras Duermes et surtout la prometteuse Claudia Vega). En terme de mise en scène, c'est plutôt du bon travail pour un premier film même s'il n'y a pas grand chose à retenir. Enfin, les CGI sont vraiment corrects pour une production à 7 millions. Un petit film sympathique qui ne tient pas toutes ses promesses, mais qui a le mérite de proposer quelque chose de différent dans le paysage cinématographique européen. Et les nombreuses nominations aux Goya prouvent encore une fois le très bon goût des espagnols pour le cinéma de genre.

NOTE : 6/10

[Alegas]

Centurion de Neil Marshall

(2010)

Énorme déception devant ce film auquel je continuais à croire malgré l'impression globale qu'il a laissé depuis sa sortie. Forcément, quand l'un des meilleurs espoirs du cinéma de genre anglais (Neil Marshall, qui ne m'avait jamais déçu jusque là avec un The Descent génialissime et un Doomsday qui rattrapait ses défauts par une note d'intention cinéphilie tenue à la lettre) s'attaque au péplum en le revisitant à la sauce survival à petit budget, ça crée forcément des attentes énormes. Et si Centurion est loin d'être ce qu'on a vu de pire ces dernières années, force est de constater qu'on y retrouve pas la rigueur des précédentes œuvres de Marshall. Dès l'introduction à base de shaky-cam et de sang numérique rouge vif, le film surprend de manière très négative, mais c'est véritablement le scénario trop peu étoffé qui va signer l'arrêt de mort du film. Car autant dans un film d'aventure pur les facilités scénaristiques ne sont pas forcément gênants, autant dans un survival qui se veut le plus réaliste possible dans son traitement de la narration cela se voit comme le nez au milieu de la figure. Et le budget peu élevé du métrage renforce réellement cette vision, avec des personnages ultra-simplistes et dont certains actes sont totalement incompréhensibles (pourquoi le traître menace Fassbender devant le Mur ? Pourquoi envoyer à peine une dizaine d'hommes pour rattraper ceux qui ont tués ni plus ni moins que le fils du chef?), des choix franchement douteux quand on voit le traitement (la love-story) et des situations qui veulent créer de l'ampleur mais qui sont finalement plus ridicules qu'autre chose (et à ce niveau là, le climax dans le camp c'est du lourd).

La seule séquence du film véritablement réussie de bout en bout se révèle être la bataille, une scène qui jouit d'un travail très appréciable sur l'ambiance. Quand à la partie survival, c'est très light, on a souvent vu la même chose ailleurs en beaucoup mieux. Heureusement, la réalisation de Marshall permet de sauver les meubles, avec des plans aériens de toute beauté et un montage plutôt efficace, idem pour le casting qui, hormis le personnages du traître, assure vraiment, Fassbender en tête. Bref, en l'état Centurion paraît vraiment comme un film qui a les yeux plus gros que le ventre sur tout les points (même le propos très proche de Doomsday sur les frontières humaines est très peu exploité). Et puisqu'il faut forcément faire la comparaison, je continue à préférer largement The Eagle qui avait au moins le mérite de ne pas chercher à faire plus que ce qu'il ne pouvait faire, et je préfère surtout Black Death qui reste à mes yeux ce qu'on peut faire de mieux en film d'époque barbare à petit budget. Néanmoins, j'espère vraiment que Marshall saura rebondir après ce film.

NOTE : 5/10

[Alegas]

Prizzi's Honnor (L'Honneur des Prizzi) de John Huston

(1985)

C'est pas bien. On démarre sur une sorte de comédie romantique sur ambiance mafieuse italienne pour finir sur du film d'arnaque. L'idée est pas mauvaise en soi mais c'est vraiment pas bien traité. La volonté de désacraliser cette image de la mafia qu'avait instauré The Godfather est trop marquée pour être véritablement bien faite, et puis surtout c'est beaucoup trop long pour ce que ça raconte, le film fait 2H15 alors qu'il aurait facilement pu durer 45 minutes de moins. C'est d'autant plus dommage que le duo Nicholson/Turner fonctionne plutôt bien et que l'intrigue se suit sans déplaisir, mais là encore tout se voit trop venir à l'avance. La mise en scène de Huston, je n'en parle même pas tellement c'est anecdotique. A éviter.

NOTE : 3,5/10

[Alegas]

Argo de Ben Affleck

(2012)

Un bon petit film que voilà. Ben Affleck prouve indéniablement qu'il gagne en maturité en tant que réalisateur avec ce troisième film que beaucoup de personnes peuvent lui envier. Alors certes, on est toujours pas en face d'un grand film, mais en l'état on s'en fiche un peu tant le fait d'avoir un tel film de la part de quelqu'un comme Affleck est déjà assez extraordinaire en soi. D'après une histoire vraie sur une opération secrète américaine improbable pour sauver six otages dans un Iran déchaîné, Affleck livre là un véritable thriller 70's aussi bien dans le visuel que dans l'esprit. Le script, toujours captivant, a néanmoins le défaut de se suffire un peu trop à son récit.

Ainsi, la meilleure partie du métrage se révèle clairement être tout le passage à Hollywood, un passage délicieusement satirique sur l'industrie cinématographique qui s'inscrit à merveille dans le contexte présenté. Quand au reste, et malgré toute l'efficacité indéniable du métrage, il y a véritablement cette approche trop directe qui fait véritablement défaut au film dans sa globalité, et c'est d'autant plus frappant lors du final qui, à cause du manque de nuances dans le récit (pourquoi ne pas approfondir le lien entre les otages, la relation entre le personnage d'Affleck et sa famille?), plonge carrément dans l'autosatisfaction nationale et personnelle. Difficile de dire si c'était là une volonté d'Affleck, mais quoi qu'il en soit, cette dernière image de famille recomposée sur fond de drapeau flottant au vent a vraiment de quoi décevoir tant cela dénote avec tout ce qu'on avait pu voir auparavant. De plus, Affleck fait l'erreur d'aller trop loin dans la démonstration et se répète donc finalement dans des séquences d'oppression iranienne (excellente scène de la voiture qui doit traverser le cortège, une situation de stress répétée pas moins de cinq minutes plus tard avec la séquence du Bazar). Enfin, il est dommage de constater qu'Affleck cède un peu trop souvent à la facilité. Là où il est capable de créer de la tension pure et efficace, on se demande réellement pourquoi il décide d'en rajouter sans cesse, allant jusqu'à utiliser des situations déjà vues mille fois (le téléphone auquel on répond au dernier moment, les voitures poursuivant l'avion, le passage où Goodman et Arkin doivent passer le plateau, etc...) pour finalement créer du faux suspense qui empêche véritablement le film de s'imposer.

C'est d'autant plus étonnant que la mise en scène tient vraiment la route malgré ses parti-pris audacieux (caméra portée, zooms fréquents, etc...) et arrive clairement à créer un climat de tension assez étonnant, que ce soit lors d'une séquence de siège ou bien lors de simples déambulations dans le quartier général de la CIA. Mais s'il y a bien une chose sur lequel Argo est inattaquable, c'est bien entendu sur son casting qui est certainement l'un des plus impressionnants de cette année avec Tinker Tailor Soldier Spy. Alors oui, on pourra toujours reprocher à Affleck de se choisir le beau rôle, mais son personnage fonctionne et même s'il n'est toujours pas devenu un grand acteur force est de constater qu'il s'étoffe avec les années. Mais le lourd vient évidemment des seconds rôles, mentions spéciales à Alan Arkin impressionnant et Bryan Cranston qui prouve une énième fois qu'il mérite des premiers rôles à foison. Bref, si Argo n'est clairement pas, à l'instar de The Town qui partageait plus ou moins les mêmes défauts, un grand film, il a néanmoins le mérite de prouver que Ben Affleck s'impose de film en film. A titre personnel, j'attends avec curiosité son adaptation de Stephen King.

NOTE : 7/10

[Dunandan]

J'ai lu en diagonale pour ne pas me spoiler même si c'est rare que tu le fasses, mais les gimmicks que tu relèves ressemblent fortement à ceux de The Town (exemple : l'inspecteur qui hausse la voix soit-disant parce que personne n'a entendu qu'on leur donnait un ordre), mais je me laisserai tenter quand même ...

[Mark Chopper]

Approfondir les relations entre Affleck et sa famille aurait été, à mon sens, une belle erreur : inutile d'en faire des tonnes ou de surligner au gros marqueur le fait que son mariage traverse une mauvaise passe.

Non : un coup de fil à son gosse et un bref échange entre Affleck et Alan Arkin, qui doit beaucoup aux silences, suffit pour nous le faire comprendre et donner de l'épaisseur à ce personnage.

Ce n'est pas le coeur du film. En faire plus serait revenu à avoir recours à ces foutus violons hollywoodiens.

[Scalp]

Non mais cherche pas c'est Alegas ça, il aime bien les tits n'enfant qui serve à rien.

[Alegas]

Sinister de Scott Derrickson

(2012)

Une bonne petite surprise d'un film sur lequel je n'avais aucune attente, notamment à cause du fait que Scott Derrickson soit au poste de réalisateur, lui qui avait offert au monde certainement l'un des pires films de la décennie précédente avec son remake du Jour où la terre s'arrêta. Du coup, je suis plutôt surpris de voir que ce Sinister est finalement très honnête dans son approche. On a l'impression de voir un récit de Stephen King dans une ambiance d'horreur old-school à la Insidious, le tout avec un concept proche de celui du Ring de Hideo Nakata. La grosse surprise du récit, c'est vraiment cette faculté du métrage qui arrive à faire douter de l'arrivée du fantastique durant la première heure, ainsi que ce personnage d'écrivain vraiment intéressant et auquel on s'identifie plutôt bien, au point que les doutes lancés en milieu de film (alcoolisme, paranoïa) ont vraiment de quoi déstabiliser sur la nature même du personnage.

C'est donc un peu trop regrettable de voir à quel point Sinister grille trop vite ses cartouches durant sa dernière partie, au point de surligner son propos et de lancer quelques séquences délivrant des informations que l'on connaît déjà, néanmoins on saura apprécier à sa juste valeur ce final qui va jusqu'au bout de l'idée de base. Encore plu surprenant, les meilleures passages du film se révèlent être les séquences de found-footage, et donc ces fameux passages en Super 8 qui sont de très très loin ce que j'ai pu voir de plus glauque sur un écran de cinéma ces dernières années (le coup de la piscine et celui de la tondeuse c'est vraiment des images qui restent en tête très longtemps), le tout aidé par le genre de bande-son à éviter d'écouter seul dans le noir. A ce niveau là, Sinister réussit totalement son pari et évite clairement d'être un énième produit d'horreur consensuel pour ados en manque de sensations fortes. Alors certes, on pourra toujours reproches quelques jump-scares faciles, mais le film est tellement réussi en terme de montage et de réalisation (les déambulations nocturnes) qu'il arrive à faire oublier un manque d'originalité évident dans la seconde partie (des enfants fantômes, encore une fois...). Au centre de ce film d'épouvante qui rencontrerais un thriller de Stephen King, Ethan Hawke se fait pardonner ces dernières maigres années avec un personnage vraiment intéressant et convaincant. De loin le meilleur film du genre dans cette année avare qu'est 2012.

NOTE : 6,5/10

[Jimmy Two Times]

Sur Argo : cracher sur le patriotisme ricain, ça se comprend quand t'as moins de 20 ans et que tu vis dans la rébellion, après...on peut aussi voir ça comme une exaltation de l’héroïsme. Evidemment, les excès sont toujours aussi gerbants mais à petite dose, comme c'est le cas ici, je ne vois plus ça comme un défaut. C'est juste légitime.

[Heatmann]

tres belle celle la Jimmy t'as bien cerner alegas , c'est comme sont aversion dans les film de gueurre ou un Rangers ou GI part dans des ebat patriotique ou heroique , tout de suite alegas vient chier sur l'armer et ces valeur , il est encore jeune et rebel , c'est un phase

[Scalp]

Chez beaucoup de monde, un drapeau ricain = film patriotique.

[Mark Chopper]

Chez beaucoup de monde, conclure un film par un discours de président = film patriotique.

[Scalp]

C'est un fait historique, ça se termine donc sur l'avis d'un des principaux intéressé, j'y vois rien de patriotique.

[Mark Chopper]

Le Président est le père de la nation : conclure par sa parole est un symbole fort de patriotisme.

Le générique aurait été plus fort avec les seules photos des acteurs / des vrais personnages, sans ce discours à la noix.

Et Carter ne m'a pas semblé être le personnage principal de cette histoire...

[Scalp]

Non mais le fait de ne pas révéler cette mission réussit lui a surement couter sa réelection puisqu'on retiendra que l'autre fiasco, franchement j'y vois plus un document historique qu'autre chose et vu que les ricains sont con, un peu d'histoire ça leur fait pas de mal.