Eva de Kike Maillo
(2011)
Bien mais vraiment sans plus. Il faut dire qu'une production espagnole avec un tel sujet avait forcément de quoi susciter la curiosité et une certaine attente. A l'arrivée, on se retrouve finalement avec un joli petit film dont la force et la faiblesse est de ne jamais chercher à en faire trop dans son traitement et sa forme. Se déroulant dans un futur proche où l'entité robotique accompagne l'être humain dans sa vie de tout les jours, le script d'Eva se rapproche sur de nombreux points à celui du A.I. De Steven Spielberg, et notamment dans cette approche particulière où l'on cherche à analyser ce qui différencie l'homme du robot. Néanmoins, on prend ici un point de vue humain, via un jeune expert en robotique qui retourne dans sa contrée natale et qui se voit confier la suite d'un de ses anciens travaux, celui de construire le premier enfant robot authentique. Pour cela, il a besoin d'un modèle, qu'il trouve en la personne d'Eva, et c'est véritablement la relation entre ses deux personnages qui va permettre au film de lancer ses thématiques les plus brillantes. Pourtant, et malgré cette note d'intention pour le moins ambitieuse, le script peine tout de même à tenir ses promesses, et notamment à cause de la courte durée du film qui fait que chaque thématique abordée est expédiée assez rapidement (ce qui rend donc le tout un peu vain quand on a en tête le film de Spielberg qui allait au bout de ce qu'il racontait).
Alors oui, cela permet au métrage d'être concis et de ne pas avoir de séquences inutiles, mais il est franchement dommage de voir que la relation entre les deux frères se limite à trois courtes scènes, que les souvenirs du passé sont vite oubliés et surtout que l'émotion, à cause de ces défauts, ne fonctionne pas autant qu'elle aurait pu. Enfin, force est de constater que cette absence de densité permet au spectateur d'avoir toujours une longueur d'avance sur l'histoire, et les trois gros retournements de situation du film (dont un est directement montré dès le début du film sans raison) sont donc franchement bien prévisibles. Heureusement, le film se rattrape sur de nombreux autres points, notamment ses personnages attachants malgré des psychologies sommaires (le robot de maison est assez représentatif de ça, on est heureux de le voir apparaître lors de ses scènes, mais il n'apporte jamais grand chose au récit), son émotion qui gagne en intensité lors d'un final assez troublant et son casting solide (Daniel Brühl, Marta Etura AKA la girl next door de Mientras Duermes et surtout la prometteuse Claudia Vega). En terme de mise en scène, c'est plutôt du bon travail pour un premier film même s'il n'y a pas grand chose à retenir. Enfin, les CGI sont vraiment corrects pour une production à 7 millions. Un petit film sympathique qui ne tient pas toutes ses promesses, mais qui a le mérite de proposer quelque chose de différent dans le paysage cinématographique européen. Et les nombreuses nominations aux Goya prouvent encore une fois le très bon goût des espagnols pour le cinéma de genre.
NOTE : 6/10